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JESU - Conqueror (2007)
Par POSSOPO le 26 Mars 2007          Consultée 8845 fois

"Jesu", le premier album, était un disque doux-lourd-euh.
Doux à n'en point douter lorsqu'on se penche sur le passé de Justin Broadrick, lorsqu'on choisit de replonger dans l'univers mécanique et usinier de GODFLESH, pourquoi pas celui de HEAD OF DAVID. Il s'agirait, pour appuyer encore le propos, d'évoquer la courte apparition chez NAPALM DEATH au temps de sa pire incarnation, punk, grind et inaudible pour beaucoup. "Jesu", s'il nous projetait encore dans un monde post-industriel défraîchi, laissait apparaître le soleil. Un soleil déjà tiède et rassérénant qui réchauffait les décombres métalliques qui jonchaient un sol rouillé sur lequel l'organique peinait encore à pousser.
Lourd, c'était là la plus naturelle évidence. Impossible de se départir d'une histoire aussi chargée, de tout balayer en un instant. Les percussions conservaient un statut, les guitares se nourrissaient encore de quelques formules rescapées d'un glorieux passé. Le lancinant se voulait pesant.
Euh, car "Jesu" était gonflé d'interrogations. Des interrogations légitimées par sa différence. JESU n'est pas GODFLESH, son caractère est indiscutablement plus timide, il tend vers une éternelle introspection. Le gamin luttait contre cette évolution et se raccrochait à un infime soupçon de brutalité. Non, juste de brut. Qu'allait-il devenir du jeune homme ? Il fallait être sot pour ne pas imaginer la possibilité d'une mutation.

Mutation envisagée sur "Silver", mutation consommée sur "Conqueror". Déjà, le titre choque. On se croirait dans un mauvais rêve de HAMMERFALL. Ou alors, retour à l'envoyeur indus. Dix secondes suffisent pour abandonner ces hypothèses absurdes. Lorsque Justin Broadrick parle de conquête, il n'évoque pas les grandes batailles, il ne parle pas de sa virilité et ne bande pas ses muscles. De conquête intérieure alors. Très certainement et on en revient à l'introspection. Une conquête intérieure, un apaisement, une sérénité tout juste découverte. Le chanteur a définitivement laissé tomber les vibrations les plus graves de sa tessiture. Comme une impression d'authenticité se dégage de cette voix ni puissante, ni fluette, superbement équilibrée et ô combien naturelle. Nul besoin de se montrer plus fort que l'on est véritablement. Même constat sur les guitares et les effets. Le larsen agressif s'est évanoui pour laisser le champ libre à une multitude de couches suaves, onctueuses, un velouté plaisant et reposant. Et où a bien pu passer cette pesanteur que l'on aimait tant chez toutes les créations de l'homme de Birmingham ? Evaporée en grande partie, les riffs cognent à peine, imbibés d'une pop qui n'a rien de massif. Evaporée comme cette volonté d'expérimentation, apanage de ceux qui se cherchent. Justin s'est trouvé.
Qu'il est loin, EINSTURZENDE NEUBAUTEN.

"Conqueror" a trouvé la lumière, le soleil qui pointait son nez sur "Jesu" darde aujourd'hui ses rayons sur un auditeur qui devra apprendre à mettre au placard ses envies de hardcore, de postcore sombre et de bruitisme. Un auditeur qui pensera plus positif après s'être donné à cette œuvre brillante à la température d'un bain-marie. Tout n'est certes pas perdu pour les derniers barbus présents dans l'auditorium. Il reste bien un vague coup de médiator à la Tony Iommi quelque part, Ted Parsons, génétiquement programmé pour taper fort, nous gratifie de ci de là d'une frappe de grosse caisse qu'il aurait pu en son temps reproduire dans un concert de GODFLESH ou sur un enregistrement de PRONG. Mais il faut pêcher loin ces références alors que MY BLOODY VALENTINE et SLOWDIVE nagent au bord de la jetée. Et le sourire malicieux d'un REM ou des STONE ROSES ne se trouve guère à plus longue distance, même si ce parallèle-là paraît de prime abord plus délicat.

On est heureux de sentir l'artiste quiet et radieux. On est heureux pour lui, on est heureux pour nous car nous venons de mettre la main sur un disque de grande valeur, optimiste et à la limite de l'insouciance, une caractéristique qui déplait à beaucoup, heureusement pas à tous.

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- Justin K. Broadrick (guitare, voix, programmation)
- Diarmuid Dalton (basse)
- Ted Parsons (batterie)


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2. Old Year
3. Transfigure
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6. Brighteyes
7. Mother Earth
8. Stanlow



             



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