Un homme-orchestre, un album unique au tirage limité à 4000 exemplaires. Un disque soi-disant culte, honni des trve (sympa, le V, non ?), finalement largement méconnu de la population black, y compris de celle qui se nourrit de l'underground. Jayson Sherlock qui, à l'époque de l'enregistrement du disque, préférait conserver un lourd mystère sur sa véritable identité et se fit ainsi baptiser Anonymous (parodiant ainsi volontairement ou non l'Euronymous d'Øystein Aarseth), a sorti le premier album de black metal chrétien de l'histoire (depuis, les minuscules DARK ENDLESS et CRIMSON MOONLIGHT, ainsi que le plus respectable et Norvégien ANTESTOR ont repris le chétif flambeau). On peut légitimement se poser la question de l'intérêt de la chose. Et bien que les récentes facéties d'ULTRA VOMIT m'aient amusé, je suis généralement très réticent à associer humour et musique.

De toute façon, d'humour ici il n'y a pas. Tout au plus un clin d'œil, un message visant à tancer les excès du black norvégien, un goût pour le décalage. HORDE est finalement un projet très sérieux. Comme MORTIFICATION était sérieux. Car Jayson Sherlock est l'ancien batteur du groupe de death metal australien, le groupe de death metal chrétien et australien. Et là, première déception. Sans vouloir à tout prix préserver l'orthodoxie black, on peut tout de même douter de l'efficacité d'une formule qui prend le parfait contre-pied des règles établies dans le genre. Règles qui ont contribué à créer cette aura si particulière au style prodigué. Mais laissons de côté cette contrariété, nous savons de toute façon que les paroles n'ont aucune valeur en black metal du simple fait de leur caractère inaudible. Jugeons donc HORDE comme du black metal tout ce qu'il y a de classique et ne nous attardons pas sur ce que nous jugerons comme un simple détail. Car dans le cas contraire, "Hellig Usvart" (sacré et non-black en Norvégien) aurait bien du mal à éviter les tomates que je m'apprêterais à lancer.

Point de tomates pour moi donc, un bâillement. HORDE m'emmerde. Musicalement rétrograde. Pardon, la galette fut façonnée en 1994. Au temps pour moi. Musicalement emmerdant donc, fade et terriblement générique. Des riffs qu'on a entendu chez tous les autres, un chant à la personnalité absente, une batterie réverbérée à la façon d'une cohorte de scandinaves, la guitares de DARKTHRONE époque "Under the Funeral Moon". Un parti pris d'écriture mal défini, qui alterne entre du simili épique, un fond de sinistrose et un léger penchant pour le brutal. Sur Internet, deux sortes de critiques sur "Hellig Usvart". Des bafouilles qui ressembleraient presque à des menaces de mort envers celui qui a osé toucher au dogme, des gardiens du temple furieux de ce bras d'honneur s'attaquant à leur élitisme à la cochonnaille. Des louanges sans retenue aucune pour cette tentative de remuer la fourmilière black.
Loin de partager les idées des trve qui me font doucement rigoler, interloqué devant les éloges excessifs pour ce qui n'est qu'une minuscule idée sans aucun intérêt (STRYPER nous avait déjà fait le coup dans les années 80), je me situe pourtant très nettement du côté des barbus de l'enfer. Mes raisons sont toutes différentes mais le constat est identique, "Hellig Usvart" mérite qu'on l'oublie vite fait car, à moins d'être atteint de collectionnite aiguë, il ne risquera jamais de constituer une pièce indispensable de votre discothèque.