Bienvenue dans le royaume des grands malades où règnent les pires espèces dépravées et torturées, les irrécupérables de toutes sortes. Ces derniers habitent leur existence comme autant de poison dans la nature. Spécimens humains rares s’il en est, arcboutés sur l’envie d’en finir à petit feu pour prolonger la souffrance, lovés dans la fange et les traînées de dépravation, PSYCHONAUT 4 apparaît lorsque le soleil vire au noir et que les cieux vengeurs guettent à l’horizon. La société, le peuple cultivent l’ambition de poursuivre les étoiles, de trouver le chemin de sa vie, nos amis géorgiens eux auraient davantage tendance à s’abandonner au trou noir, au festin universel, dans une nudité complète et en érection je vous prie.

Un groupe dangereux pour l’innocence de la jeunesse et pour l’innocence tout court. Échoué dans les dépôts des salissures, les PSYCHONAUT 4 sont les meilleurs conseillers en mauvaises fréquentations, de ceux qui cultivent la culture de l’OD et de l’ordalie. La peur bleue des parents, la hantise des tranquilles et des sages, pourvoyeurs de convois de suicidés et de défaitistes raisonnés, PSYCHONAUT 4 développe son jeu musical dans l’intention lucide de donner la mort par la jouissance de la défonce et/ou de la folie. Hurlements sinistres, jeux dangereux, écouter l’album c’est jouer à la roulette… géorgienne : 6 balles dans le chargeur. Autant dire que vous apprécierez la montée de panique, la tachycardie, la sensation d’étouffement s’emparer de votre pensée, de l’habitat qu’elle occupe en vous. Ricanez, car vous êtes des moutons dans vos vies, de simples poissons rouges dans un bocal, et PSYCHONAUT 4 vous le fera bien sentir ! Vous n’êtes rien sans l’autre, vous n’avez aucune maîtrise de rien sur rien, lâchez le symptôme, avouez-le vous !

Évidemment que si l’on cherche à rapprocher PSYCHONAUT 4 d’autres groupes, nous tomberons facilement sur toutes les raclures et les dégénérés de la scène tels que SILENCER, LIFELOVER, APATI, SHINING & consorts. Allons bon, chacun sait que tous ces individus sont des gens transpirant de psychologie positive et traînant leurs socquettes dans les librairies de développement personnel. Tout bien réfléchi peut-être pas quand même ! PSYCHONAUT 4 est une entité qui tient la route depuis plus d’une dizaine d’années, un exemple de longévité pour les autres groupes suscités. "Have A Nice Trip" est le premier long format du groupe et il a fait rentrer le groupe par la grande porte sur la scène des amateurs de déglinguerie. Graf, le vocaliste ou ce qu’il en reste est totalement possédé, mais son âme est dépossédée d’elle-même. Son jeu incantatoire et déchirant, pue la corde raide et la haine de soi. C’est un vestige de mutilation de cordes vocales, un égosillement criard et spastique comme l’expérience du titre éponyme de 9 minutes d’agonie le démontre. Appuyé par des guitares pénibles et un mid-tempo, la prestation de PSYCHONAUT 4 dans cet album fouille dans les viscères de l’auditeur, déchiquète l’oreille, dévore la chair ; chaque titre est donc un petit concentré d’une léthargie qui se prolonge. L’album en lui-même ne souffre pas d’approximations et n’est pas dénué de nuances d’ambiances. Je le trouve très réussi, c’est un vrai hymne estival pour tous les désemparés et les dégoutés. Prolongez l’enfer à son écoute et laissez-vous porter sur le Styx, tenez le coup ! Il vous suffira de cracher à la gueule l’obole à Charon ou de lui adresser votre majeur sanguinolent.

"Have A Nice Trip" est la confession de camés perdus dans la merde de la vie et la dépendance. Les titres sont extrêmement forts et transpirent abondamment de cette souffrance létale, "Drop By Drop" par exemple, petit monument de confession de désespoir noir et rongé, ou bien encore "Overdose Was The Best Way To Die" qui schlingue la mort des corps et le pourrissement des points d’injection. On ne sort pas indemne à l’écoute de PSYCHONAUT 4, alors si vous vous sentez d’attaque et prêt à en faire l’écoute, la question fondamentale est celle-ci : oserez-vous ?