Voici une chronique qui fera certainement plaisir (j’ose en tout cas l’espérer) à un de nos lecteurs, SB, puisque via notre guestbook, il nous a demandé en mai 2023 de chroniquer un groupe qui n’apparaissait pas encore sur NIME, à savoir les Finlandais de SILVER BULLET. Il a bien fait de demander car le groupe en question vient en cette année 2023 de sortir un nouvel album "Shadowfall" avec d’ailleurs un nouveau vocaliste en la personne de Bruno Proveschi (on y reviendra dans la future chronique de "Shadowfall"). La bonne nouvelle c’est que cette formation n’a bien évidemment pas échappé à mes radars puisque j’ai découvert "Mooncult" et second opus du groupe en 2019. Cela faisait d’ailleurs pas mal de temps que je souhaitais vous le présenter.

Pourquoi cet intérêt pour ce "Mooncult" ? Et bien tout simplement parce qu’il s’agit certainement d’un des meilleurs disques de Power Metal de 2019. Et oui tout simplement ! "Mooncult" est un concept album qui relate des procès de sorcières en Écosse au XVIème siècle (l’introduction "1590 Edinburgh" avec chants religieux et orchestrations conférant même une atmosphère quelque peu dramatique plante d’emblée le décor) et est construit en trois actes pour pas moins de 12 titres. Ce disque est franchement des plus plaisants avec qui plus est un superbe artwork (l’œuvre du guitariste d’IMPERIA, mais aussi graphiste/illustrateur et fondateur de Darkgrove Design avec quelques références telles que BATTLE BEAST, SIGNUM REGIS ou bien encore DELAIN), et dresse un Power Metal de très grande qualité, quelque peu féroce de manière générale, qui sans révolutionner le genre rappellera tout de même par endroits les plus belles heures d’éminents groupes tels que BLIND GUARDIAN notamment au niveau des chœurs ("She Holds The Greatest Promise", "Forever Lost"), des riffs et cavalcades rythmiques et du chant aussi, proche parfois de Hansi Kürsch ("Maiden, Mother And Crone"), et dans une moindre mesure HELLOWEEN et GAMMA RAY pour les parties un peu plus mélodiques (Speed Mélo) voire même au niveau des vocalises de Nils Nordling lesquelles ne sont pas si éloignées parfois, non plus, de celles d’un Kai Hansen ("Forever Lost", "The Witches Hammer") même si dans un registre un peu différent. Nils se situe malgré tout dans des tons plus graves et agressifs, parfois à la limite de l’opératique aussi ("Eternity And Hell", "The Chalice And The Blade"), mais à l’instar d’un Kai Hansen, Nils peut également lâcher quelques cris un peu plus aigus.

Globalement, l’ensemble est plutôt homogène qualitativement mais réellement diversifié, entre titres rapides, véloces et directs à la BLIND GUARDIAN donc, voire même Thrashy par endroits (je citerais d’ailleurs le riff 'clin d’œil' MEGADETH-ien de "She Holds The Greatest Promise") à l’image même de "Maiden, Mother And Crone" et de la tuerie qu’est "The Witches Hammer", interludes (le très bel acoustique qu'est "Purgatorius Ignis"), et titres plus nuancés, la plupart très mélodiques et accrocheurs ("Battle Of Shadows", "Forever Lost") distillant ici et là de lourdes et sombres ambiances ("Light The Lanterns", l’introduction de "Burn The Witch", "Eternity In Hell"), à grand renfort d’orchestrations, de claviers omniprésents (Hannes Horma l’un des guitaristes aux manettes), de chœurs puissants et dominants sur le disque et même de passages narrés/parlés ("Burn The Witch" qui est doté notamment d'un pont astucieux). Les Finlandais n’hésitent également pas à inviter Capri Von Wirkkunen, la vocaliste d’AMBERIAN DAWN pour ajouter une petite touche féminine sur "Chalice And The Blade" qui n’empêche pas le titre de livrer là le passage le plus explosif de l'album, avec non seulement un furieux solo guitare mais également quelques passages purement Speed Mélo. De ce fait, on soulignera d'ailleurs et plus particulièrement le très bon travail mélodique apporté par la paire de gratteux Hannes Horma/Henri Asikainen tout au long de l'album, qui mine de rien envoie quand même du lourd je trouve ("Chalice And The Blade" ou bien encore sur le presque néo-classique et rapide "Battle Of Shadows").

Personnellement, "Mooncult" m’a fait une très belle impression d’ensemble (et continue d'ailleurs de le faire) grâce notamment à des compositions pour le moins bien ficelées, très véloces mine de rien, rapides pour la plupart, et emmenées par un chanteur très convaincant, sans pourtant occulter les ambiances sombres qui couvrent le concept du disque. Malheureusement à ce niveau, les Finlandais auraient du pousser un peu plus en avant les atmosphères (un peu comme KING DIAMOND l'avait fait sur "The Eye" par exemple et à titre de comparaison pour rester sur le thème des sorcières) en les rendant un peu plus marquantes et malsaines. Dommage pour le coup. Il n’en reste pas moins un album très solide avec de beaux éléments orchestraux, non pompeux, qui lui confèrent également une aura quelque peu majestueuse et épique. Plutôt prometteur pour la suite !

Morceaux préférés : "She Holds The Greatest Promise", "Forever Lost", "Burn The Witch", "The Witches Hammer".

Note : 3,5/5 arrondi à 4/5.