En cette heure sombre, où chaque sortie métallique ressemble à la précédente, où le speed insipide côtoie le heavy moribond, reprenez courage, car un nouvel apôtre de l’originalité nous arrive de Suède. Oui, la Suède où les innombrables groupes de death mélodique se copient tous les uns les autres. Mais DIABLO SWING ORCHESTRA ne fait pas de death mélodique, ni de heavy, ni de speed… Les six membres du groupe font dans l’original, et apportent un peu de fraîcheur à la musique hard et rock en général. Mélange savoureux de rock, métal, jazz, opéra, D:S:O nous propose un plat unique aux saveurs multiples.

Une petite recherche Google vous donnera probablement plusieurs noms en lien avec la musique de D:S:O : THERION (pour le côté opéra), NIGHTWISH (pour le chant féminin soprano), APOCALYPTICA (oui, y’a des violoncelles alors on cite ce qu’on peut pour donner une idée), divers noms de groupes de prog, voire de symphonique… Pour ma part, parce que ça me fait plaisir, je citerai MUSE, pour le chant masculin (celui du guitariste Daniel Håkansson) et un petit aspect pop-rock (écoutez le début de « Zodiac Virtues » par exemple), et HAGGARD pour le mélange jusqu’au-boutiste de genres n’ayant pas forcément grand rapport à l’origine.

Jugez plutôt : The Butcher’s Balroom s’ouvre sur un « Balrog Boogie » jazzy et déjanté, mais nous sert des samples électro cohabitant avec les violoncelles et autres violons sur certains morceaux, des intros acoustiques façon Grand Ouest, instrumentaux divers et variés (flamenco sur « D’Angelo », musique orientale sur « Gunpowder Chant », piano…) … Le tout cohabitant avec une base heavy / rock (selon les titres) et s’y fondant à la perfection, une production de qualité rendant pleinement justice à l’ensemble.
Ajoutons un côté théâtral parfois déjanté (mot déjà utilisé plus haut, mais tant pis), et on a avec The Butcher’s Balroom un album original en plus d’être bien composé, qui peut plaire à l’amateur de musique quel qu’il soit, ou presque, et qui vaut de toute façon le coup d’être écouté rien que pour la curiosité.

Mais, car il y a toujours un « mais » (ça ne serait pas amusant sinon), The Butcher’s Balroom n’est pas parfait pour autant. Premièrement, et c’est ce qui m’a bloqué au début, le début du disque est plus original, plus déjanté (je sais, troisième fois…), et la seconde moitié, pourtant très bonne si on n’écoute qu’elle, paraît plus plate en comparaison.
En second lieu, si la grande variété des influences donne une grande richesse à la musique, et si leur agencement est exceptionnellement réussi compte tenu de tout ce qui cohabite là-dedans, ça fait parfois un peu beaucoup et l’album devient un peu fatiguant au bout de quelques écoutes d’affilées. Vous pouvez néanmoins le ressortir quelques jours plus tard sans contre-indication.

Bref, je pinaille. The Butcher’s Balroom est, pour un premier album, de très grande qualité, a le mérite de se démarquer nettement des productions que nous avons l’habitude d’entendre, et laisse augurer du meilleur pour la suite de la carrière de DIABLO SWING ORCHESTRA (bon, dans le genre banalité, ça se pose là, mais ça a au moins le mérite de conclure).

Peut-être pas l’album de l’année, mais probablement la découverte de l’année.