Sacrée nouvelle, CARNIVORE vient de se reformer. Alors que TYPE O NEGATIVE s'apprête, incessamment sous pas longtemps, à sortir un nouveau disque, Peter Steele s'est décidé à ressusciter son deuxième groupe si l'on se réfère à l'ordre chronologique, le premier étant le méconnu FALLOUT. Et CARNIVORE, qu'est-ce donc ? Une étrange créature, née dans les premières années 80, au style vestimentaire inspirateur de l'infâme GWAR, se gavant d'un hardcore poly-influencé, aux tendances speed, thrash et fusion barbare. Mais ce qui caractérise le mieux CARNIVORE reste son humour, que monsieur Steele aura tôt fait d'exporter dans son futur projet gothique. Un humour pipi caca plus orienté sur le caca, voir carrément la grosse merde…Avec une petite pointe de cul, de nichons et une très brève pénétration au milieu (et puis, on a aussi le suicide et la perte mais c'est beaucoup moins drôle donc autant ne pas l'évoquer). En tout cas sur ce "Jesus Looks Like Me", troisième album un peu différent des précédents.

Preuve de la déviance assumée de l'orchestre, une première piste de douze minutes mêlant ambiances érotiques (avec des vrais morceaux d'orgasmes féminins à l'intérieur, vous pouvez sortir la zézette, les copains. Un, deux, trois, concours de vitesse, ouais !) et très faussement romantiques, une pesanteur accablante couleur vert-de-gris, une destinée finalement très rock et entraînante et toujours ces relents de hardcore sans lesquels CARNIVORE ne serait pas CARNIVORE.
La suite ne dément pas cette première approche et l'on remarque en particulier ce clavier, totalement absent du premier album éponyme et de "Retaliation", et devenu si important, envahissant diront certains, qu'il marque d'une empreinte terriblement profonde un opus décidément étonnant, virage à 120, 150 degrés par rapport à un passé nettement plus fonceur. Tout n'est pas perdu, le hardcore made in Brooklyn continue à traîner dans les coins, envahit la scène sans crier gare et conserve sa savoureuse mauvaise éducation. Mais il laisse aussi d'autres tendances prendre la parole, tendances, coïncidence ou pas, que l'on retrouvera sur l'ensemble de la discographie de TYPE O NEGATIVE. Et puis, la comparaison entre certains morceaux de ce "Jesus Looks Like Me" et les pistes les plus chargées en adrénaline du majestueux "Bloody Kisses" est tellement facile.

Le line-up a d'ailleurs changé. Peter Steele, assurément plus présent que jamais, vient d'inviter deux nouveaux venus sur la scène metal, le guitariste Kenny Hickey et le batteur Sal Abruscato. Quand à ce fameux clavier, c'est son ancien camarade chez FALLOUT, Josh Silver qui s'occupe de le faire chanter.

Ce qui m'étonne un peu est cette pochette au titre que je ne comprends guère. Negative Slow Deep And Hard Type O. Peut-être une référence ésotérique incompréhensible. Si quelqu'un pouvait m'aider à élucider cet infini mystère, je lui en serais franchement reconnaissant. Sachez tout de même que, bizarrerie d'impression ou pas, "Jesus Looks Like Me" est plutôt un bon disque, mais plutôt seulement, certes décousu et expérimental, en tout cas surprenant, même pour un groupe de la trempe de CARNIVORE, et surtout tellement lointain de ses deux prédécesseurs.