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MALLEUS MALEFICARUM - Nothing Left To Fight For (2007)
Par ORPHANAGE le 27 Août 2007          Consultée 5897 fois

Enfin ! Enfin ! Enfin ! Enfin une sortie Black qui ressemble à quelque chose d’autre que…toutes les autres sorties Black ! On peut dire que ça fait du bien, parce que quand même, en ce temps difficiles, il faut avoir l’oreille sacrément affinée pour déceler des différences pas toujours très légitimes entre tous les combos qui sortent un disque de ce genre ! Bon, loin de moi l’idée de cracher sur un courant musical complet, authentique (quoique…) parfaitement intégré à la culture metallique. Mais quand même, euh ! Il faut bien l’avouer, le Black, c’est emmerdant à la longue… ! Bah oui, c’est toujours pareil, ça commence à devenir légèrement pénible là. Sauf, justement, quand des groupes comme MALLEUS MALEFICARUM viennent chambouler un peu les choses, pas trop quand même bien sûr, mais suffisamment pour redonner foi pour une durée indéterminée en la virulence et la force émotionnelle du genre musical qu’il emploie pour s’exprimer.

« …La Perversion Comme Représentation ». Voilà. « Nothing Left To Fight For » touche presque à sa fin, il nous avait déjà convaincu, mais il nous assène un coup de grâce, un vrai, qui ne peut que renforcer notre impression très positive. Parce qu’en employant une boîte à rythme saturée et lancinante, une électro-acoustique dépressive, des cris distordus qui secouent les entrailles, des sons indus discrets et vicieux et une basse ronronnante et furtive, MALLEUS MALEFICARUM ose. Ose affirmer son univers bien plus que par le passé. Ose rester furieusement black et dérangeant tout en malmenant tous les poncifs d’un style si cloisonné. Dans ce titre, point de riff saturé. Juste les éléments que j’ai évoqués plus haut, et ils sont amplement suffisants pour coller à l’esprit mélancolique et extrêmement sombre du disque. C’est un black lent, surprenant, d’une tristesse indicible…un black qui n’est pas Metal. Et qui aère franchement un « Nothing Left To Fight For » certes transitoire, mais équilibré, entier, sincère et personnel.

On oublie la lourdeur true black suraiguë si conventionnelle, pour découvrir un style de production déjà bien plus avant-gardiste, assez propre finalement, au service d’une démarche qui l’est tout autant. « Délivrance » commence en trombe : le rythme est lourd et tragique, accompagnant une complainte riffique exceptionnelle et mélodique qui n’a pas peur de la limpidité malgré sa force et sa précision. MALLEUS MALEFICARUM se met à l’écart d’une scène Black parfois bien trop extrême et sectaire dans ses idées, n’a pas peur d’être lui-même, et crache sur toute forme de nationalisme ou de prosélytisme. Pas d’apologie de la guerre. Pas de gloire au Malin. Encore moins de pathétique apologie national-socialiste.

Du désespoir. Un constat d’impuissance. Un vrai malaise vis-à-vis du milieu de vie. MALLEUS MALEFICARUM affiche une image plus clairement moderne, et son logo plus futuriste laisse justement anticiper les très légères incursions électroniques de « Nothing Left To Fight For » (ne serait-ce que dans « …La Perversion Comme Représentation », encore une fois) : aucune volonté d’emmener l’auditeur en des terres infernales inimaginables, il s’agit plutôt de lui ouvrir les yeux sur l’enfer du quotidien : les ténèbres de son urbanisme, la froideur de ses matières. La musique est violente, oui (« Les Traces », « Malleus Maleficarum »), mais pas dans le vide : point de vain acharnement brutal qui ne rime finalement pas à grand-chose, mais une diversité certaine au service d’un message généraliste et amoral (et non pas immoral). Message négatif certes, alarmant et obscur, mais lucide et réfléchi. Message précis ? Absolument pas, le groupe tient à préciser que sa démarche n’est certainement pas morale et qu’il ne veut délivrer aucun message politique ou idéologique. Echec inévitable de la lutte menée par l’homme contre la complexité de son quotidien ? Très probablement. Le chant hurle en français des textes empreints de violence romantique noire et déclamatoire, ne semblant être qu’un amas de douleur.

Et si les textures amoncelées, acoustiques instrumentales ténébreuses et froides (« Les Vestiges De Mon Amertume »), courses-poursuites Black toujours très travaillées au niveau des mélodies (« Délivrance ») ou pièces agonisantes à l’esprit très suicidal (« Deviant », « Ecorchés ») pas si éloignées que ça des derniers AZRAEL pour les leads dissonants très bien imaginés, demeurent si souffrantes, c’est parce qu’elles gardent une vraie spontanéité émotionnelle. Elles semblent être la conséquence directe d’un grand nombre de sensations négatives entremêlées, rejetées sans merci en des pistes incroyablement tristes et agressives. Sentimentalement violentes, c’est sûr, mais pas nécessairement insoutenables sur la forme. Mais ce qui fait la force certaine de « Nothing Left To Fight For » reste finalement son anti-conformisme au sein de la scène Black. Il semble être la production de musiciens qui poussent loin la réflexion de leur positionnement dans la scène musicale, l’anti-conformisme satanique finalement devenu une nouvelle forme de conformisme, et la réflexion sur la négativité en général.

Ainsi, voilà un album équilibré, diversifié et aéré avec pertinence, composé avec finesse et arrangé avec volonté de profondeur, partagé entre titres lourds et tragiques encore très Black (« Le Vice Comme Volonté »), perles noires plus industrielles et très audacieuses (« …La Perversion Comme Représentation »), et spirales torturées dépressives (« Ecorchés »). Reste à retravailler encore plus fortement la stature Black classique encore fort présente si le désir s’en fait ressentir, pour obtenir une identité absolument unique. Une grande partie du travail est déjà faite de toute façon, avec cet excellent album vrai et intelligent.

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- Tamas (guitare, chant)
- Ahriman (basse, chant)
- Seigneur Nergal (batterie)


1. Introduction
2. Délivrance
3. Malleus Maleficarum
4. Les Traces
5. Les Vestiges De Mon Amertume
6. Ecorchés
7. Le Vice Comme Volonté ...
8. ... La Perversion Comme Représentation
9. Deviant
10. Nothing Left To Fight For



             



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