Voilà un sacré paquet d'années que j'attends de pied ferme NåSTROND, le duo suédois signé par Debemur Morti – une alliance franco-suédois datant elle du “split” de complaisance avec NOCTERNITY, en 2005. De complaisance, parce que deux titres au total, si ça c'est pas pour le fric ! Je ne comprend pas à qui d'autre que le label puisse profiter un tel objet. Enfin bon, je suis là pour vous causer du dernier NåSTROND, Muspellz Synir.
Grand maniaque du duo, je ne peux qu'être réjoui de ce qu'est devenu NåSTROND, un temps disparu de la circulation, alors qu'il fait partie des anciens de la scène Black Metal. En effet, le combo est présent depuis 1992-93, produisant de belles pièces de Black Metal occulte, pas très recherchées dans la technique, mais avec une sacrée putain d'ambiance barbare, mystique, occulte, sombre, “heathen” même ... ainsi, après deux démos, NåSTROND sort en 1995 son premier E.P et son premier full-length, le magique Toteslaut. Il réitère ses méfaits un an plus tard, avec Age Of Fire, puis replonge dans les ténèbres, splittant curieusement ... il faut attendre que Cryptia Productions ressortent les démos en 2003 pour entendre parler de NåSTROND et espérer le meilleur : leur résurrection. Confidentiellement, en mars 2004, sort un disque d'Ambient blasphématoire, Celebration Of The Four, que le groupe distribue à ses amis proches à peu d'exemplaires. Ce disque assez bizarre lie dans chaque titre, un des quatre Seigneurs de l'Enfer et son Elément, l'opus se finissant par un titre devant faire la synthèse du concept musical ... bref : c'est le moment que NåSTROND choisit pour remettre sur pied ses projets de Black Metal. S'ensuivent donc deux “splits” chez Debemur Morti – l'un avec NOCTERNITY en 2005, l'un avec MYRKR en 2007 – avant de nous fournir ce superbe Muspellz Synir. Car franchement, la galette, longue de cinquante-cinq minutes, vaut le détour et il y a un moment, depuis l'étrange album d'HORNA, que le label français n'avait pas servi quelque chose qui ait de la saveur (il vient également de sortir le premier album d'ANIMUS MORTIS, Atrabile, qui est lui aussi bien bon).
Avec Muspellz Synir, NåSTROND se la joue fine et réussit son retour, bénéficiant d'une production épaisse mais moderne, mettant en valeur tout son ésotérisme satanique. Le groupe, comme je l'ai dit plus haut, est maître d'une technique pas complexe mais sacrément efficace : on se retrouve plongé dans des visions de sabbats, de flammes, de nuit, de crânes, de folie et de sang, dans une clairière par exemple. Tout le satanisme, l'occulte, l'univers de ténèbres, d'horreur et de blasphèmes qui fait NåSTROND trouvent leur cristallisation la plus manifeste dans Muspellz Synir : ces aspects dont ne profitaient pas les précédents opus des suédois. La formation a quelque chose d'ancien, tant dans sa vision de ce que doit être son Black Metal, que dans sa pratique musicale : NåSTROND est vieux, et leurs membres jouent old-school. Par certains côtés, NåSTROND pourra faire penser à PROFANATICA, par exemple et justement leur dernier effort. Il ne ressort pas de titre-phares de cette galette : juste une impression semblable à celle que ferait le Styx en vous traversant la cervelle ... les ténèbres, l'horreur, une atmosphère occulte et sulfureuse, voilà ce qu'est cette dernière offrande de NåSTROND, dont je salue le retour (merci au label, par la même occasion – une fierté !).