Peu de gens en France connaissent Christian Epidemic. Je dirais même que je suis un des seuls et ce grâce à un pote hongrois qui connaît personnellement le groupe. Eltörörlt Vilag/World Erased se présente comme un double cd, évidemment c’est trop beau pour être vrai : le disc A (Eltörörlt Vilag) et le disc B (World Erased) sont identiques à quelque chose près que l’un est en hongrois et le second remixé en anglais. On a quand même, et c’est tant mieux nos 57 minutes de black. La pochette de cet album est une photo du «jardin des fugitifs » à Pompei où sont exposés les corps solidifiés par la lave des victimes du Vesuve (je suis pas sur à 100% de ce que j’avance mais c’est à peu près ça), habile définition visuelle d’un «monde effacé ». Dans le livret on retrouve les textes dans les deux langues (jusqu’au titre 9) avec un fond représentant une peinture biblique célèbre (la je ne saurais vous en dire plus). Bref, le tout est bien sympathique, mais qu’est-ce que ça vaut ?

Des chœurs masculins entament l’album puis vient se greffer une ambiance tordue et stressante à la ABRUPTUM (cris, battements, bruits sourds…). Et puis c’est parti premier coup de caisse claire et petite mélodie au synthé pour un Uijjaszutett/Reborn, une bonne entrée en matière. Que les true blackeux anti-claviers ne s’inquiètent pas, Christian Epidemic n’est pas l’un de ses groupes à la Catamenia (ce n’est pas péjoratif) qui privilégient les mélodies au synthé, l’instrument en question n’est ici pas très présent (pas trop en tout cas) et plutôt secondaire (excepté dans le morceau A profeta/The prophet où, une fois n’est pas coutume, il est plus insistant).
On retiendra par la suite Silentium au riff destructeur et entêtant, Eltörörlt vilag/World erased où voix black et voix death sont habilement alternées (même si pour changer la voix death est dominante) ou encore Felszenteles/Souls of the dead et bien sûr A profeta/The prophet qui, comme je l’ai déjà précisé est plus « atmosphérique ».
Théoriquement l’album s’arrête là, mais comme ces hongrois ne sont pas radins, ils nous livrent 3 morceaux du Ep « Gyàsz » : une intro aux ambiances caverneuses à la limbonic art suivi d’un Kinzo sikoly/Manipulated intelect plus posé et mélodique, sans grognements death et de loin le meilleur titre de l’album. Puis le disque s’achève (le morceau caché est inaudible) sur un Epidemia 999/Euthanasia qui a le seul plus d’inclure un cours solo de gratte.

On reprochera toutefois à Christian Epidemic d’être un peu trop répétitif, ils nous livrent ici un black sans prétention, ni exceptionnel, ni mauvais. Les fans de black qui aiment avoir des albums rares peuvent l’acheter les yeux fermés, mais nul besoin pour les autres d’aller jusqu’en Hongrie pour trouver des groupes de talents équivalents.
On retiendra tout de même que la scène hongroise, avec des groupes comme ça, a de quoi faire parler d'elle...