Après son coup d'éclat dans l'underground et le très petit milieu du Metal Épique, le deuxième album de SMOULDER était guetté par les amateurs. Mais que voulez-vous ? Cette année 2023 encore, le flot de sorties a considérablement dépassé mes capacités d'écoute et rendu la sélection drastique. Il fallait vraiment des titres particulièrement bien troussés pour qu'un album retienne suffisamment mon attention.

Et c'est un peu le problème que j'ai eu avec "Violent Creed Of Vengeance". Sur des mélodies particulièrement répétitives, Sarah Ann, qui semble particulièrement aimer les La bémol, qu'elle chante toujours exactement avec la même intention, ne parvient pas à faire prendre suffisamment corps à ses histoires, toujours basées sur l'univers "sword & sorcery" balisé par le son de CIRITH UNGOL et MANILLA ROAD (renforcé d'une touche du maître Michael Moorcock, qui se fait narrateur sur "Victims Of Fate") et par l'imagerie, une nouvelle fois incarnée par la main de l'autre maître Michael Wheelan ; cette couverture ornait l'Anthologie Amazons II qui comptait entre autres des histoires courtes de G.R.R. Martin.

Pas de gros progrès du côté du chant, mais côté musique on sent que les Canadiens (même si deux sont désormais résidents finlandais) se sont creusés la tête pour donner corps à leurs aventures épiques. Reste que c'est assez inégal. L'album commence bien mais on ne tient pas avec "Violent Creed Of Vengeance" le nouveau "Ilian Of Garathorm". Le propos de SMOULDER s'éloigne de ses penchants Doom pour partir dans un Metal Épique qui n'hésite pas à devenir aventureux pour servir son histoire, avec des tempi plus soutenus en majorité ("Path Of Witchery", "Spellforger"). Néanmoins ça ne marche pas à tous les coups, et le groupe nous perd un peu trop souvent sur "Violent Creed Of Vengeance".

Et le plus terrible, c'est ce ventre mou, à partir de "Midnight In The Mirror World" (qui commence plutôt bien, et c'est d'ailleurs une qualité commune aux sept titres de ce deuxième album) qui se perd dans sa structure, d'un "Victims Of Fate" pas mal mais un peu ennuyeux, avant de fièrement se redresser sur "Spellforger" et le final "Dragonslayer's Doom", plus proche des aspirations épiques, infernales et doomesques du premier album.

Si SMOULDER a profité des périodes de confinement pour peaufiner ses titres (il en aurait encore deux en réserve à finaliser, donc on peut s'attendre à un futur EP pour patienter en attendant le troisième album), ce qui me saute aux oreilles, c'est malgré tout un niveau musical relativement limité qui bride les velléités d'évolution du groupe, car si "Times Of Obscene Wild And Daring" avait pour lui la fougue et la spontanéité des premiers efforts, "Violent Creed Of Vengeance" plafonne et n'enfonce pas le clou comme attendu, quand bien même il manifeste un véritable élan et une volonté claire de se montrer plus agressif et conquérant. Pire, on se dit que si peu d'avancées en quatre ans, c'est pas dingue.

Note réelle : 2,5/5.