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CRYSTALLION - A Dark Enchanted Crystal Night (2006)
Par BAST le 14 Mars 2007          Consultée 5149 fois

Pour concevoir un mythe, c’est chose simple. Montez une société confidentielle circonscrite à vos proches et élaborée autour d’une idée, d’un concept, d’une philosophie. Confectionnez des uniformes que vous prendrez soin de marquer d’un symbole simple et tranché, peu importe s’il revêt ou non une réelle signification, la légende y pourvoira.

Versez dans le religieux ou le métaphysique, histoire d’imprégner votre société d’une aura ésotérique. Et surtout, surtout, entourez-la du plus grand secret. Evoquez-là grossièrement, privant vos propos de tout détail, à coup d’aphorismes entendus, mais sans vous départir du plus grand sérieux, comme si l’avenir de l’humanité en dépendait. Snobez le simple, méprisez l’esprit cynique, plaignez avec compassion la conscience cartésienne et obtuse.

Puis... attendez... quelques siècles...

Lorsqu’un beau jour, des vestiges de votre société seront exhumés, l’imaginaire collectif et l’inclination pour le sensationnel ou l’occulte feront le reste. Alors, avec un peu de chance - certes posthume - des ouvrages commenceront à se consacrer à votre société sous l’égide de la reconstitution historique, des films enfleront puis entretiendront le mystère, M6 dépêchera ses meilleurs reporters afin de dénoncer les dangers véhiculés par vos idées et, qui sait, une ou deux formations metal retranscriront en musique vos aventures.

En tout cas, pour les templiers, ça a bien marché. L’ordre du temple fait partie des thèmes historiques les plus traités mais aussi les plus incertains, les plus galvaudés. Etudier les templiers exige une patience à toute épreuve, consacrée pour l’essentiel à exhumer quelques faits historiques avérés de milliers d’anecdotes à la véracité douteuse, voire farfelue. Ce n’est finalement pas verser dans l’Histoire que de traiter de ces soldats de dieu mais souscrire au roman, aussi bon soit-il.

Après GRAVE DIGGER et son « Knights Of The Cross », c’est ainsi au tour de son compatriote de rejeton CRYSTALLION, énième formation de speed mélodico-symphonique à voir le jour, d’y aller de ses supputations sur cet ordre aux agissements bien plus prosaïques que ceux que l’on veut bien lui prêter.

Pourquoi cette longue digression en guise d’introduction ? Parce que j’ai voulu symboliser la façon dont la découverte de ce premier album de CRYSTALLION s’est déroulée.

Car le premier titre augure immédiatement du pire. Sorte de morceau fourre-tout, on sent que CRYSTALLION a voulu cristalliser en cinq minutes tout ce qu’il avait envie de mettre dans sa musique. Alors, en dépit de l’aspect polymorphe de « Guardians Of The Sunrise » (clavier à la STRATOVARIUS omniprésent, guitare lead bavarde...), de prime abord séduisant quand on parle de symphonique, c’est bien de linéarité dont il s’agit ici. Les instruments pourtant enthousiastes et les arrangements demeurent en effet impuissants à l’étirer, le privant d’amplitude.
Et à ce propos, le chant, trop peu charismatique et manquant de coffre, détient sa part de responsabilité.

Puis, et c’est un peu le paradoxe de cet opus, on sent une montée en intérêt, très progressive, à mesure que « A Dark Enchanted Crystal Night » défile.
« Visions » et « Eternia » poussent à l’indulgence, « Crystal Clear » puis « Tears In The Rain » séduisent, « Dragonheart » entraîne et, contre toute attente, les deux titres qui ferment l’album se montrent tout bonnement excellents, surtout les 9 minutes de « The Final Revelation ». Sur ce morceau, même si le chant de Thomas Strubler demeure moyen, CRYSTALLION nous sert de très bons plans ; l’intro qui monte en puissance est excellente, les mélodies prenantes, la rythmique savamment dosée. Enfin, le refrain fédérateur parachève l’ensemble.

Curieux déroulement que celui de ce premier essai de CRYSTALLION à qui on ne donne pas une seule chance sitôt dix minutes d’écoute écoulées et qui réussit à surprendre puis ravir sur la fin, démontrant finalement que « A Dark Enchanted Crystal Night » cache bien plus qu’une formation en mal d’inspiration.

Dans le genre, il y a nettement plus convaincant que CRYSTALLION.
Seulement, on se prend à espérer une suite des plus séduisantes au vu du potentiel révélé par la seconde moitié de « A Dark Enchanted Crystal Night ».

Finalement, « A Dark Enchanted Crystal Night », c’est comme cette chronique, il faut commencer par la fin, on gagne du temps...

Note : 2,5 / 5 au regard des capacités évidentes de CRYSTALLION, pourvu toutefois que Thomas Strubler fasse quelques progrès.

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- Thomas Strubler (chant)
- Patrick Juhasz (guitare)
- Manfred G. Stief (guitare)
- Stefan Gimpl (basse)
- Manuel Schallinger (claviers)
- Martin Herzinger (batterie)


1. A Dark Enchanted Crystal Night
2. Guardians Of The Sunrise
3. Visions
4. Eternia
5. Crystal Clear
6. Tears In The Rain
7. Dragonheart
8. Burning Bridges
9. The Final Revelation



             



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