C'est en 1996 que Tenhi, groupe finlandais, voit le jour, créé par Tyko Saarikko. En 1998 ils sortent leur premier mini-cd, "Hallavedet", mais c'est un an plus tard que sort leur premier album, "Kauan", qui est pour tout vous dire, un hymne à la nature pure mais hostile de Scandinavie, et un petit bijou de musique folklorique, pour peu que vous ne soyez pas trop fermés d'esprit.

"Kauan" fait parti de ces albums que l'on écoute pour se reposer. Il n'y a absolument rien de violent dans leur musique, tout est composé sur un mélange de guitares sèches, de notes de piano et de violons et de quelques arrangements. L'atmosphère qui émane de cet album est celle de la pureté, le très bon son laisse résonner les accords, et fait entendre une basse claire et une batterie reposante. Tenhi produit dans cet agencement de sons une musique mélancolique et brumeuse marquée par un chant calme et mystérieux, et particulièrement aqueux (quelques subtiles gouttes d'eau résonnantes). Il y a probablement quelque chose de magique à l'écoute de ces morceaux au rythme cyclique bien que non linéaire, l'acoustique de "Näkin Laulu", la douceur d'une double guitare sèche dans "Huomen" laisse se propager une tranquillité communicative.

Tenhi propose toutefois d'autres morceaux qui permettent de classer cet album dans la catégorie "folk": "Revontulet" et ses rythmiques presque latines, ou "Etäisyyksien Taa" et son rythme lourd évoquant une procession païenne. Tout ici respire une volupté dérangeante et accrocheuse quand "Lauluni Sinulle" transporte l'auditeur vers un univers bien plus triste accompagné de son chant presque plaintif. Et puis Tenhi achève cette catharsis en terminant par des morceaux d'une rare paisibilité: un piano surexcité aux notes fraîches et expérimentales, quelques percussions et ces superbes violons éthérés. Le rythme relativement progressif laisse parfois place à des solos acoustiques géniaux et ces paroles finlandaises créent un chant passéiste et prenant.

Mon dieu, "Kauan" n'est pas l'album calme destiné en musique d'ascenseur, il n'est pas l'album de chevet commençant votre nuit, "Kauan" est une ôde particulière, innocente et douce, qui requiert toute votre attention pour s'imprégner de musique lointaine et inconnue. Qu'utiliser d'autre que des adjectifs pompeux pour décrire "Kauan"?

"Kauan" se qualifie de cette façon. En finissant par du consumérisme: "Ecoutez, respirez".