Il existe dans notre gentil monde musical, des groupes qui ont marqué ou même inventé un genre précis. Parmi le panel de groupes qui nous est proposé, on peut par exemple retenir NAPALM DEATH ou CARCASS pour le grindcore, BATHORY ou MAYHEM pour le black metal ou encore DEATH pour, bah oui, le death metal. Mais il serait bon aussi de réfléchir à cette même analyse, en dehors de la scène metal, ou vers ses dérivés. Si je vous parle de crust, vous tiltez ? Parce que moi, j’adore ça le crust, et j’ai envie de vous le faire découvrir. Et avec qui vous allez me dire ? Et bien c’est là que je me suis demandé quels groupes de crust avaient marqué l’existence du style, et ni une, ni deux, DRILLER KILLER m'est venu à l’esprit. Mais le problème, c’est que vous connaissez sûrement pas ces gentils suédois, qui portent tout de même sur leur dos ce statut de groupe fédérateur de la scène crust mondiale.

Mais je vous rassure tout de suite, je vais vous éclairer un peu plus sur le crust. Tout d’abord, il faut savoir que si vous êtes un mordu de vieux punk bien gras et dégoulinant, vous allez sans doute adorer le crust, mais le paradoxe c’est que si vous avez en vous l’âme d’un grindeux sympathique, vous n’allez pas être rebuté non plus par ce style. Musicalement parlant, c’est hyper gras je dirais, et pour reprendre la définition d’un vieil ami chroniqueur : « le crust, c’est trop punk pour être metal et trop metal pour être punk ». Car faut vraiment aimer les gros foutoirs musicaux pour écouter du crust. Certains verront en lui de vieilles influences hard rock, d’autre beaucoup plus de nuances punk, mais au final nous pouvons tous nous retrouver avec un gros mélange de punk bien brutal et incisif, se rapprochant finalement au mieux d’un grindcore léger et très refroidi.

Et c’est au début des années 90s que le crust va faire son apparition, et ce principalement grâce à DRILLER KILLER, formé en 1990 et qui va seulement quatre ans plus tard sortir son premier album « Brutalize » chez Distorsion Records. Et rien qu’à la pochette du skeud, on peut déjà se dire qu’on va devoir se taper du bon vieux punk à la GBH (du point de vue visuel de la chose). Mais en fait, pas du tout. Ce qui est au rendez-vous, c’est ce que je vous ai décris plus haut : du pur crust, que nous n’associerons pas tout de suite au metal, mais qui lorgne plus vers le côté punk de la chose. En écoutant ce disque, on est assez choqué par l’intensité de son contenu. On est un peu en plein dans ce que savent faire de mieux DISFEAR ou encore VIKTIMS de nos jours. C’est trop brutal pour être du vrai punk et trop accrocheur pour être du grind.

On se surprend à repérer un ou deux refrains accrocheurs (« Up The Arse »), à s’habituer à une voix punk extrêmement agressive, à retenir des riffs sacréments aguicheurs et rock’n’roll (« Who ? », « Futureless »). Le son est vraiment hyper gras mais à la fois assez audible pour rester dans le correct et donner à l’album une ambiance encore plus punk. Les morceaux ne durent pas tellement longtemps (tout comme dans le grindcore) mais ont le mérite de retenir l’attention de l’auditeur. En somme, DRILLER KILLER vous montre bien ce que peut donner un crust assez gentillet et plus punk dans l’âme. Une entrée en matière assez puissante et le début d’une discographie qui va vite se remplir pour les suédois, avec encore du très bon par la suite dans ce registre si atypique et disparate.