Ultime signifie dernier, dans le temps ou dans une liste.
Ultime signifie aussi le plus important, le plus élevé.
De là à en déduire que les derniers sont les premiers, je ne sais pas si ça fonctionne dans le cas d’une cordée. Il y aura de quoi faire une clé de cerveau au pervers-narcissique qui squatte l’Élysée.

Résumons pour les derniers arrivés : VLTIMAS est un groupe de trois beaux vétérans de la scène extrême, David Vincent l’ancien chanteur-bassiste de MORBID ANGEL, Rune "Blasphemer" Eriksen l’ancien guitariste-compositeur de MAYHEM et Flo Mounier le pas-ancien batteur et seul-membre-permanent de CRYPTOPSY. Ils en ont vu, ils en sont revenus mais ils ne se sont pas avoués vaincus. Ils sont devenus amis, la fraternité des monstres sacrés, et malgré les distances, ils trouvent le moyen de se réunir dans le ranch de Vincent, pour faire exploser tout l’art qu’ils ont encore en eux.
Nous parlons à présent du dernier album (en date) des premiers parmi les derniers, intitulé simplement "Epic" et pour le coup c’est à propos.

Nos grands brûlés de l’extrême ont fait vibrer leurs influences passées, 70's et 80's, condensant, détournant, adaptant leur arsenal Death et Black avec du Heavy, du Thrash et surtout une envie de faire des chansons structurées avec des airs entêtants. La puissance de feu est là, sous-jacente, prête à nous péter à la gueule, à travers des roulements de toms ou des rythmiques particulièrement nerveuses, on sent qu’ils en ont grave sous la pédale malgré une retenue qui permet plus de clarté et une simplicité (toute relative la simplicité) pourvoyant accroche et impact.

Bien sûr il n’en faut pas beaucoup pour que ça éclate copieusement, comme c’était le cas sur le premier album nettement plus touffu et impénétrable. "Exercitus Irae" ne sera pas avare en plans rappelant le tabassage tout MAYHEMien voir THORNSsiesque qu’on est en droit d’attendre de notre si cher Blasphemer. "Scorcher" frappera encore plus fort, et c’est pourquoi son espèce de refrain ultra épique surprendra d’autant plus.
Que ça envoie vénère ou que ça se retienne légèrement afin d’être tubesque, la mixture d’VLTIMAS en impose par son savoir-faire, écriture tortueuse juste ce qu’il faut, et son exécution rutilante. On aurait envie d’applaudir de toutes ces mains mais il manque un élément à notre description.

Ayant toujours eu des sentiments ambivalents envers sieur David Vincent, j’ai été d’abord surpris puis conquis par sa performance vocale, jusqu’à en faire l’attrait principal de ce disque. Le grand Texan injecte du chant dans sa distorsion vocale, du baryton dans ses vociférations, bref de la tonalité dans des rugissements nécessairement atonaux. Toutes ces prouesses vocales et ce coffre de cowboy, permises par un savoir-faire qu’on ne saurait lui dénier, ont de quoi laisser bouche-bée quiconque s’est essayé dans sa vie aux techniques de distorsion vocale. De plus, le tout est particulièrement bien articulé et compréhensible, et c’est une autre prouesse supplémentaire (il met un point d’honneur à rendre audible le plus possible ses textes). On entendra ses modulations les plus saisissantes sur les couplets de "Epic" ou le refrain de "Mephisto Manifesto" que l’on chantera rapidement sous sa douche.
À cela s’ajoutent encore quelques vocaux clairs et graves, le "Invictus" gigantesque ou en chœur viril façon Peter Steele sur "Spoils Of War". Il a souvent dit de la merde. Il a parfois fait de la merde. Pourtant on a tous le droit à un peu de rédemption, et cette fois il a fait du bon boulot. Il s’agit peut-être de sa meilleure prestation des vingt dernières années.

Après tous ces éloges vous seriez en droit d’attendre des étoiles bien remplies, et même pourquoi pas une prestigieuse Sélection, pourtant le résultat attribué semble bégayer bêtement, patiner piteusement, relégué parmi les œuvres « bien mais pas top ». Alors ? VLTIMAS c’est vltime ou c’est pas vltime ?
Je serais vraiment le dernier des derniers si je vous laissais sans explication, tel un monarque républicain soufflant le chaud ou le froid selon son interlocuteur et dont la parole n’aurait plus aucune valeur, #postvérité.
Il s’agit objectivement d’un beau travail, très bien joué et évidemment bien produit, et franchement beaucoup de groupes de Metal touchés par le succès aimeraient avoir un tel niveau. Ça matraque sévèrement et dès que ça relâche c’est pour tenter l’accroche qui aère. On a en plus le droit à la meilleure performance d’un des vocalistes les plus cvltes du Metal Extrême. Et pourtant je reste sur ma faim. Le disque est sorti à la mi-mars de cette année, je suis dessus depuis le début, je ne l’ai jamais franchement lâché, parce que je l’aime bien, mais il ne m’a jamais pris aux tripes, il ne m’a pas fait rêver ou sauter, comme a pu le faire RUÏM, le projet solo de Blasphemer, par exemple. C’est à chaque fois un plaisir d’écoute sincère, mais sans l’envie forte d’y retourner encore et encore. Je ne saurais pas l’expliquer beaucoup plus.
C’est peut-être une histoire de goût, très subjectif. Ou l’impression que toutes ces additions de super musiciens, même s’ils ont tout de même réussi à bosser ensemble pour de vrai, ne crée pas forcément la magie espérée.

Un vltime mot pour conclure ? Faites-vous votre avis, et n’hésitez pas à dire en commentaire ce que vous en pensez.

Note dernière : 3,5/5, mais franchement c’est injuste.