LEFT FOR DEAD, THE SWARM, RUINATION. Voilà quelques-uns des groupes au sein desquels a sévi le dénommé Chris Colohan, vocaliste de CURSED. Nightfall étant un site aussi réputé pour ses chroniques de hardcore que Nora Ephron pour ses films de zombies, j’éviterai de vous parler du passé musical de messieurs Maxymuik, McMaster, Moumneh et Piraino. Le fan sectaire de heavy symphonique (attention, je n’ai pas dit que tous les fans de heavy symphonique étaient sectaires, je dis ça pour les fans de heavy symphonique les plus susceptibles) s’amusera vingt secondes à réfléchir sur l’origine ethnique de ces énergumènes au patronyme suspect puis retournera vite en page principale cliquer sur le dragon de la semaine. Je ne m’adresse maintenant qu’aux curieux (dont certains peuvent très bien apprécier le heavy symphonique puisqu’on peut parfaitement aimer le heavy symphonique, n’être ni sectaire, ni susceptibles, au contraire curieux, et les quatre en même temps).
Je m’excuse également auprès du véritable connaisseur de hardcore (qui ferait bien de revenir visiter le site dans un ou deux ans quand Nightfall se sera un peu étoffé dans ce genre oublié, 18 chroniques sur 3428, dont BIOHAZARD et PRO-PAIN, largement aussi metal que hardcore) qui va pester contre le manque d’informations, de références et de culture de mon écrit.

La pochette et le packaging (aussi simple que réussi, digipack habillé du noir le plus sobre) collerait certainement plus à un album de stoner à forte connotation doom qu’à un best-of de MINOR THREAT ou VERBAL ABUSE (pour ne citer que des dinosaures de la scène nord-américaine). L’intro est d’ailleurs troublante, extrêmement pesante et donne furieusement envie de suivre le quintette canadien dans ses pérégrinations. Si la furieuse accélération clôturant cette intro nous précise avec véhémence qu’il s’agit bien de hardcore et non d’un succédané de KYUSS, le deuxième titre débute par une mélodie angoissante qui nous fait visiter un paysage aride que n’auraient pu renier les géniaux Josh Homme et John Garcia.

Ne nous cassons pas plus la tête, il aurait été plus simple de citer dès le début de la chronique NEUROSIS et CONVERGE. Pas même besoin de mentionner le timbre vocal de Chris Colohan, la densité sonore et les variations rythmiques extrêmes nous font comprendre que CURSED baigne entre deux courants, patauge avec délectation dans une vase épaisse et tiède, plonge ensuite dans un bain acide et urbain et retourne se ressourcer dans sa boue abjecte. Moins outrageusement obèse que le premier cité, d’une musculature moins sèche que le second, CURSED, en bon matheux, additionne les atouts des deux stars tout en retouchant, en bon chirurgien plastique, les excroissances de chacun. Times Of Grace (car il faut bien en choisir un), Jane Doe sont devenus, en tout cas pour un certain nombre d’amateurs de musique énervée, deux disques de référence. Mais beaucoup trouvent ces galettes trop pointues, leur reprochent une digestion difficile. Times Of Grace est pachydermique tandis que Jane Doe est abusivement furieux. Two sait se faire léger et soyeux, il caresse parfois l’auditeur d’un geste similaire à ceux de CROWBAR ou DOWN, le vice n’étant jamais bien loin.

Ma référence personnelle en matière de hardcore sont (sympa, le problème grammatical), depuis déjà quelques temps, les facétieux REFUSED, qui ont su édulcorer un genre un peu âpre de coquetteries venues de divers horizons. Ce Two est trop neuf pour que je décide aujourd’hui de faire grimper les natifs de l’Ontario sur le même piédestal que la formation suédoise. Je dirais simplement que je trouve ce disque excellent.