C’était bien la peine de nous pondre "I Disagree" pour enchaîner avec "Zig", franchement... Autant ses débuts d’internet-girl-next-door n’étaient pas faits pour nos sombres pages, autant ils avaient le mérite de progressivement dévoiler une personnalité atypique qui développait son avatar peu à peu, à l’instar de Brian Warner avec le révérend MANSON, l’une de ses propres icônes. Le climax de mutation de la chenille en papillon vénéneux trouvait son climax sur l’opus de 2020, qui venait concrètement fusionner la Pop d’inspiration Japonaise avec un Metalcore un brin barré mais toutefois réellement abrasif. Moriah Rose Pereira touchait, naïvement mais avec envie, alors du doigt un nouvel univers, plus à même de se prêter à ses exubérances et ses envies de conférer à son alter-ego un aspect virtuel, dark et quasi-inaccessible.

Sur "Zig", les extravagances métalliques sont globalement remisées de par devers chez tonton Jacky, tout en haut de l’établi brinquebalant du garage en formica. POPPY fait étonnement sobre, fait électronique, fait lounge, pour ne trop rarement pousser le curseur d’intensité au-delà de deux (fois). Épuré, chelou, trip-hop par instant ("The Attic"), presque MORCHEEBesque, l’artiste nous montre son côté plus maîtrisé, plus mature également. Plus chiant, surtout en fait. Et puis le problème majeur réside surtout dans le décalage entre le concept même de cet alias insaisissable et ce qui nous est proposé musicalement sur ce disque. Où sont passées subversions et transgressions ? Pour tout vous dire, SLEEP TOKEN passerait presque pour les SEX PISTOLS en comparaison !

Après, dans le genre, on ne peut pas dire que ce soit intrinsèquement mal fait. Il règne, derrière les couches synthétiques, des aspects légèrement malaisants ("Church Outfit") légèrement Indus sur les bords, qui contrastent avec le chant de la Miss, plutôt guilleret et léger en grande majorité. Quand cela fonctionne ("Knockoff"), quand bien même on ne serait pas client de la chose, force est de reconnaître une certaine forme de tension et de cynisme qui habite certains morceaux de l’opus. Disons que naturellement, les pistes les plus Indus ("Hard" entre cris étouffés et upbeat) auront ma préférence par rapport à celles qui officient dans le registre electro-lounge basique ("Flicker" ou la très pénible "1s + 0s" malgré son final bruitiste plutôt séduisant).

On ne peut en tout cas pas lui reprocher de ne pas avoir mis les moyens (vive les doubles négations !), en embauchant Ali Payami pour produire la galette. Celui qui a officié auprès de Taylor SWIFT ou de Katy PERRY a mis les petits plats dans les grands pour acter le retour à la Pop de l'intrigante damoiselle : arrangements à cordes au poil, beats saccadés, un travail soigné a été apporté à chaque détail. La relative sobriété du produit fini que l’on pourrait presque qualifier de dénuement ne fait que relever l’impact de ces trouvailles et autres savants bidouillages. De la Dark Pop ? Peut-être bien au final…

Au delà de quelques titres soigneusement éparpillés sur le disque ("tiens, une guitare sur "Linger" et sur le title-track”, "oh, un scream sur "Hard""), n’attendez toutefois que peu de montées de pression au cours de la maigre demi-heure qui nous est ici servie, le résultat reste très très calme. Les mauvaises langues iront même à qualifier l’opus de neurasthénique, et je ne pourrai totalement pas leur donner tort. Le final s’étire à outrance, malgré un "Motorbike" un brin plus inspiré mais ne parvenant pas pas à recapter l’attention.

POPPY fait ce qu’elle veut, c’est tout à son honneur, mais nous ne sommes pas obligés d’adhérer ce retour aux sources hors de propos et pas totalement abouti, malgré des qualités de production assez remarquables.