Les E.P. se font rares... Assez sympathiques du temps des disques vinyle, ils sont plus ou moins tombés dans l'anonymat à l'heure du CD, tout du moins en ce qui concerne le Hard-Rock (enfin c'est mon avis...). Pourtant, c'est sympa, un E.P. ! Surtout un E.P. live, souvent utilisé par les groupes qui n'ont pas 500 albums à leur actif pour se faire connaître, se faire plaisir ou marquer une performance live particulière.
Le Dynamo Open Air Festival (Eindhoven) a occasionné quelques E.P. au sein du monde merveilleux (et bruyant !) du Thrash Metal. Ainsi, Testament et Sacred Reich ont chacun en leur temps sorti le leur, enregistré lors du festival hollandais. En 1989, Forbidden y est aussi allé de son petit skeud 4 titres de derrière les fagots mis en boîte au pays du fromage et de Zara White !

Affublé d'une pochette, qui, ô surprise, ne représente pas le groupe en pleine action sur scène, mais ses cinq membres posant devant des barbelés, ce live est carrément intitulé (on ne rigole pas !) "Raw Evil - Live at the Dynamo". Mais attention, ce disque déchire (comme les barbelés)...

Il commence par une reprise de JUDAS PRIEST, "Victim of Changes". Ce n'est certes pas le morceau du répertoire du Priest le plus facile à reprendre, c'est en fait un titre assez casse-gueule. Surtout aux oreilles de ceux, qui, comme moi, sont tombés amoureux de la fameuse version du live Unleashed in the East et y sont sacrément habitués ! Bref, la version de Forbidden apparaît comme plutôt inférieure à celles de Judas, mais, malgré tout, le groupe ne se défend pas si mal. Russ Anderson, malgré toutes ses capacités vocales et sa hargne, n'est pas Rob Halford et s'égare parfois, mais l'énergie déployée par le groupe et le boost Thrash infligé à ce classique arrivent tout de même à soulever un enthousiasme certain !
Mais le meilleur reste à venir...

Car s'ensuivent alors 3 titres (et pas des moindres, quasiment les 3 meilleurs morceaux !) extraits du premier album de Forbidden (Forbidden Evil), passés à la moulinette du live. Et là, ça chauffe vraiment ! Ces versions arrivent à être encore plus féroces que leurs homologues issues du studio ! Légèrement plus rapides, plus folles, sans doute plus brouillonnes, mais en tout cas oh combien excitantes ! Par rapport aux versions studio, les guitares sont mixées plus en avant que la batterie, on a même parfois l'impression que Paul Bostaph tape sur des barils de lessive, mais qu'importe !
Le groupe fait preuve d'une conviction et d'une énergie phénoménales. Le Thrash très technique de Forbidden écrase alors tout sur son passage : riffs rapides, précis et acérés, breaks, accélérations, solos de fous furieux à enfermer d'urgence... Sans oublier un Russ Anderson absolument déchaîné qui harangue la foule et emballe encore plus la machine.

Vous l'aurez compris, malgré ses imperfections (reprise de Judas sympathoche mais pas inoubliable, son un poil brouillon, nombre de titres limité...), cet E.P. live mérite tout de même à mon avis sa note de 4/5 grâce à la formidable énergie déployée par un groupe à l'époque ô combien vivant ("live" !) et qui donne tout ce qu'il a dans le ventre. Du brut de brutes !