Qui aurait crû que quelquechose de bon aurait pu venir d'un petit pays comme la Suisse ? Et pourtant après les anglais de VENOM et les premiers gargouillis de BATHORY en Suède, voici venir la sombre majesté HELLHAMMER. Pour ceux qui ne sont pas forcément historiens du metal, il faut savoir qu'HELLHAMMER est l'incarnation de ce qui deviendra quelques mois plus tard CELTIC FROST. A savoir l'un des groupes emblématiques et cultes qui a inspiré le triptique black/death/doom pour les générations à venir. Demandez un peu par exemple aux musiciens de KREATOR ou d'OBITUARY leur avis sur HELLHAMMER/CELTIC FROST et vous verrez leurs yeux s'allumer aussitôt.

Nous avons donc affaire à un disque historique du metal extrême, et tout comme ses pairs, le son est forcément très moyen et les structures des chansons ne sont en général pas très recherchées. Pour le niveau des musiciens, on ne peut pas dire non plus qu'on ait affaire à des virtuoses. Cependant, l'intention n'est pas de créer un chef d'oeuvre, mais de plonger l'auditeur dans une transe à la fois morbide et déchaînée (headbanging obligatoire !). Les 2 premiers titres "The Third Of The Storm" et "Massacra" sont plutôt rapides, et l'on ressent les influences indéniables de MOTÖRHEAD (rythmiques à fond la caisse, guitares crasseuses) et de VENOM (voix entre écorchée et caverneuses). Avec le troisième titre, on entre dans le lard. "Triumph Of Death" est foncièrement lent, lugubre et morbide dans son introduction (les cris de Tom G. Warrior sont de la pure torture !!), on a ici l'archétype de ce qui sera développé plus avant dans les premiers albums de CELTIC FROST, à savoir cette sensation d'écrassement, ce côté lourd et glauque. Nul doute qu'on tient là un titre à l'origine des branches death, black et doom. Ce morceau est réellement impressionnant et pousse à un niveau encore plus abyssal les tentatives du genre ébauchées par VENOM quelques années plus tôt. On enchaîne ensuite sur un mid-tempo écorché et distordu, avant de finir ce long titre (9.30 minutes) par une litanie gluante et glauque. Culte assurément ! On redémarre dans l'angoissant avec l'introduction de "Horus/Agressor" pour finalement revenir dans un registre plus musclé et plus thrash. Ici s'arrête les 4 titres de cette démo. Seulement, en 1990, Apocalyptic Raids a eu le privilège d'être complétés par 2 autres titres du même tonneau, "Revelations Of Doom" et "Messiah" qui sont des extraits d'une compilation (Death Metal), qui circulait dans l'underground vers 1983.

Alors, pour la note, il s'agit de faire un compromis. La qualité technique de l'ensemble et son côté attachant et juvénile ammènent un 3/5 au maximum ... le côté culte indéniable doterait assurément la galette d'un bon 5/5. Ainsi 4/5 me semble être un judicieux compromis pour ce mini-album qui permet aux auditeurs de comprendre ce qui va se passer ensuite dans la famille metal. Le chaînon manquant entre les 3 premiers VENOM, les 2 premiers BATHORY et les EMPEROR's Return et To Megatherion de CELTIC FROST. Apocalyptic Raids fait partie de ce lot, de cette petite dizaine de disques qui résument au mieux les origines du metal extrême. Ce n'est pas pour rien qu'un célèbre batteur de Black Metal s'est fait baptiser Hellhammer après tout :)