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2015 Disequilibrium
2021 1 Frontal
2024 B1nary Dream
 

- Style : Myrath, Psycrence, Need, Shattered Skies
- Style + Membre : Ostura

TURBULENCE - B1nary Dream (2024)
Par HAPLO le 23 Septembre 2024          Consultée 933 fois

" La nuit dernière, j’ai rêvé, dit calmement LVX-1. Suzan Calvin ne fit aucune réflexion mais sa figure ridée, vieillie par la sagesse et l’expérience, se crispa imperceptiblement..."

C’est ainsi que débute l’une des plus belles et des plus touchantes nouvelles écrites par cet hurluberlu génial que fut Isaac Asimov et très justement intitulée "Le Robot qui Rêvait". J’en profite d’ailleurs fort opportunément pour encourager tous ceux qui n’ont jamais pris le temps de goûter au style littéraire galactico-passionnant de ce professeur de biochimie s’étant improvisé pionnier de la science-fiction, de se précipiter sur son œuvre fournie (plus de 500 livres !) en privilégiant comme il se doit "Le Cycle des Robots" dont Asimov se veut le fondateur emblématique en ayant imaginé ses fameuses Lois de la Robotique à la logique tellement visionnaire.

Est-ce à dire que nos petits génies libanais du Metal Prog aient voulu, avec ce "B1nary Dream", s’aventurer dans l’univers des cavernes d’acier et autres cerveaux en silicium Asimoviens ? Cette formation de musiciens (très) talentueux menée par le couple Alain Ibrahim (guitare virevoltante) et Mood Yassin (claviers tourbillonnants) ne l’assume pas officiellement mais imagine néanmoins, pour ce cru 2024, un concept-album centré sur l’aventure expérimentale d’un robot (dénommé "8b+1") dont les impulsions binaires se transforment en pensées puis en rêves… rejoignant de fait une certaine forme d’humanité. Friands d’offrir un fond narratif captivant digne de succéder au tragico-magistral "Frontal" paru en 2021 (dont je te recommande plus que chaleureusement l’écoute jouissive ô lecteur Progueux affamé !), les virtuoses méconnus de TURBULENCE proposent ainsi d’enrober leur Metal tant techniquement exigeant que mélodiquement enivrant autour d’une intrigue qui touche profondément à ce qui fait notre humanité comme aux questions que pose notre époque d’accélération technologique (la belle illustration qui orne la pochette aurait été conçue à l’aide de la fameuse et si décriée IA !).

Fans assumés d’un DREAM THEATER qu’ils ont contribué à mieux faire revivre au Liban en organisant plusieurs sessions live Tribute, ces virtuoses inspirés ne s’en sont néanmoins pas bornés à n’être que des clones fadasses des Américains, mais forts de ces bases très solides, se concoctent un style unique et foutrement attractif, fait d’arabesques instrumentales oscillant entre riffs pendulaires ultra-saturés, mélodies envoûtantes et alternances rythmiques de haute-voltige… mélange musical épicé qui explose littéralement sur un "Frontal" aussi puissant qu’inattendu ; constituant un véritable ovni dans la jolie sphère Prog. Mais au-delà de la pure beauté technique, TURBULENCE c’est aussi et surtout la dose inestimable d’humanité et d’émotion transportées par la voix délicieusement sableuse et toute remplie de failles d’un Omar El Hage alors complètement investit par son personnage de Phineas Gage sur un opus 2021 qui prenait ainsi une dimension proprement stellaire.
Les Libanais pourront-ils retrouver cette grâce et faire ainsi perdurer leur rêve ou vont ils se goinfrer lamentablement et faire jaillir de l’eau glacée de la pomme de douche ? Grosse pression.

Second handicap à prendre en compte : trois ans après avoir balancé une perle de Prog à laquelle le batteur officiel Sayed Gereige n’avait pu contribuer faute d’empêchements personnels, la même situation frustrante se rejoue pour l’enregistrement de "B1nary Dream", forçant la formation à faire appel aux services d’un brillantissime mais néanmoins remplaçant de session en la personne du très percutant et foutrement véloce frenchie Morgan Berthet (MYRATH, KLONE, KADINJA… cocorico !) qui, il faut le dire, intègre parfaitement son savoir-faire à la signature artistique si particulière de TURBULENCE.

Ainsi, dès les premières minutes d’écoute religieuse d’un "B1nary Dream" qu’un certain nombre de scrutateurs attendent au tournant (tout comme le fan angoissé que je suis !), force est de constater que la mayonnaise prend diablement bien et qu’en plus elle révèle une saveur qui déchire ! Son et mix impeccables, immersion totale dans l’univers numérico-mécanique de "8b+1" grâce à des mélopées synthétiques ou des ritournelles mélodiques proprement obsédantes… le gang ô combien talentueux d’Ibrahim, sans doute conscient des attentes, place une nouvelle fois la barre très haut tant au niveau du fond que de la forme… Et je dois reconnaître m’être laissé aspiré par ce rêve binaire orné de Metal classieux !

TURBULENCE y déploie avec inspiration, et armé d’une technicité aiguisée, une musique ample, forte de lignes rythmiques abrasives délicieusement torsadées, blindée par des riffs cadencés scotchés à un socle basse-batterie cascadant dont les tournures syncopées lorgnent clairement vers un Djent débridé. Les musiciens parfaitement synchronisés, y mêlent des variations intelligentes / naturelles entre séquences musclées et passage plus groovy où des mélodies envoûtantes apaisent tant l’âme que le corps… et ne s’interdisent pas d’y mêler des éléments discrètement arabisant ou encore propres au Jazz Fusion.
Tout comme sur le chapitre précédent, la voix tantôt écorchée, tantôt suppliante d’Omar El Hage complètement habité par son sujet vient orner ce cocktail instrumental déjà sacrément performant. Les trois instrumentaux (dont deux aux durées significatives) viennent alors intelligemment illustrer un arc narratif dense en invitant l’auditeur à faire jouer son imagination concernant la sortie de chrysalide du robot "8b+1". Les libanais, même privés de leur batteur officiel (qui a néanmoins participé à la composition) prouvent ici avec classe que "Frontal" n’était pas un coup de bol dû au seul hasard et lui donnent un successeur tout aussi ambitieux !

Comme il est sincèrement difficile d’exprimer une quelconque préférence objective dans cette forêt d’opulence que constituent les huit titres (je ne compte pas en effet la courte entrée en matière qui pour moi fait partie intégrante de "Theta"), je dirai simplement m’être justement laissé porté par ce fougueux et très prenant "Theta" au solo guitare tourbillonnant (bon dieu que cet Alain Ibrahim est doué !) ainsi que par le très poignant "Corrosion" et sa douce montée en puissance divinement abrasive… d’autant plus touchante quand on connaît les turpitudes auxquelles est confronté le peuple libanais actuellement.

Et là tu pourrais légitimement me héler, ô lecteur pointilleux ; ton œil gauche dévorant mes gribouillis qui composent cette chronique si volatile alors que ton œil droit est demeuré en haut de page fixant un 4/5 certes glorieux mais ne constituant pas le Saint Graal NIMiEn… Qu’est-ce que c’est que ce bordel Haplo ? Tu encenses TURBULENCE dans son inspiration et sa virtuosité musicale sur ce "B1nary Dream" aux charmes multiples sans pour autant lui attribuer la note maximale : Quid de la logique ?

Tu mettras ainsi le doigt dans le centre du réacteur sur lequel repose ma façon d’envisager une chronique : la logique cède ici le pas au ressenti. "B1nary Dream" est un très bon album, qu’on ne s’y trompe pas, mais ayant été littéralement happé par le feu d’artifice d’émotions et de technique que constituait un "Frontal" hors-norme touchant à la perfection de ce que j’attends aujourd’hui d’un album de Metal Prog, j’ai en effet perçu que les Libanais semblaient avoir quelque peu simplifié leur art, en voulant peut-être le rendre plus accessible… Bref, je suis monté moins haut dans les tours ! Choix artistique assumé ou évolution naturelle d’un jeu de groupe, TURBULENCE propose ici un Metal toujours aussi prenant, toujours aussi ciselé, mais un chouïa moins crépitant et festif dans ses délires techniques qu’il ne l’était sur l’opus précédent. La note n’étant finalement qu’une évaluation quelque peu futile sur une échelle de valeur somme toute très subjective, je laisserai chaque auditeur se faire sa propre opinion. Ce n’est que mon humble ressenti : à vos crayons les commentateurs !

Mes senseurs internes m’indiquant que mon épiderme synthétique a enfin retrouvé une température normale, j’active mes optiques globulaires et adapte le contraste à la lumière crue qui inonde la petite pièce. Le visage ridé de Suzan Calvin m’observe froidement. Les ondes de plaisir que j’ai ressenties à l’écoute de ce "B1nary Dream" ont elles laissé des traces sur le moniteur ? Comment les a t’elle interprétées ? Qu’elle valide l’expérience ou qu’elle mette fin à mes fonctions, le sort de l’Humanité en sera changé. C’est le moment que je choisi pour lui sourire...

- pour la fougue : "Theta",
- pour l’émotion : "Corrosion",
- pour le rythme et la tension permanente : "Hybrid",
- pour continuer à se faire plaisir : le reste de l’album.

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   HAPLO

 
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- Omar El Hage (voix)
- Alain Ibrahim (guitare)
- Mood Yassin (claviers)
- Anthony Atwe (basse)
- - Session :
- Morgan Berthet (batterie)
- - Guest :
- Danny Bou-maroun (orchestration piste 3)


1. Static Mind
2. Theta
3. Time Bridge
4. Manifestations
5. Ternary
6. Binary Dream
7. Hybrid
8. Corrosion
9. Deerosion



             



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