Dire que j'attendais ce premier album des Américains est un euphémisme tant DYSTOPICA m'a emballé avec ses deux premiers EP. La bande à Becky Brideau m'avait enchanté avec ses deux fournées sorties respectivement en 2021 et 2022, "Deception" ayant même eu l'insigne honneur de paraître en Sélection sur NIME, rien que ça ! Becky, qui a eu la gentillesse de répondre à mes questions (que vous pouvez retrouver dans la section "Interviews" de votre site favori), est en passe de devenir une des artistes que j'apprécie le plus.
"Infinite Reflection" donc, premier "longue-durée" des américains, que j'attendais de pied ferme. J'avais craqué en écoutant le single "Far From Perfect" qui ne m'avait pas tant plu que ça mais avoir enfin un vrai album de ce groupe, c'est Noël avant l'heure pour votre John Duff préféré. Verdict ?

Je suis mitigé voire frustré. Si vous avez, comme moi, apprécié les deux EP du groupe qui nous proposait un Heavy Doomesque de qualité, "Infinite Reflection" les balaie presque totalement. Vous avez aimé notre musique? ? Allez vous faire foutre, c'est moi qui gère. Ok Becky mais fallait nous prévenir quand même parce que le gap est immense. Sérieusement, qui a vu venir "I Am A Gemini" où Becky se la joue double personnalité en alternant chant opéra et chant Black ?

Musicalement, les américains passent aussi un cap en proposant tantôt des riffs Thrash, tantôt des riffs Heavy mais avec beaucoup de tremolo-picking et quelques passages de blast. Mais que c'est bordélique. Je ne vais pas dire que cet "Infinite Reflection" est un échec, ce n'en est pas du tout un. Il est surtout le reflet d'un groupe qui se cherche et qui tâtonne. Ça partait pourtant pas mal avec cette intro très opératic-oppressante mais dès "Revenge", DYSTOPICA brouille les pistes. Le chant est bordélique, le son des guitares est toujours aussi massif mais ce morceau n'a aucune accroche. Tout comme "Far From Perfect" par exemple.

Attention, l'album est sympa, avec de vraies bonnes surprises comme les réussies "My Fault" et "Awaken" qui renouent avec les précédents EP. Notons aussi la superbe " The Dent In My Life", power ballade au refrain soigné et à l'intensité poignante ou également "Animosity" qui arrive à varier son propos avec brio en nous balançant des changements de rythme bien amenés. Mais globalement, DYSTOPICA est parti un peu trop dans tous les sens. Je suis friand des groupes qui osent, comme AVATAR, mais il va falloir faire attention à ne pas se prendre les pieds dans le tapis. "Infinite Reflection" pourra donc paraître usant pour certains auditeurs.

Je ne veux pas minimiser le rôle des musiciens, ils sont tous très bons mais évidemment celle que l'on remarque c'est Becky, assurément. On savait son talent vocal et sa capacité à écrire de très bons morceaux mais là…putain de merde si je m'attendais à ça…Je n'aurais jamais deviné que DYSTOPICA pouvait délivrer de la musique aussi agressive. Et qu'est-ce qui t'est arrivé Becky ? T'as clairement haussé le niveau là ! Bon par contre t'en fais un peu trop. Parfois on sent que tu forces et c'est dommage. Et ce côté "forcé" va se coupler à un aspect un peu bordélique dans les morceaux comme je disais plus haut. Je regrette sincèrement d'écrire ça mais c'est vraiment ce que je retiens. Des titres semblent avoir été assemblés d'une manière assez étrange à l'image d'un "Insidious Onset", véritable melting-pot de genres, pas franchement mauvais et assez bordélique (mais avec un super refrain !) ou encore "Episodic Waves" qui se la joue Groove Metal sans jamais briller.

Vous l'aurez compris, je n'ai pas été emballé par ce premier album des américains. Et pourtant j'y reviens régulièrement car je trouve ce groupe très attachant, DYSTOPICA étant une des mes plus belles découvertes musicales récentes. Si bien évidemment je n'aurais pas aimé entendre un groupe qui stagne en proposant toujours la même recette, "Infinite Reflection" va un peu trop loin et n'est pas toujours clair dans son approche. Cela dit, je retiens quand même certains morceaux et n'hésiterai pas à réécouter cet album de temps en temps. Becky, on se donne rendez-vous au prochain album.

PS : la reprise de "Blackout" est très cool. Fidèle mais cool.