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2011 1 Heretoir
2017 The Circle

HERETOIR - Heretoir (2011)
Par DARK BEAGLE le 18 Février 2024          Consultée 773 fois

Si l’on devait décrire le Metal allemand, il y a de fortes chances pour que l’on évoque un Heavy Metal volontiers bourrin, du Power Metal aujourd’hui pour la plupart des formations, tout juste bon à animer les diverses fêtes de la bière, du Thrash pas toujours très finaud, mais qui a le mérite de vous refaire la raie sur le côté et de vous dégager la nuque, ainsi que de l’Indus assez dansant. Et si l’on vire tout cela, où que ces groupes finissent par prendre une retraite méritée, l’impression de contempler du vide risque de rapidement se faire ressentir. Pourtant, le milieu underground est plus vivace que jamais et de nombreux musiciens s’engagent sur des voies plus obscures et s’accrochent à un héritage Black Metal qui s’affine de plus en plus.

Parmi eux, nous retrouvons Eklatanz, que l’on connait également sous son vrai nom, David Conrad. Il a grandi en côtoyant diverses scènes extrêmes, que ce soit le Brutal Death ou le Grindcore, mais c’est avec son projet HERETOIR qu’il va se faire connaître. HERETOIR, c’est un métissage étrange entre du Black Dépressif à la AFSKY et du Post-Chaipaquoi à la CULT OF LUNA. Nous retrouvons de longues plages mélancoliques qui jouissent de phrasés hypnotiques à souhait. Mais ne brûlons pas les étapes et rembobinons un peu la bande.

La découverte avec ce disque se fait avant tout avec sa pochette, qui se veut terriblement évocatrice. On peut songer à Tim Burton pour l’esthétique gothique qui s’en dégage, on a le droit de penser au personnage du jeune Werther de Goethe, peut-être dans sa version Moorcockienne, prêt à se suicider à répétition. Elle donne une idée assez précise de ce que l’on peut trouver sur l’album, à quelle rencontre musicale nous allons assister. L’aspect extrême qui peut s’en dégager pourra faire fuir les plus récalcitrants au genre, mais globalement, "Heretoir" est nettement plus axé sur les mélodies et le spleen que sur la performance dans le domaine de l’agressivité, qui est toutefois présente en petites touches non négligeables.

Après un court instrumental qui ne sert pas à grand-chose, Eklatanz, qui s’occupe d’absolument tout ici, nous invite à la suivre dans son univers capitonné de noir. Afin de bien accentuer la mélancolie régnante, le musicien ne va pas s’embarrasser de chant à outrance, il va au contraire jouer sur de longues plages instrumentales, quand il ne va tout simplement pas se passer de voix. Quatre instrumentaux émaillent ce disque, mais un seul est réellement important : "Retreat To Hibernate", au titre plus qu’évocateur, qui nous mène à une langueur sinistre d’une beauté crépusculaire. Les autres servent à faire la transition où nous convier à une pause introductive bienvenue, car souvent, après, c’est du lourd.

Difficile en effet de rester de marbre face aux blast beats qui ouvrent "Weltschmerz", longue pièce scindée en deux parties distinctes, la seconde se voulant bien plus atmosphérique. Le Black Metal se fait par touches, ce sont des nuances, certains codes qui sont utilisés pour dynamiser une musique qui pourrait facilement devenir trop contemplative. Le chant, bien entendu, tend souvent dans ces régions déchirantes, mais cela peut également être une rythmique ou une ligne de guitare qui renvoient à ce style sans qu’il n’en devienne le fer de lance d’HERETOIR. À l’instar d’ALCEST, HERETOIR se sert du Black comme d’un moyen d’expression plus vaste, afin d’arriver à quelque chose d’autre qu’un énième ersatz haineux des formations des origines.

Aussi, il n’est donc pas étonnant de se retrouver face à des passages inattendus. Ou plutôt, que l’on n’avait pas anticipé, comme "To Follow The Sun", qui tranche complètement avec le reste avec son groove particulier, le pattern étant presque entraînant. Le chant angélique (attention, angélique, pas lyrique) est assuré ici par Ida Helleboe, que l’on a déjà pu entendre au sein de JOYLESS. Il s’agit clairement de l’instant le plus lumineux de l’album, celui qui l’empêche de rentrer complètement dans la dépression comme tente de le faire "Heretoir", longue pièce finale qui clôture l’ensemble non sans une certaine finesse.

Vous l’aurez compris, ce disque est susceptible de plaire à ceux qui ont du mal avec le Black Metal. Les codes sont présents, mais ils ne font pas l’essentiel des compositions, Eklatanz se montre rapidement doué pour brouiller les pistes. Dès "Fatigue" justement, qui part vers des contrées bien obscures, avec un style assez radical, qui se voit contrebalancé par un chant clair un brin plaintif, qui fait bien ressortir ce concept de fatigue justement. HERETOIR développe une espèce d’onirisme fiévreux qui se révèle petit à petit et qui ne manque pas de charmes, ne serait-ce que pour satisfaire la curiosité du chaland qui poserait une oreille sur cet objet pour le moins délicat.

Et donc le spleen est omniprésent. Il figure déjà sur la pochette, il suinte sur presque tous les morceaux, avec sa noirceur qui n’agit jamais comme un répulsif. Ce n’est pas joyeux, mais l’homme derrière ce projet ne cherche pas à accabler l’auditeur, à l’écraser avec une trop grande négativité. Non, il utilise sa musique pour décrire, faire ressentir des émotions, avec des idées parfois proches des sirènes Gothiques raffinées. Cela pourrait se faire de façon plus bruyante, dans les larmes et le sang, mais l’approche d’Eklatanz se veut plus fine, s’écartant de certains stéréotypes pour mieux jouer avec d’autres et affirmer sa patte au travers un album où finalement tout n’est qu’une question de justesse et de subtilité.

Si ce disque n’est pas forcément facile d’accès, qu’il demande un certain temps pour être apprécié à sa juste valeur, chaque écoute semble amener de nouvelles découvertes, comme une mélodie à laquelle nous n’avions pas forcément fait attention plus tôt qui se révèle brusquement, ou se retrouver enivré par une mélodie entêtante sur un moment instrumental. Ce premier essai n’est peut-être pas un chef d’œuvre, il y a tout de même quelques petites longueurs çà et là, mais il est difficile de nier qu’il y a un talent d’écriture et d’interprétation derrière cela. HERETOIR, malgré son aspect désolé est motivant car il nous invite à rentrer toujours un peu plus en profondeur en son cœur pour en dénicher tous les secrets. Un très bel album.

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   (2 chroniques)



- Eklatanz (tout)
- Ida Helleboe (chant sur 'to follow the sun' - invitée)


1. The Escape - Part I
2. Fatigue
3. Retreat To Hibernate
4. O
5. Weltschmerz
6. Graue Bauten
7. The Escape - Part Ii
8. To Follow The Sun
9. Heretoir



             



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