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DEATH TECH PROG MELODIQUE  |  STUDIO

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2016 Låniåkeå
2019 Velothi
2023 Heresiarch
 

- Style : The Faceless, Obscura, Beyond Creation, Rivers Of Nihil, The Zenith Passage
 

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The RITUAL AURA - Heresiarch (2023)
Par REMISSA le 11 Février 2024          Consultée 785 fois

Fébrile face à l’imprévisible. Tel est mon état d’esprit en attaquant le quatrième jet studio des Aussies de The RITUAL AURA, tant les trois opus précédents n’avaient rien en commun, si ce n’est leur propension à s’égailler généreusement. De l’exploration spatiale sur fond de Death Tech agressif, en passant par l’animation japonaise diluée sur un mastodonte de plus de soixante-dix minutes, pour finalement atterrir sur un tribute à Morrowind dans une approche nettement plus Prog, difficile de savoir à quelle sauce j’allais être bouffé sur "Heresiarch". Et mon moi-même plus jeune d’un tour de cadran d’horloge en pré-écoute avait raison d'émettre des craintes.

Cet album est ambitieux. Comme les précédents me direz-vous, mais la vitesse supérieure a clairement été passée, comme si tous les éléments les plus nobles des expériences passées avaient été mixés ensemble pour aboutir à un Mélo-Death-Tech-Prog instable comme de la nitroglycérine. Il marche en équilibriste sur le fil du rasoir en donnant une impression d’aisance indécente, joue avec nos nerfs, accélère et ralentit imprévisiblement, incorpore une foultitude d'instruments à cordes pincées et frottées, de cuivres, de chants éthérés, etc. La liste des courses est longue comme le bras et le champ des possibles s’ouvre à perte de vue, dans l’unique objectif de nous y égarer.

En un mot, les gusses de The RITUAL AURA sont des putains de nerds. Des nerds avec de l’or au bout des doigts et des cordes vocales. Le travail de recherche et d’incorporation d’éléments de différents horizons, majoritairement de la culture pop et vidéoludique, est colossal et se ressent tout du long des titres construits et égrenés de manière chaotique, fondant les uns dans les autres, tout se coupant parfois inopinément en plein crescendo pour changer totalement de décor… Il y a trop de choses, mais pourtant si bien agencées, que je ne distingue plus sciemment le "trop" du "juste comme il faut". Tout me désarçonne et joue avec mes sentiments… Il me faut garder la tête froide.

***RESET SYSTEM***

Side A
Bon. Commençons par le commencement. Déjà pour planter le décor, "Heresiarch" commence avec deux introductions. Pourquoi pas, on avait déjà vu deux outros, et nous ne sommes plus à ça près en termes de décontenancement. La première "véritable" intro au piano, "Light’s Hope", laisse place à "Ailing Catharsis", d’une lenteur et d’une lourdeur pachydermique, telle une préparation graduelle à l’avalanche qui s’ensuivra. Et d’entrée, les pistes sont brouillées, le titre se coupant en mid-section avec un pont de deux minutes orchestral assuré par un saxophone jazzy à souhait, en vue d’entamer la trilogie éponyme, principal ingrédient de ce premier acte. Ouf, cela attaque "enfin" avec un Death Tech plus conventionnel, basse fretless à l’appui, et avec le chant de Diaro Irvine bien plus Deathcore que celui de son prédécesseur, poussant dans des hi-screams à la frontière d’un Blackened irréprochable. Les changements de signatures rythmiques sont assurés par des saccades autoritaires à la ZENITH PASSAGE, dans leur approche quasi mathématique et l’ambiance "Donjons et Dragons" instillée par l’artwork colle, pour le moment, aux sonorités obscures dispensées. En arrivant sur "Devouring Sun", la basse fretless de Szymon Miłosz, couplée au chant désormais growlé d’Irvine, fait basculer la trilogie dans un registre proche d’OBSCURA, avant un nouvel interlude instrumental cryptique ouvrant sur la clôture de cette première face : "In The Warmth Of Its Glow We Thrived". Exit l’ambiance pour rôlistes, les sonorités virent désormais à du J-RPG, et colleraient parfaitement à un combat de boss sur un Final Fantasy ante-2000. Les paroles sont déblatérées en vers courts a contrario du reste de l’album tels une expulsion de rage, et le rideau tombe abruptement. Bordel, mais que se passe-t-il ?

Side B
À peine avons-nous le temps de souffler que l’arythmie ambiante assénée par les grattes de Levi Dale et de Brandon Iacovella reprend sur "The New Plague", en totale déconnexion avec les fûts de KC Brand, orchestrant et régulant tel un métronome la folie ambiante qui ne semble vouloir s’apaiser. Et comme si cette foultitude d'agressions ne suffisait pas, Stevie Boiser (INFERI) débarque vient entonner un couplet/break à la fin duquel sera époumoné "Heresiarch!", avant une ultime reprise avec un quatrain et tercet ouvrant sur un solo de saxophone. Ce dernier introduit "Unholy Nadir", pause tant méritée dédiée à la basse fretless dans une interprétation emplie de poésie dans ce déferlement inexplicablement envoûtant. À cette étape de la galette, votre cerveau doit normalement être en état de dysfonctionnement majeur. Aux plus courageux, deux titres restent en lice pour achever une exténuation entamée depuis désormais trente minutes, et qui en paraissent le triple tant tous les ingrédients d’un Death Tech fignolé jusqu’aux atomes sont classés méthodiquement comme un hypertapper le ferait au Tetris. En parlant de jeu, la fantasy entre de nouveau dans la bataille, avec des références difficilement identifiables entre Warcraft/Warhammer/Magic tant tous les lores semblent s’entremêler.
Et pour nous achever, arrive "Denouement Knell" et son quart d’heure de Prog Tech, opportunément dilué afin de ne pas totalement nous faire sombrer dans une folie sans retour, alternant entre des tremolos assommants et des soli jazzy en roue libre, s’ouvrant sur une ouverture au piano d’une chasteté antinomique.

Le dernier souffle est enfin arrivé, me laissant dans un état indéfini, entre la béatitude et la frustration d’avoir assisté, voire subi quelque chose de trop grand pour être appréhendé d’une seule traite. Le salaud m’a forcé à quasiment faire du track-by-track, tant il est dur de le résumer. Il m’aura fallu le repasser de nombreuses fois, dans un plaisir coupable et frustré, pour y déceler des détails qui m’avaient échappé lors des écoutes précédentes, pourtant attentives. Cet album met en échec et mat votre égo de "connaisseur" et vous oblige à rester concentré, à réfléchir, à l’analyser pour au mieux en apprécier l’essence, et au pire l’appréhender en surface. Je ne saurais dire, même à deux doigts de poster cette chronique, s’il est réellement superfétatoire ou si c’est tout simplement moi qui finalement, n’aurait pas les armes cognitives et la sensibilité nécessaire pour lui rendre ses lettres de noblesse. Dans le doute, je préfère me remettre en question.

Avis aux amateurs, vous êtes prévenus.

Note réelle : 4,5/5.

Morceaux préférés : "Heresiarch III: Devouring Sun", "In The Warmth Of Its Glow We Thrived", "Unholy Nadir".

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   REMISSA

 
  N/A



- Levi Dale (guitare, piano, ebow)
- Brandon Iacovella (guitare, backing vocals)
- Szymon Miłosz (basse)
- Kc Brand (batterie, percussions)
- Diaro Irvine (chant)


1. Side A
2. Light's Hope
3. Ailing Catharsis
4. Heresiarch I: Bruma Aeterna
5. Heresiarch Ii: Enduring Prophecy
6. Heresiarch Ii: Devouring Sun
7. Soulrending Materiae
8. In The Warmth Of Its Glow, We Thrived

1. Side B
2. The New Plague
3. Unholy Nadir
4. The Watershed Misnomer
5. Denouement Knell



             



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