NEGURA BUNGET fut longtemps un des secrets les mieux gardés du black metal. Sa provenance n’a rien fait pour faciliter une distribution longtemps famélique jusqu’à ce que la signature sur le label italien Code 666 leur ouvre des portes suffisamment grandes pour que toute une cohorte de fanatiques de black original se mette à vénérer le duo roumain Hupogrammos-Negru et son remarquable ‘N Crugu Bradului.

Zirnindu-Sa est un premier album à la vie étrange. Il fut d’abord édité sur simple cassette par le label Bestial Records pour le marché local. Breath Of Night, dirigé par un membre de JUDAS ISCARIOT, se chargea de l’élaboration du format cd quelques mois plus tard. Une version vinyle est aujourd’hui disponible sous la signature Darkland Records. Amis de l’underground, amusez-vous bien.

Je vais gentiment éviter de me masser les testicules et de vous parler de l’infinie spiritualité de ce disque, apologie du mysticisme d’une terre méconnue, à l’histoire prenant sa source dans un passé jamais écrit. Non, la Roumanie n’est ni plus, ni moins riche culturellement que ses voisins bulgare, hongrois et ukrainien. Elle a le simple avantage de posséder un représentant musical plus costaud que les deux premiers cités et sa mise sous tutelle, parfois partielle, par une foultitude d’empires (Romain, Hun, Ottoman, Austro-Hongrois, Russe) n’en fait nullement une exception historique.
Alors, que l’abondance de claviers vous plonge dans un univers que vous vous êtes imaginé tout seul à la seule évocation de la nationalité des géniteurs de cette musique, soit. Cela démontre une belle capacité d’abstraction, une aptitude au rêve et tout un tas d’autres qualités fort sympathiques. Seulement, tout le monde ne possède pas les mêmes prédispositions à l’évasion. Et si, faut-il encore une fois le dire, ‘N Crugu Bradului, possède suffisamment de substance pour pousser au voyage nombre d’auditeurs, ce tout premier effort, malgré une réelle singularité, n’est encore que le bois encore non sculpté des estampes futures et ce billet d’entrée pour un monde différent ne mènera loin que les gens motivés.

Les éléments sont là, ceux qui, mieux maîtrisés constitueront les joyaux de la sombre couronne dace. Mais épars, agencés selon un savoir-faire encore approximatif, ils ne permettent pas de faire de cet album autre chose qu’un ouvrage plutôt original, plutôt exotique…oui mais seulement plutôt. NEGURA BUNGET n’est pas tout à fait commun mais loin d’être déjà indispensable et ce ne sont pas ses curieux riffs death metal disséminés ça et là sur une planche de travail pourtant totalement noire, ni cette voix se rapprochant à de rares instants de l’organe de votre comte préféré qui me feraient changer d’avis.

Admettons qu’en l’absence de successeurs, Zirnindu-Sa raflerait une note encore plus élevée et serait à même de ravir pas mal de collectionneurs de sons charbonneux. Admettons aussi que les premiers essais aussi prometteurs ne sont guère fréquents. Mais l’avenir doré de l’artiste me contraint à un minimum de sévérité (pourtant toute relative), ne serait-ce que pour démontrer à quel point celui-ci a progressé et ô combien étoffé sa personnalité, jusqu’à devenir un incontournable du black metal.