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CRYSTALIUM - Doxa O Revelation (2007)
Par ORPHANAGE le 20 Octobre 2007          Consultée 3643 fois

Le black, le black, quand diable pourra-t-on affirmer qu’un renouveau est possible ? Alors que de rares et prodigieux combos parviennent encore à saigner les dernières ressources d’un genre en crise, alors qu’ils parviennent à exploiter ou réinventer avec personnalité un folklore en théorie trop cloisonné, et des caractéristiques stylistiques férocement définies, la plupart des amateurs se contentent de faire, sans même vouloir réellement surprendre.
Une affaire de famille, dira-t-on ; l’ultime rêve noir, l’élite infernale qui garde dans sa grandissante tribu les sacro-saintes traditions (si j’ose dire) et qui ne les abandonnerait pour rien au monde, par exemple au profit d’une inventivité qui commence à se faire pressante. Des raisons honorables, pour sûr. D’autant qu’elles donnent parfois l’occasion à des adhérents aux arts blasphématoires du Black d’exprimer avec un respect et une conviction exquis leur fascination pour le Metal Extrême du diable.
Plutôt que de faire la tête à pester contre une répétitivité qui de toute façon n’est pas encore trop sucée à blanc et qui ne le sera probablement jamais vraiment, autant se faire un minimum enthousiaste quand il y a de réelles raisons de l’être. Tenez, prenez CRYSTALIUM par exemple (avouez que vous êtes surpris). Eh bien, CRYSTALIUM, c’est sympathique comme tout !

« Doxa O Revelation », patronyme revendicateur d’un je-ne-sais-quoi d’impie et diabolique, cri de ralliement des armées du Malin ou formule d’invocation des esprits du malaise. Et surtout grimoire Black Metal obscur jusqu’au bout des mesures, au parfum impérial et souillé, aux contours vieillis et malmenés. Rempli de riffs puissants et royaux, complètement guerriers dans les instants les plus héroïques (pas d’ambiguïté quant au terme, CRYSTALIUM n’aura jamais rien à voir avec RHAPSODY OF FIRE), et parfois mélodiques et grisonnants (« D. Dei Le Messianiste »), le nouvel album de ces mystérieux français peut se targuer d’être si convaincu et adroitement composé qu’il peut dépasser le stade de simple sortie Black parmi des centaines. Aéré avec talent naturel car varié dans ses rythmiques et dans ses atmosphères, tour à tour vicieux (l’interlude « Passe Le Mot »), épileptique (« Entrailles Et Univers »), ténébreusement rêveur (« Silence, Silence Porteur d’Honneur ») ou martial et emphatique (« Le VIème Radical », probablement un futur classique), il développe avec finesse une personnalité éminemment noire, mais non dépourvue d’une notion de beauté empoisonnée réellement appréciable. Que ce soit en blasts ou en mid-tempi, les assises offertes aux morceaux permettent au très riche habillage guitaristique de véhiculer leurs noires ondées : CRYSTALIUM est techniquement parfaitement au point et parvient à nous le faire savoir sans jamais en faire des tonnes. Parce qu’il caresse ses morceaux, les peaufine pour en faire de véritables contestes de négativité, les pénètre et les possède avec lubricité, obsession, mais aussi intelligence, le groupe parvient à faire fonctionner l’ensemble. Et alors que oui, la scène Black internationale est pénible, réellement pénible, souvent sans beaucoup de saveur et d’audace, CRYSTALIUM parvient à redonner un peu de foi en l’attitude plus conservatrice et intégriste du true BM. Il est évident que le groupe répond à tous les poncifs du genre, et il ne les remet jamais en cause comme ont pu le faire BLUT AUS NORD ou, plus récemment, MALLEUS MALEFICARUM, ce qui ne l’empêche pas de donner de l’intérêt à l’ensemble. Comme quoi le respect des traditions ne rime pas forcément avec « rébarbatif ».

Débordement d’enthousiasme ? Quand même pas ! Juste soulagement de constater que le true BM a encore des ressources, qu’il n’a pas dit son dernier mot, et qu’il peut toujours être réellement vibrant. Après, comme je l’ai dit, CRYSTALIUM fait du Black Metal. Il arrive certes à se démarquer par sa réelle maîtrise technique et ses grosses capacités de composition, il n’en reste pas moins un combo de Black Metal trop conventionnel malgré tout, c’est évident. La plus grande recherche dans les sons et dans les variations ne fait pas encore tout, et la grande homogénéité de l’album pourraient le rendre un peu lourd à digérer s’il est écouté d’une traite (heureusement, intro, interlude et outro sculptent très bien le tracklisting, et l’avantagent relativement). Les riffs restent encore trop classiques, même s’ils sont assumés, totalement affirmés et portés avec raffinement dans leurs hauteurs, les textes sont déplorables (ajoutons les fautes d’orthographe dans le livret) et le folklore est trop respecté sans remise en cause des clichés inhérent au style. Ce qui, aujourd’hui, permet à un groupe de Black Metal de rentrer dans la sphère des très bons, c’est justement le déni des clichés, la force d’innovation, l’intelligence au service de la passion pour un travail artistique complet, totalement personnel, certes toujours subversif puisque c’est ce qu’il faut, mais vraiment unique et réfléchi de bout en bout malgré tout. CRYSTALIUM est bon, c’est une certitude. Il a atteint ce qu’en l’état actuel des choses, je nommerais le plus haut niveau pour un groupe de Black Metal trop cloîtré dans le folklore banal du genre. Encore un peu enfermé dans les poncifs, mais suffisamment adroit, exalté et puissant pour faire de ses compositions de délectables perles noires d’art ténébreux. Mais puisque une vraie démarche artistique demande un renouvellement à tous les niveaux en plus de la maîtrise, il ne peut pas encore être considéré comme très bon. Les amateurs qui n’ont pas la même vision que moi de la scène BM peuvent alors se jeter sur « Doxa O Revelation » (tout de suite, c’est un ordre) pour renouer avec une vibrante jubilation. Alors ils ne m’en voudront plus d’avoir fait preuve d’un peu de sévérité dans la notation, simplement par prise de position par rapport au BM.

3.5/5

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- Blizzard Cillag (guitare, chant)
- Dracir (guitare)
- Celtill (claviers, chant secondaire)
- Kz.gaharth (basse)
- Altar Zk6 (batterie)


1. Doxa O Revelation
2. Entrailles Et Univers
3. Silence, Silence Porteur D’honneur
4. A L’absinthe, A L’extrême
5. Passe Le Mot
6. Le Vième Radical
7. Discipline Nation Négative
8. Doxa O Revelation
9. Propagande Cillaguienne
10. D. Dei Le Messianiste
11. A L’origine



             



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