C’est un joli retour dans le temps que je vous propose avec ce "Original Karma", second L.P de la discographie des Français de SILMARILS.
1997 : à l’échelle des frises chronologiques, la France n’est pas encore Championne du Monde de ballon rond sur pelouse, c’est dire ! Personne n’y croit, et la scène Rock Fusion est plutôt dynamique à l’époque : NO ONE IS INNOCENT, FFF, LOFOFORA, MASS HYSTERIA et donc SILMARILS pour ne citer que les plus "célèbres" à l’époque. On parle de Fusion.

Vous le savez, j’ai adoré le premier opus, clairement engagé dans le sillon du premier brûlot de RAGE AGAINST THE MACHINE à l’échelle française. Des textes qui claquent, des grattes qui crachent et de l’énergie à gogo. Vous y êtes dans ces années 90 ?
Les guitares se font Metal par moments ("Who Cares") et se présentent toutefois en trompe l’œil avec le premier morceau "Tant Que Parle l’Économie" qui semble tout droit débouler de l’opus précédent datant de 1995, tout comme "L’Homme Providentiel". David ne change pas sa façon de soutenir le rythme : il rage furieusement derrière son micro et poursuit son entreprise.

La section rythmique sonne comme ce que l’on entendra avec "Eyeless" chez un SLIPKNOT ("En attendant", impossible de ne pas faire le lien comme sur "Dont’ Call Me Run Fast")… Et puis déboule "Karma", premier extrait de l’album (clip à l’appui) qui prend à revers toute la clique ! Du Funk, du Rap, une gratte bayou, des rythmes dits urbains et un côté bien zen pour ce morceau surprenant car efficace (le refrain assez simpliste fait mouche immédiatement). Mais ce n’est que le début ! "Le Cours De L’Histoire" se veut Rap Funk, sorte de croisement entre NTM (période "Suprême NTM" qui sortira… en avril 1998 !) et un peu IAM. C’est l’occasion de vous préciser que DJ Lethal (LIMP BIZKIT, HOUSE OF PAIN) a collaboré sur ce "Original Karma" au côté du groupe et de Clive Martin.

L’orchestration fait la place aux cuivres (trompette sur "Karma", saxophone à gogo sur "Disco", et sur finalement de nombreux arrangements comme "Don’t Call Me Run Fast"…) mais cela ne permet pas de rompre une certaine forme de répétitivité : "Disco" tourne en rond autant que "Runaway Shooting", l’intro de "Tout Reste À Faire" avec un sample de "Charlie et ses drôles de dames" et une longue montée en puissance concourt à cet ennui en lien avec un manque de moments marquants. David n’a pas son pareil pour monter en puissance avant de balancer un refrain rageur ("Who Cares"). SILMARILS propose donc désormais un mélange Rap/Metal Indus fourre-tout.
Les textes de David se révèlent engagés et truculents ("Tant Que Parle l’Économie"), suscitant la curiosité et l’intérêt de l’auditeur ("Karma"). "Original Karma" a le mérite de ne pas reproduire le passé : sans doute embêtant quand on est fan du précédent effort comme moi, mais gentiment différent. Les Français s’éloignent clairement mais doucement des références Fusion Metal pour tendre vers le Rock énervé. Il est ainsi plus évident de les rapprocher côté férocité d’un groupe comme NOIR DÉSIR que les autres combos précédemment cités qui ont bien davantage maintenu le cap des décibels par la suite.

Attention SILMARILS, à trop vouloir faire autre chose que les concurrents, il ne faudrait pas en perdre à la fois son énergie et son identité forte.

Note réelle : 2,5/5, arrondie à la note inférieure.

Top : "Karma", "Tant Que Parle l’Économie".