Donnez moi de la violence, même aseptisée.
Donnez moi du viscéral, même atténué. Donnez moi du grandiose, si possible un peu baveux. Donnez moi de la misanthropie, donnez moi de la haine, même un truc de comptoir, même une clownerie sans nom, un « I hate you all » me suffira pour aujourd'hui.
Donnez moi du direct, du brutal, mais pas du barbant. Donnez moi du mordant, de l'accrocheur, du mid-tempo, avec ou sans chœur, si possible avec les deux, si possible avec tout, mais sans excès. Donnez moi un esprit de conquête, de l'énergie, quelque chose de vivant, de théâtral, même surjoué.

Donnez moi...merde...
Passez-moi Sketch Of Supposed Murder de MORGUL, ça fera l'affaire. Dans un moment où je sais que je veux du black, oui du black, mais du black « détourné », du black certes incisif, mais plus gris que noir....et quand dans ce moment, je veux éviter de me ressasser la grande époque de DIMMU BORGIR ou GRAVEWORM, et bien je me rabats parfois sur MORGUL (d'autres fois sur ARCTURUS ou LE GRAND GUIGNOL, qui sont d'ailleurs assez proches de MORGUL aussi).

Sketch Of Supposed Murder m'a toujours un peu collé aux godasses.
Le charisme que Jack D « seul-maître-à-bord » Ripper m'épate toujours à chaque écoute, cette capacité à rendre crédible un discours misanthrope le plus bas-du-front et guignolesque qui soit, lui donner les formes, dégénérer dans tous les sens.

Cet album n'est pas si facile à chroniquer, car il est à la fois brillant et récurrent. Il m'aura accompagné lorsque j'aurais eu envie de me balancer du sang au rouge clinquant dans les tympans, les jours où je ne crois pas vraiment être quelqu'un de haineux, mais où la rage s'impose naturellement et demande quelque chose de doucement cradingue, et moins radical qu'il n'y paraît, un truc bourrin mais qui tisse aussi un univers, même le plus kitsch soit-il. A l'écoute de SOSM, je ne le trouve ni sublime, ni mauvais, ni même moyen. D'autres adjectifs plus nuancés me viennent en tête :

Simple. Car Jack D Ripper a beau être un musicien polyvalent, un vocaliste hors-norme et un dégénéré notoire, il n'est pas un super compositeur. Il fait ce qu'il peut avec ses moyens, tournant sur des riffs simples, des mélodies au violon ou au clavier qui rentrent facilement dans la tête et rendent quelque part "accessible" sa musique.

Varié. C'est la clé de tout je pense....dans les tempos, du gros blast bien crade et hurlements déchaînés et d'autres rythmiques se retenant dans le registre indus... dans les ambiances, de la petite scénette médiévalisante aux violons hantés (« Dead For A While ») aux gros apports cybernétiques déshumanisés ; d'une messe black metallique surfaite (« Truth Liars and Dead Flesh ») à la complainte mélodieuse et mugissante ( le doomeux « Machine »), MORGUL sait garder en renouvelant la mise, frôlant toujours le cliché dans l'un ou l'autre de ses registres.

Car oui, les ambiances et les compos semblent parfois un peu surfaites et déjà-entendues, même si MORGUL trouve son identité quelque part, peut-être justement dans son côté un peu autiste. On ne peut s'empêcher de vivre chaque acte avec un sourire médisant, de se laisser combler et posséder par l'œuvre du Norvégien, tant Jack y met du sien dans sa manière de hurler, de déclamer, de rugir ou de gerber son rire.

Je serais bien tenté d'y mettre un 4/5, mais je n'irais pas jusque là à cause d'une fin d'album assez incompréhensible. Le technoïde « Once Again » pas mauvais mais trop décalé et un peu relou, et cette reprise impersonnelle de KISS, « She ». Jack la sort de son cul, juste pour nous montrer qu'il sait être un peu plus groovy...ouais ok, mais rien à voir avec ton album non ?
Bon voilà, si on enlève ces deux morceaux, l'album paraît trop court, et ça me donne une bonne raison pour me convaincre qu'un 3/5 est mérité pour cet album attachant mais pas hors du commun. A écouter pour les fans de DIMMU BORGIR, ARCTURUS, VINDSVAL, STORMLORD et j'en passe.