Qui a dit que sélectionner un album de moins de trente minutes était la garantie de pondre une chronique rapidos grâce à des écoutes expéditives, et qu’il y aurait moins matière à proser à son sujet ? Car il se trompe lourdement, en témoigne ce premier album studio des Australiens de THE RITUAL AURA, qui nous balancent ce "Låniåkeå" (oui, je fais des copier/coller c’est trop chiant à écrire), qui a énormément de choses à nous raconter !

Les natifs de Perth nous proposent donc un album aux sonorités futuristes, abordant en long en large et en travers les thématiques cosmiques enjolivées de bon gros détails sci-fi, quitte même à inclure textuellement des paroles du vulgarisateur scientifique Carl Sagan à la fin d’"Erased In The Purge"; "Låniåkeå" se traduisant littéralement comme le "paradis incommensurable", étant le superamas de galaxies incluant celui de la Vierge, incluant elle-même notre chère Voie Lactée. Vous vous sentez petit et écrasé ? Tant mieux, car cette impression de rouleau compresseur est entretenue tout du long de cette très courte demi-heure.

En effet, il serait hypocrite d’affirmer que le minimum syndical nous est servi ici. Outre les partitions de synthés et autres effets galactiques ornementaux, la production volontairement inorganique vient rendre les harmonies de guitares de Levi Dale quasiment robotiques -ce qui peut rebuter les plus conservateurs d’un Metal authentique enregistré sur bandes et compagnie- mais totalement dans le thème. Les micros-breaks sur les polyrythmes à cadence folle désorientent l’écoute et témoignent d’une maîtrise insolente dans l’inventivité et de l’exécution des morceaux. L’atmosphère est globalement anxiogène, l’impression permanente d’être dans le vide intersidéral confortant ce sentiment pesant, et nous happe totalement dans leur… univers (jeu de mot cosmique !).

La basse de Darren Joy n’est pas en reste, notamment sur le long pont de "Precursor Of Aphotic Collapse" qui accompagne les lignes de Dale dans une boucle temporelle implacable. A ce propos, pas mal de passages sont répétés inlassablement, ce qui pourrait paraître un choix discutable à en juger par la courtesse de l’ensemble, mais ces loops arrivent à être suffisamment dosées pour asseoir un caractère enivrant, et non énervant, sacrée prouesse (il faut dire que j’aime le comique de répétition). Le chant de Jamie Kay est brutal comme il doit l’être, sans fioritures exceptionnelles, ni exotiques, qui mèneraient à un surplus d’informations pour notre cerveau de pauvres mortels, délivrant donc un point d’ancrage solide aux musiciens en alternant des screams intenses et des growls profonds.

Les inspirations de NECROPHAGIST (encore et toujours eux !) et de THE FACELESS sont prégnantes, et comme remises au goût du jour dans une version modernisée avec un mixage extrêmement léché (frôlant parfois le RINGS OF SATURN, le mieux est l’ennemi du bien… à l’instar de l’intro d’"Erased In The Purge").

En accouche finalement une galette succincte mais avec de la densité d’un trou noir supermassif, assez complexe à aborder, demandant une attention de tous les instants pour percevoir la substance de tous les éléments proposés. Et si la thématique ou le mixage surproduit ne vous a pas convaincus, ne passez pas si vite votre chemin, car à chaque album, THE RITUAL AURA sait se renouveler du tout au tout. Mais ça c’est une histoire pour une autre fois, et nous nous retrouverons ainsi bientôt sur son successeur, "Tæther", pour un "deux salles, deux ambiances" comme on dit.

Note réelle : Un solide 4/5 : un peu d’inconventionnel, ça ne fait pas de mal de temps en temps !

Morceaux préférés : "Ectoplasm", "Precursor Of Aphotic Collapse", "Time-Lost Utopia".

Point pochette : Meh. Un grain de folie au même titre que ce qui est délivré musicalement aurait été appréciable, c’est un peu terne tout ça !