En 2006, débarquait dans les bacs le sixième album studio des Texans de SOLITUDE AETURNUS, "Alone". Un sixième album qui s'est quand même fait attendre pendant 8 longues années. Snif, putain, 8 longues années.... Une éternité en fait.
Mais pendant cette interminable période (entre les 2 albums "Adagio" et "Alone"), certains membres du groupe n'ont pas chômé (enfin si, un peu quand même) puisque est né CONCEPT OF GOD, un projet solo fondé par le charismatique Robert Lowe, chanteur de SOLITUDE AETURNUS et aujourd'hui aussi de CANDLEMASS.
Petite escapade musicale donc, pour le vocaliste américain (le bonhomme n'en est pourtant pas à sa première équipée, puisqu'en 1997 il avait chanté sur l'album du groupe LAST CHAPTER, "The living waters"), mais petite escapade en terrain connu. En effet, pour l'élaboration du premier album de CONCEPT OF GOD (y en aura t-il d'autres d'ailleurs? rien n'est moins sur!), premier album intitulé "Visions" (galette enregistrée entre décembre 2000 et janvier 2001), Robert Lowe s'est entouré de musiciens et proches tels Steve Moseley à la guitare (SOLITUDE AETURNUS), James Martin à la basse (SOLITUDE AETURNUS) ou encore John Covington à la batterie (ex-SOLITUDE AETURNUS). Autant dire que ce line-up ressemble fortement à un line-up de SOLITUDE AETURNUS amputé de son leader et guitariste John Perez.

Pouvions-nous donc, à l'écoute de ce "Visions", nous attendre à quelque chose de foncièrement différent de SOLITUDE AETURNUS sur le plan musical. Nous pouvions sérieusement en douter non? Et nous n'avions absolument pas tort de le faire puisque je l'affirme haut et fort, la musique de CONCEPT OF GOD s'inscrit tout simplement et quasiment dans la lignée de ce que joue la bande de John Perez (on se demandera d'ailleurs quel est le réel intérêt d'un tel "side project" musicalement parlant! Si ce n'est, peut-être, de rassasier les fans de SOLITUDE AETURNUS).
Au programme, pas de surprise donc (ou trop peu), on a affaire à un Heavy Doom puissant (l'album disposant qui plus est d'une très bonne production), lourd (écoutez moi ces riffs et guitares sur "Fires of life"), parfois lent ("Visions (Nightmare)" par exemple), parfois direct ("Past perfect"), souvent agrémenté de superbes soli ("Traces", "Fires of life", "Visions (Nightmare)") et surtout emmené par un Robert Lowe au chant toujours aussi lancinant et éloquent. Un chant magistral qui comme de coutume flirte parfois avec le lyrisme et apporte incontestablement aux compositions cette saveur si particulière, ce voile si sombre et parfois cette atmosphère un tantinet hypnotique ("Unspoken").

Les fans de SOLITUDE AETURNUS ne seront donc nullement dépaysés par ce "Visions" tant les compositions semblent toutes droit sorties d'une session d'enregistrement du groupe d'Arlington. Des compositions qui rappelleront néanmoins et davantage l'époque de "Through the darkest hour" (1994) pour le coté heavy prononcé de la chose (cependant moins varié, entendez par là, moins d'intermèdes atmosphériques) voire de "Downfall" (1996) album un tantinet plus expérimental. Une époque, il faut bien le reconnaître moins intéressante et un brin moins bonne qualitativement parlant si on la compare au point culminant de la discographie du groupe: j'ai nommé "Beyond the crimson horizon" (1992).
"Visions" n'est par conséquent pas aussi raffiné, aussi classieux et est nullement épique comme peuvent l'être "Beyond the crimson horizon" ou encore plus récemment l'excellent "Alone". "Visions" se situe quand même quelques crans en dessous de ces 2 albums et se place d'un point de vue qualitatif tout juste au niveau de "Through the darkest hour". A quelque chose près...ouais, enfin pas tout à fait quand même. Aucun titre sur "Visions" n'atteint par exemple la qualité et l'intensité d'un titre comme "The 9th day : Awakening", véritable morceau de bravoure de Heavy Doom metal.

"Visions" est un album qui ne nous transporte pas, ne nous subjugue pas. Il n'est ni plus ni moins qu'un album de Heavy Doom, solide, mais assurément trop classique et qui finalement ne possède pas la classe ou la magie de "Alone" ou de "Beyond the crimson Horizon".
Il n'en demeure pas moins que cet album possède de très bons titres ("Past perfect", "Traces", ou encore l'excellent "Fires of life") qui réussissent à nous faire oublier les quelques légers points faibles (le groovy "Soul embrace" ou l'inquiétant "Visions (Nightmares)", morceaux un tantinet ennuyants) de l'album. On soulignera enfin la reprise de "Man on the silver Mountain" de RAINBOW, reprise très réussie et fidèle à l'originale, laquelle vient clore avec brio cet album.

"Visions" est au final un bon album, exécuté par d'excellents musiciens, mais n'est pas non plus transcendant. Il n'en demeure pas moins qu'il saura à n'en point douter ravir les fans inconditionnels de SOLITUDE AETURNUS voire ceux de CANDLEMASS.

Titres préférés : "Past perfect", "Traces", "Fires of life".