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HANGMAN'S CHAIR - Saddiction (2025)
Par DARK BEAGLE le 21 Avril 2025          Consultée 40 fois

Les Franciliens de HANGMAN’S CHAIR ont su, au fil des années, se forger une discographie solide, à tendance dépressive, mais autrement plus difficile à classifier. Les étiquettes coulent sur eux comme l’eau sur les plumes d’un canard et il est assez difficile de donner un genre précis à cette musique particulière, qui va toujours nous conduire à un « oui, mais cela tire également énormément vers… ». Mais une chose est certaine, le groupe a beaucoup évolué dans son approche de sa musique et avec "A Loner", l’opus précédent, les musiciens entraient dans un nouveau cycle stylistique et surtout, ils voyaient les choses en grand en nous proposant ce qui allait devenir le premier acte d’une trilogie.

Vous l’aurez compris, "Saddiction" est donc le deuxième acte ainsi qu’un néologisme né de la contraction entre « sadness » et « addiction », un thème fort et récurrent chez HANGMAN’S CHAIR. La pochette nous montre une barre d’immeuble, de hautes tours de banlieues où des fenêtres sont éclairées, écrivant ainsi le titre de l’album tandis que le nom du groupe est représenté par un néon rouge. Cependant, ce n’est pas une nuit noire, porteuse de dépression, l’aube semble se lever et avec elle, un certain espoir. Finalement, cela représente plutôt bien ce que fait le groupe, à souvent contrebalancer sa noirceur par quelques touches plus positives.

En revanche, décrire sa musique, comme je vous l’ai déjà dit, s’avère bien plus compliquée. Si on se réfère aux origines plus Sludge/Hardcore, difficile d’en déceler encore des traces. Ensuite, on évoque souvent le Doom, le Stoner, voire le Metal Goth pour définir le style HANGMAN’S CHAIR, mais là encore tous les codes ne sont pas forcément respectés. Comme je l’entends, sur ce disque, la formation ressemblerait à un KATATONIA avec une approche parfois plus proche d’un ALICE IN CHAINS, le tout saupoudré d’une fine poussière de Post Punk. Bref, un sacré bordel qu’on n’explique pas vraiment, mais qui s’apprécie très bien.

Parce qu’HANGMAN’S CHAIR, c’est la force des mélodies et la puissance des paroles qui se marient pour le meilleur. Porté par la voix de Cédric Toufouti, claire, belle, véhicule des émotions fortes que cherche à faire passer le groupe, ce disque s’écoute d’une traite et nous plonge dans un spleen délicatement ourlé, sans se montrer trop agressif dans ses assauts. La guitare se veut lancinante mais mélodique, la basse est bien présente, apportant une lourdeur bienvenue, soutenue par une batterie très présente. Il se dégage quelque chose de plus atmosphérique, limite planant par instants, mais d’une délicatesse souvent très émouvante.

Là, on pense à un titre comme "Kowloon Lights", qui raconte une balade de nuit dans cette péninsule au nord de Hong Kong, sous la pluie, magnifiée par un clip pourtant angoissant par certaines de ses séquences. Ou encore à ce "In Disguise" qui lorgne du côté de la New Wave tout en conservant une aura Metal. Ici, nous vivons une expérience assez particulière, belle à en pleurer malgré sa noirceur prégnante. La mélancolie est à nouveau au rendez-vous, elle nous prend doucement par la main, pour nous guider encore une fois vers cette lueur d’espoir nécessaire pour ne pas sombrer littéralement. Le but du groupe n’est pas de nous écraser sous un défaitisme suicidaire, il nous autorise à respirer, à souffler.

Nous noterons également la présence de Raven Van Dorst de DOOL sur "2 AM Thoughts", qui a logiquement été choisi comme single pour illustrer l’album. Raven donne la réplique à Cédric, leurs voix se répondent parfaitement, conférant encore plus de poids à l’émotion brute qui se dégage de ce disque soigné, travaillé, où rien n’est laissé au hasard (ces harmonies vocales sur les chœurs que l’on peut trouver sur "Healed ?" par exemple, très réussies). HANGMAN’S CHAIR marche dans les pas d’"A Loner", le style ne varie pas beaucoup, nous sommes vraiment dans une continuité, mais ici le groupe a très bien su insuffler ce petit supplément d’âme qui fait que l’ensemble monte en puissance, qu’il sonne mieux, plus juste, peut-être plus réfléchi également.

L’aspect urbain de la musique de HANGMAN’S CHAIR est toujours bien palpable. On s’imagine aisément cerné par des barres d’immeubles, avec cette oppression qui va avec. D’ailleurs, encore une fois le clip de "Kowloon Lights" nous l’illustre bien, la ville est omniprésente et avec elle, son cortège de gens désespérés ou tout simplement horribles. Il y a un côté Clive Barker dans cette façon de raconter la ville, de s’en imprégner pour faire vivre sa musique (ou, dans le cas de Barker, son récit). Elle est un personnage, qui s’installe, s’insinue, qui provoque dépendances et addiction, tue en quelque sorte autant qu’elle permet de de vivre.

Et il y a ces montées en puissances, qui nous prennent au dépourvu, qui nous secouent quelque peu ("The Worst Is Yet To Come"), qui nous soulagent également, d’une certaine façon, en se plaçant comme exutoires, rares mais bienvenues. Les musiciens n’ont pas complètement oublié d’où ils viennent, mais ils réfléchissent et interprètent ces influences autrement, différemment. Le groupe a su évoluer, s’exprimer différemment, tout en conservant une part de lui-même qui figurait dès ses débuts et qui est resté présent malgré l’évolution stylistique : cette capacité à transmettre, à véhiculer les émotions, d’une manière qui s’affine toujours un peu plus. On ne parlera pas de perfection, mais de justesse, dans le choix des mots, des mélodies, de l’interaction entre les deux.

"Saddiction" est un album touchant. La démarche du groupe n’est pas sans rappeler celle d’ANATHEMA à l’époque, qui jouait énormément sur le spleen, sauf que les p’tits gars de Liverpool ne voyaient pas vraiment la lumière, eux. Aussi, en fonction de notre sensibilité, HANGMAN’S CHAIR nous touchera plus ou moins. Certains resteront cantonnés à l’efficacité brute des morceaux présents ici, d’autres entreront plus dans l’émotion qui s’en dégagent et vivront l’album différemment. Avec ce septième opus, le groupe ne marque pas une évolue tangible, mais il sonne juste, il gagne en efficacité même si "A Loner" avait déjà placé la barre assez haute. Les Franciliens poursuivent leur marche en avant et à ce rythme, bientôt plus rien ni personne ne pourront les freiner.

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   DARK BEAGLE

 
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- Cédric Toufouti (chant)
- Julien Chanut (guitare, basse)
- Clément Hanvic (basse)
- Mehdi Thépegnier (batterie)
- Raven Van Dorst (invité.e)


1. To Know The Night
2. The Worst Is Yet To Come
3. In Disguise
4. Kowloon Lights
5. 2 Am Thoughts
6. Canvas
7. Neglect
8. 44 Yod
9. Healed ?



             



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