Le fameux “Forests Of Witchery” répandant depuis 1996 les effluves captivantes de son Black atmosphérique, THY SERPENT nous revient en 1997 avec ce mini-cd de trente six minutes (tout de même !), au contenu des plus intéressants, et à la pochette simple mais qui me fait toujours autant d’effet!

Constitué de morceaux anciens ré-enregistrés durant les sessions de son premier album suscité, « Lords Of Twilight » s’articule autour d’une architecture particulière, encadrant d’un instrumental au claviers chaque réelle « composition », soit quatre morceaux interprétés par la totalité du groupe, et cinq interludes assurés par un membre isolé (eh oui, en dehors d’Azhemin, le maître claviériste, les trois autres musiciens du groupe y vont tous de leur petite contribution). Ceci s’apparente pour vous à un bric à brac troussé en toute hâte ? Détrompez-vous !

Qu’il s’agisse des instrumentaux ou des titres plus consistants, THY SERPENT ne se moque pas de son auditoire, et nous donne à savourer ici de vrais bons morceaux, s’inscrivant davantage dans la mouvance du très vif « Of Darkness And Light» du premier disque : sans se départir le moins du monde de sa superbe draperie mélodique et rêveuse, le Black de THY SERPENT nous assène ici quelques rythmiques plus vigoureuses (« The Forest Of Blakulla », « In Blackened Dreams »), voire carrément agressives (l’ébourrifant « Unknown »). Ce qui permet à la formation finlandaise de préserver la personnalité unique de « Forests Of Witchery », tout en amenant l’auditeur à constater que le champ d’exploration musicale du groupe s’étend au-delà du registre de la lenteur envoûtante.

Ainsi, THY SERPENT nous accorde ici une faveur : il nous ouvre les portes de la tanière où reposait les vestiges de ses mues précédentes (je rappelle que les compositions de "Lords Of Twilight" sont antérieures à celles de « Forests Of Witchery », pour ceux qui n’auraient pas suivi). Mais comme je l’ai déjà indiqué, la créature demeure totalement identifiable, même s’il est surprenant de découvrir qu’avant l’approfondissement atmosphérique de son premier jet de venin, l’aspic finlandais ornementait sa musique de riffs brûlants, que l’on retrouverait en plus acérés chez le SATYRICON de « Nemesis Divina ».

De là donc ce jeu perpétuel de brise froide caressante et de vents chauds soufflant sur les paysages dépeints par les très bonnes compositions suscitées, chacune d’entre-elles abondant en riffs dominateurs coupés d’un ou de plusieurs breaks laissés à la discrétion de claviers déjà embellis d’onirisme. Les mélodies qui percent la carapace Black de ces « The Forest Of Blakulla » ou du magnifique « In Blackened Dreams » n’ont pas fini de vous harceler de leurs baisers langoureux !

Bien entendu, je ne saurais refermer cette petite présentation de « Lords Of Twilight » sans quelques mots concernant les instrumentaux aux claviers : concis et évocateurs à souhait, souvent sombres voire inquiétants, ils méritent pleinement le détour – mention spéciale à l’épique « Prometheus Unbound » que je ne peux m’empêcher de fredonner - et contribuent au charme de ce mini-cd conseillé à ceux qui sont à la recherche d’un Black accrocheur et très plaisant, dénué de toute violence en dépit de quelques passages bien corsés. Un bien beau cadeau en tout cas.