Et si je vous parlais un peu de la scène Doom Metal et de ses quelques groupes phare… Je vous citerai sans aucun doute PENTAGRAM bien évidemment, TROUBLE et son album "Psalm 9", CANDLEMASS bien sûr avec en point de mire le fameux, le monumental, le magnifique, la référence, j’ai nommé "Epicus Doomicus Metallicus" (le titre de cet album parle d'ailleurs de lui-même), ou encore SAINT VITUS et son album éponyme qui compte parmi les albums fondateurs de la mouvance Doom (1984). Groupes auxquels on pourra légitimement rajouter les Américains de SOLITUDE AETURNUS (rappelez-vous du superbe "Beyond The Crimson Horizon" entre autres) mais également COUNT RAVEN dont il est question aujourd’hui et qui à l’heure où j’écris ces quelques lignes n’est même pas encore présent sur les colonnes de Nightfall. Sacrilège ! Scandale ! Il est donc grand temps de réparer cette grandissime anomalie et injustice.

Si je vous parle des Suédois de COUNT RAVEN c’est tout simplement parce qu’il fait partie des groupes qu’on n’oublie pas puisque géniteur de quelques albums de qualité ("Storm Warning", "Destruction Of The Void") dont un d’anthologie quand même : "High On Infinity". Ce dernier débarque dans les bacs en 1993 (sous le label HELLBOUND Records) et fait tout simplement figure de monument du Doom Metal. C’est sans conteste le meilleur opus du combo suédois (à mes yeux en tout cas) et probablement un des meilleurs albums de Doom de tous les temps. Il faut dire que du long de ses 67 minutes et quelques ce "High On Infinity", massif dans tous les sens du terme et absolument fabuleux nous embrase littéralement fort de titres Heavy Doom complètement époustouflants qui s’inspirent d’ailleurs logiquement et grandement d’un BLACK SABBATH du début des années 70.

Déjà il y a ces vocalises il faut dire. Le chant de Dan « Fodde » Fondelius qui occupait déjà le micro sur l’album précédent "Destruction Of The Void" (en remplacement de Christian Linderson parti chez SAINT VITUS) est puissant, captivant, hypnotique, charismatique aussi et apparaît largement comme un clone vocal de Ozzy Osbourne tant la ressemblance avec le Madman est même carrément hallucinante. Si la comparaison avec BLACK SABBATH est ici inévitable, ne vous méprenez pas et ne pensez pas que les Suédois soient de vilains copieurs, loin de là, vous risqueriez de passer vraiment à côté d’un album tout bonnement énorme.

Car "High On Infinity" l’est assurément. Énorme. Fascinant. Fracassant même à l’image de ces toutes premières secondes qui posent les bases de l’album. La batterie puissante de Christer Petterson avec un son de caisse claire absolument monumental qui résonne littéralement jusqu'au plus profond de votre tête pour ne plus vous lâcher, puis ces guitares lourdes, menaçantes, écrasantes qui annoncent la couleur. Quel son ! Il est pachydermique (rien à voir avec l’album précédent). La machine est d’ores et déjà en route et nous livre là certainement un des meilleurs morceaux de Doom Metal de tous les temps avec "Jen". Titre imperturbable, de plus de 6 minutes, rythmique implacable, "Jen" est une pièce maîtresse absolument lancinante, envoûtante et aux riffs complètement entêtants. Du grand art ! D’entrée, COUNT RAVEN frappe fort, très fort et semble décidé à tout écraser sur son passage.

La suite de la galette nous enchantera tout autant puisque les Suédois enchaînent avec des titres absolument imparables, plutôt variés dans l'ensemble à l’image de l’excellent et sombre "Children’s Holocaust" (quelle intro !), morceau abordant le thème de la pédophilie et de l’avortement (thème plutôt inhabituel pour le genre), doté de belles variations ponctuées d’un magistral «Fuck You», "In Honour" agrémenté de sublimes et atypiques soli, du solide "The Madman From Waco" (le sujet est d’actualité à l’époque puisque les membres de la secte religieuse de David Koresh périrent au Texas cette année-là sous les assauts du FBI) ou encore de ce "Masters Of All Evil" atmosphérique qui utilise de subtiles lignes de claviers. On retiendra également parmi les titres les plus rythmés de l’album, "High On Infinity" avec quelques très beaux soli bien sentis, et l’addictif "Traitor" aussi obsédant qu’efficace (putain ces riffs, quel bonheur !) avec une intro magistrale à la basse agrémentée de la voix plaintive de l’ami Fondelius et quelques accélérations rythmiques du plus bel effet sur la fin. Assurément un des meilleurs morceaux de la galette.

Et puisque COUNT RAVEN nous avait déjà habitués à quelques atmosphères et ambiances sur les albums précédents (parfois proches d’un CELTIC FROST d’ailleurs), les Suédois n’hésitent pas à remettre le couvert ici en nous positionnant judicieusement sur la galette quelques morceaux type interludes, plutôt originaux voire même décalés ("Cosmos"), lesquels confèrent d'ailleurs à l’album un univers particulier à la fois sombre, malsain (dans le registre "Ode To Rebecca" - presque 3 minutes quand même - ferait presque froid dans le dos avec ces quelques claviers et ce chant parlé, presque habité de Dan Fondelius, "The Dance" plus court est lui aussi inquiétant avec ces lignes de claviers plutôt inhospitalières) voire également mystique pour ne pas dire cosmique, le très réussi "Cosmos" venant terminer brillamment l’album avec une atmosphère pour le moins planante (faut arrêter la fumette les gars !) et mystérieuse avec qui plus est un solo clavier qui tend vers les sonorités d'un saxophone.

En cette année où l'on assiste à la "renaissance" du Metal des années 70 (PARADISE LOST et son "Icon", CATHEDRAL avec "Ethereal Mirror"), COUNT RAVEN nous sort de son chapeau non seulement un des meilleurs albums de l'année mais tout simplement un des meilleurs albums de Doom Metal tout court. Pour moi un des classiques du genre tout simplement. Je n'ai pas vraiment grand-chose à dire de plus si ce n'est que si vous ne connaissez pas encore ce groupe phare du Doom et cet opus et bien ne perdez plus une minute ! Il n'est jamais trop tard pour découvrir ! "High On Infinity" est un joyau en or massif sur lequel COUNT RAVEN est au sommet de son art. Puissant et jouissif !

Un 5/5 sans aucune contestation.

Morceaux préférés : "Jen", "Children's Holocaust", "Traitor", "Masters Of All Evil", "Cosmos".

P.S : A noter que l'album sera réédité en juin 2018.