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- Style : Rory Gallagher, Led Zeppelin, Gary Moore, The Who, Rival Sons
- Membre : Tipton, Entwistle & Powell, Black Sabbath, Whitesnake, Michael Schenker, Rainbow
- Style + Membre : Brian May, The Yardbirds

Jeff BECK - Rough And Ready [jeff Beck Group] (1971)
Par DARK BEAGLE le 20 Mars 2024          Consultée 374 fois

Forcément, en perdant son bassiste (Ron Wood) et son chanteur (Rod Stewart), Beck était plus libre en tant que décisionnaire de son groupe, mais cela ne faisait pas avancer les choses. Il était prévu qu’il rejoigne Carmine Appice et Tim Bogert afin de monter un super groupe, mais le destin fera que cela sera remis à plus tard : le teigneux guitariste va en effet avoir un accident de voiture dont il ne sortira pas tout à fait indemne ; une fois qu’il fut rétabli, CACTUS avait été monté et connaissait une certaine gloire aux USA. De fait, l’ancien YARDBIRD va remonter une nouvelle mouture du Jeff BECK GROUP, avec comme première recrue un certain Cozy Powell à la batterie.

Cependant, plutôt que de repartir le fusil sur l’épaule à la poursuite de Page et son ZEPPELIN, Beck va plutôt choisir d’explorer de nouvelles voies. Il va s’entourer de musiciens venant d’univers moins foncièrement Rock, comme Bobby Tench qui avait auparavant officié pour GASS, un combo œuvrant plus dans la Soul. Il complète le line-up avec le bassiste Clive Chaman ainsi qu’avec le claviériste Max Middleton, qui deviendra avec les années un collaborateur précieux du guitariste. Mais les ingrédients sont déjà tous présents pour que Beck se détourne du Hard Rock qu’il avait grandement contribué à créer pour se diriger vers des contrées plus groovy, plus Jazz dans l’âme (Clapton dira plus tard que Beck était un guitariste de Blues qui avait compris le Jazz).

Paru en octobre 1971, "Rough And Ready" est un disque qui fut accueilli de façon tiédasse par la presse spécialisée, beaucoup reprochèrent à Beck d’être moins flamboyant et d’avoir opté pour un chanteur dont l’approche était prétentieuse. Grosso modo, il était reproché à Beck de ne pas officier dans le Rock pur, d’être moins innovant que sur ses précédents albums. Forcément, il évolue là dans un registre plus cool, plus dansant mais pourtant, ses interventions restent remarquées, souvent Heavy malgré un style plus chaloupé, et nous reconnaissons toujours son style de composition. D’ailleurs, "Rough And Ready" a été presque complètement écrit par Beck lui-même, quand auparavant il laissait de la place à ses musiciens pour poser leur patte quand il ne revisitait pas avec brio certains standards du Blues et de la Folk.

Aussi cet album est assez étonnant. Déjà, le jeu de Powell attire l’oreille. Les fans de Hard Rock et de Heavy Metal le connaissent plutôt bien, il a fait ses armes dans de nombreuses formations, sa présence est souvent considérée comme un signe de qualité ou au moins de respectabilité, sa force de frappe faisant le reste. Ici, il se veut moins agressif, il délivre un groove puissant, qui conserve de bonnes bases Rock. Ensuite, il y a ce clavier, insistant, percutant, qui a la même animalité que le guitariste, qui reste bien entendu l’élément moteur. L’instrument rugit, se fait plus doux, prend les codes de la musique noire, tout en restant mordant.

Beck développe son sens du riff ici, proposant une palette assez large de styles, qui n’oublie pas de lier l’émotion à l’efficacité. "Got The Feeling" est à ce titre un opener absolument monstrueux. La nouvelle formation se dévoile totalement, entre une section rythmique monstrueuse de groove, un guitariste qui allie le meilleur du Rock dur et de la Soul dans son jeu, un claviériste qui parvient à le suivre et lui donner la réplique avant de s’effacer pour laisser revenir le patron. Et un chanteur qui fait le taf. Bobby Tench laisse peut-être moins de place à l’émotion que Stewart derrière le micro, mais sa voix légèrement éraillée colle plutôt bien à l’ambiance générale et se fond bien dans l’univers que décrit Beck au travers ses compositions (il est excellent sur "Jody" ou "Situation", dans deux registres très différents).

Si on doit réellement pointer du doigt un réel défaut, ce serait l’instrumental "Max’s Tune", et là encore juste parce qu’il a le malheur de ne pas être passionnant de bout en bout, ce qui est un brin chiant quand on s’étale sur un peu plus de huit minutes (idéalement placé en fin de face A, il permettait de s’arrêter là et de retourner le vinyle). Il s’agit d’un échange entre la guitare et le clavier, dont le début rappelle ce qui a été fait sur "Truth" trois ans plus tôt. Cela tombe malencontreusement un peu à plat malgré quelques passages très satisfaisants. Mais nous tenons déjà là les prémices de ce qui sera fait sur "Blow By Blow" et "Wired", encore trop bavard et pas assez dégrossi. Une affaire à suivre donc.

Le reste de l’album balance entre Rock Jazzy entraînant, R’n’B électrifié, Soul burnée et une certaine insolence de composition. En effet, sur ce disque Beck donne l’impression d’être un caméléon, d’être capable de s’approprier des genres qui ne sont a priori pas les siens et à les sublimer pour les rendre populaires au sein des amateurs de Rock. Comme s’il faisait de la vulgarisation avec une certaine impertinence qui lui appartient totalement (il refera cela avec l’Electro dans les années 90, avec une réussite un peu plus relative).

"Rough And Ready" est un disque qui porte les rides de son époque, mais elles lui confèrent un charme qui lui permet de résister aux ravages du temps. Autant ses deux premiers efforts post YARDBIRDS sont entièrement dans leur jus malgré un statut d’œuvres cultes et charnière, autant ici l’album conserve une fraîcheur, une pêche inattendue. Beck diversifie son jeu, il explore encore timidement de nouvelles voies, il se laisse aller à suivre ce feeling qu’il évoque justement sur la première piste et s’il se montre moins teigneux que sur le disque précédent, il conserve une bonne part d’agressivité dans son jeu, qui restera l’une de ses marques de fabrique. "Rough And Ready" est un disque qui mériterait bien d’être réévalué, réhabilité aujourd’hui car à défaut d’être innovant et fédérateur, il se contente d’être diablement addictif. Premier jalon d’une line-up éphémère, mais très doué, sans l’ombre d’un doute.

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   DARK BEAGLE

 
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- Jeff Beck (guitare)
- Bobby Tench (chant, guitare)
- Clive Chaman (basse)
- Cozy Powell (batterie)
- Max Middleton (claviers)


1. Got The Feeling
2. Situation
3. Short Business
4. Max's Tune
5. I've Been Used
6. New Ways/train Train
7. Jody



             



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