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2015 Disequilibrium
2021 1 Frontal
2024 B1nary Dream
 

- Style : Myrath, Psycrence, Need, Shattered Skies
- Style + Membre : Ostura

TURBULENCE - Disequilibrium (2015)
Par HAPLO le 28 Avril 2024          Consultée 452 fois

Trônant sur le plus haut sommet de la Montagne Sacrée des Saintes Harmonies, le Grand Dieu du Prog’, constellé par ses anges de la Parfaite Synchronisation et adulé par ses lutins sacrificiels de l’Ordre de la Rythmique Ciselée, prit une décision irrévocable. Levant son bras phénoménal aiguiseur de nuées, il perça les nuages et divisa l’Univers du Prog’ en deux mondes antagonistes qui s’opposeraient ainsi jusqu’à la fin des temps. Le premier de ces mondes engloba les plus beaux musiciens ; grands, blonds, forts, dont les yeux translucides regardaient déjà vers de nouvelles créations inédites et originales : il les nomma "Les Suivis", ou ceux qui font la Légende Prog’, toujours orientés vers l’innovation stylistique et l’avenir du genre. Pour les seconds ; les petits, les moches, les sans imagination, il créa le monde des "Suiveurs"… ceux qui ramassent les miettes, tous les peine-à-jouer qui composent laborieusement dans les coins sombres et réutilisent sans vergogne les figures créatives semées par leurs lumineux homologues…
Le Grand Dieu du Prog’ fut satisfait. Il se dit qu’après un effort aussi colossal, il pourrait même prendre quelques vacances pour aller lire de la poésie avec les sœurs succubes : ça l’aiderait à se ressourcer.

Comme tu l’auras sûrement compris, ô lecteur perspicace, les choses de la vraie vie ne sont pas toujours aussi simples et il est parfois quelque peu téméraire de coller précipitamment une étiquette de "suivi" ou de "suiveur" sur les fronts de musiciens ébahis qui n’ont rien demandé à personne. C’est néanmoins sans cacher à quiconque leur admiration béate aux Grands Précurseurs de DREAM THEATER que deux iconolâtres originaires du Liban, en les personnes des (très) talentueux Alain Ibrahim (guitares abrasivo-virevoltantes) et Mood Yassin (claviers mélodico-bondissants), vont rassembler autour d’eux une petite nébuleuse de musicos du cru d’où sortira ce qu’il convient d’appeler un combo hors du commun plus connu sous le nom de TURBULENCE. Déjà plongés tout bébé dans la grande marmite du Prog’, nos deux loustics n’en sont pas à leur coup d’essai et glissent déjà sur la vague initiée quelques années plus tôt par les pionniers inspirés d’OSTURA ("Ashes Of The Reborn" – 2012) mais en proposant plutôt des sessions live en hommage à ces incroyables Américains de DREAM THEATER… Ce qui pourrait sembler manquer d’originalité si la virtuosité instrumentale nécessaire à reprendre (sans se ridiculiser) les compos de DT n’inspirait pas à elle seule le respect ! Les Libanais forgent ainsi leur dextérité mais sans pour autant y perdre leur âme et préparent ainsi tranquillement mais sûrement leur première livraison studio. Rameutant quelques connaissances d’OSTURA (la voix d’Elia Monsef et les orchestrations de Danny Bou-Maroun), nos deux progueux du pays du Cèdre vont également et surtout s’adjoindre les services d’un vocaliste pas tapageur pour deux sous mais d’une redoutable efficacité en la personne du sieur Omar El Hage dont la voix à la fois rocailleuse et très mélodique va donner sa pleine signature artistique à ce combo d’inconnus.

Alain Ibrahim et Mood Yassin complètent ce premier line-up avec de (bons) musiciens de session pour figer dans le marbre les six compositions qui arment ce premier-né paraissant en juillet 2015 sous le titre énigmatique de "Disequilibrium" et au travers duquel ils parviennent, d’où ma trop longue introduction, tout en assumant pleinement leurs sources d’inspiration, à proposer un Metal Prog’ ambitieux à la technique irréprochable mais surtout doté d’une identité propre qui le différencie d’un énième clone de DT… Clonage qui dans de nombreux cas mène à une mort tant rapide que certaine. Nos compères ont digéré l’art de leurs aînés, se le sont appropriés, et surtout y apportent une touche toute personnelle qui fait réellement la différence : on est donc très loin de la distribution bipolaire et si cruellement déterministe voulue par certains !

Alors, effectivement, les amateurs de cheveux coupés en seize pourront toujours sournoisement ricaner en me désignant le long titre éponyme qui clôture l’opus en mettant en avant ses différentes séquences bigrement techniques, dont les résonances comme les voix et interludes narratifs rappellent clairement une compo made in DT que les Américains nous ont servi sous toutes ses coutures au travers de leur abondante discographie… La ficelle est si grosse que perso, j’y vois plus un hommage qu’un clonage bête et méchant même si la durée excessive de ce titre fait naître un imperceptible mais tenace sentiment d’usure face à cet étalage de technicité à rebond multiple. Il s’agit ici d’un premier album et il ne faudrait pas non plus oublier que le premier-né des monstres Prog’ sus-cités n’a laissé lui-même qu’un souvenir assez fugace dans l’imaginaire Metallo-collectif ! Alors on fait glisser le chargeur, on éjecte la cartouche chambrée, on pose le flingue, on s’assoit, on se sert un petit godet et on s’abreuve de pensées positives.

Car à ces jeteurs intempestifs de caillasses, j’indiquerai toute la talentueuse inspiration couplant la dextérité technique qui ressort du riche et puissant "Richardson's Nightmare" dont la rythmique en mode hachoir embarque l’auditeur dans un périple musical coloré jusqu’à sa ligne abrasive embellie d’orchestrations déboulant sur cette sonnerie de téléphone diablement angoissante… Je les inviterai également à se perdre dans les méandres chaloupés et progressifs d’un "My Darkest Hour" diablement prenant qui débute en catimini mais dont les lignes se durcissent et sont couronnées par des soli claviers/guitare dont les dentelles torsadées viennent achever cette belle montée en puissance. J’irai même à leur conseiller de se frotter à l’emblématique "Everlasting Retribution" où les voix sont tenues par des guests (Elia Monsef, Will Shaw et Rita Houkayem) et qui malgré son départ en faux-plat s’emballe gracieusement sur sa seconde partie montrant tout le savoir-faire des musiciens en matière de variations et de nuances : bluffant !

Bref, comme tu l’auras sans doute compris ô lecteur attentif, les Libanais de TURBULENCE, malgré quelques (petites) erreurs de jeunesse, m’ont séduit par leur Metal Prog’ intelligent, accrocheur, qui ne se lasse pas de surprendre par des riffs, soli, ruptures imprévues au travers de morceaux aux identités bien marquées. Au-delà de l’aspect purement musical, le plus gros reproche que l’on pourrait éventuellement adresser à ce "Disequilibrium" se situerait plus au niveau d’un mix qui ne valorise pas suffisamment la voix pourtant si attractive d’un Omar El Hage qui se retrouve de facto un tantinet étouffé par des instruments bigrement dynamiques… Dommage, les ambiances et la musique de TURBULENCE n’en auraient été que plus épaisses et prenantes.

Il n’en demeure pas moins qu’Ibrahim et Yassin, secondés par tous leur complices sur cette première galette proposent avec "Disequilibrium" un album des débuts riche, coloré et musicalement ambitieux. La musique des Libanais, si elle reste marquée par l’allégeance à DREAM THEATER ou si elle manque très ponctuellement d’une once de personnalité (cf "Never Let Me Go") indique néanmoins clairement une capacité à s’émanciper des modèles comme une créativité en devenir à tout foutre par terre… Alors espérons !

Traversant les grands couloirs glacés pour me rendre dans la Chambre du lit à baldaquins où le Grand Dieu du Prog’ révise sa poésie classique avec les Sœurs Succubes, je trempe un doigt gourmand dans le bol de mousse au chocolat trônant sur le plateau que je porte à bout de bras. Sachant que ce dessert Divin sera particulièrement apprécié, j’y trace un (très) exigeant 3/5 boosté pour les débuts très recommandables de TURBULENCE avec un "Disequilibrium" qui m’a donné envie et qui porte en lui de jolies graines d’avenir.

- pour la hargne et les orchestrations : "Richardson/s Nightmare",
- pour le (beau) crescendo : "My Darkest Hour",
- pour la seconde partie : "Everlasting Retribution".

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   HAPLO

 
  N/A



- Omar El Hage (voix)
- Alain Ibrahim (guitares, basse, voix additionnelle)
- Mood Yassin (claviers, synthé, home studio recording)
- Guest :
- Simon Ciccotti (batterie)
- Luca Ciccotti (batterie)
- Elia Monsef (voix)
- Rita Houkayem (voix)
- Will Shaw (voix)
- Emanuel Ciancia (saxophone)
- Danny Bou-maroun (orchestrations)


1. Hypnagogia
2. Richardson/s Nightmare
3. Never Let Me Go
4. Everlasting Retribution
5. My Darkest Hour
6. Disequilibrium



             



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