J’ai toujours une affection certaine pour le projet ANGANTYR du Danois Ynleborgaz qui n’a jamais, malgré le temps passé, vendu son âme aux succubes du radoucissement ou du raffermissement. Premier haut fait d’armes : l’album "Hævn" (2003) qui reste une très belle prouesse d’un Black Metal fortement teinté par un côté Viking bien crude et rude (mention spéciale au titre superbe "Et Varsel Om Død") – comme le KAMPFAR de la bonne époque, celle de l’album "Mellom Skogkledde Aaser" (1997) notamment. ANGANTYR a toujours su rester belliqueux et apprécier nous terrasser avec sa froideur guerrière, froide et pêchue.

Je recommande fortement de vous pencher sur la discographie de Ynleborgaz au sein d'ANGANTYR qui contient des albums talentueux ("Sejr" (2004) en est un autre exemple). Le sieur officie aussi en solo au sein d’un de ses autres projets d’envergure : MAKE A CHANGE KILL YOURSELF. DSBM tranchant et bien sanguinolent, je me ferai tôt ou tard ce plaisir coupable de vous chroniquer la discographie. Mais revenons sur le projet sauvage et bien Raw sur les bords qu’est ANGANTYR si vous le voulez bien. Comme un WINDIR acéré et plus haineux encore, les compostions de Ynleborgaz sentent les embruns tempétueux et les déchaînements de colère et de vengeance.

Nul besoin d’afficher des drakkars à la petite semaine ou autre accoutrement plus ou moins sordide, ANGANTYR sonne et résonne comme la quintessence même (un peu comme le projet entrepris par Valfar vous me direz, et vous aurez bien raison) de l’esprit épique et Viking (sans le côté Folk). C’est l’esprit de la conquête de territoire et du renversement de ce qui s’y opposera qui transparaît encore dans ce nouvel album. Ce septième opus au son tranchant et très brut nous met tout de suite dans le bain féroce des agitations acrimonieuses de Ynleborgaz. Mais rassurez-vous, malgré la férocité des titres le côté mélodique n’est pas éconduit. Il ne l’a jamais été d’ailleurs sauf peut-être dans le beaucoup plus Raw "Kampen Fortsætter" (2000), le premier album. "Indsight", je dirais, revient aussi à ces fondamentaux de férocité sans concessions des tout débuts discographiques d'ANGANTYR : riffs de guitare qui vous cisaillent le cerveau en vous baignant les neurones de manière hypnotique, batterie épique et frondeuse, vocaux vociférateurs et combattifs…

L’album est très bien réussi de ce côté-là et vous fera passer un très bon moment pour tous ceux qui cherchent à ressentir leur quota de haine journalière. Les titres sont tous intéressants, notamment les deux premiers et le titre de clôture. Vous y trouverez tout ce qu’il est convenu d’attendre d’un album qui aime à givrer l’ambiance, à épaissir les tempêtes ténébreuses et à ressentir la puissance noire du bon Black Metal. Je n’ai pas d’avis sur la durée des titres que je trouve bien appropriée pour se laisser aller corps et âme esclaves à l’ambiance distillée et choisie. Un peu en-deçà des autres albums sus-cités, "Indsigt" redore tout de même le blason d'ANGANTYR qui avait perdu un peu de sa superbe depuis les albums post-2010, malgré un "Ulykke" (2018) qui cherchait à reprendre du galon sans passionner plus que cela. Le retour de ce son plus Raw me satisfait bien plus. Il est possible que Ynleborgaz l’ait choisi aussi pour retrouver un peu cette énergie guerrière bien transpirante dans les premiers albums, et, pour ma part, cela augure que du tout bon pour la suite de ce projet moins connu que nombre de cadors, et qui pourtant les dépasse selon moi amplement.

Note réelle : 3,5/5.