"It’s the most… wonderful time… of the year…" disait l’autre.

Noël, c’est quand même pas méga-Metal, avouons-le nous. Autant nous sommes gâtés deux mois avant pour Halloween avec un thème tout trouvé, mais exprimer son côté evil durant les fêtes de fin d’année, hormis en sortant son pull moche faussement tricoté de Slayer pour faire rire des collègues de boulot qui n’ont même pas la ref’... complicado.

Heureusement, les joyeux lutins d’AUGUST BURNS RED ne se laissent pas abattre et nous proposent depuis 2009 quelques fulgurances noëlesques (ce mot existe vraiment), réunies et agrémentées de nouveautés dans un album dédié tel un calendrier de l’Avent : "ABR Presents : Sleddin’ Hill". Alors, dit comme ça, un des grands pontes du Metalcore qui sort un album concept de quinze putains de titres basés exclusivement sur la célébration de la naissance de Jésus, dont une composition maison, ça peut sembler relever de la farce. Détrompez-vous, mettez-vous confortablement devant votre feu de cheminée, cet album ne sent pas le sapin, loin de là !

Et pour le coup, ça aurait pu se justifier de reprendre "Vive Le Vent" et "Petit Papa Noël" en les blastant comme des ânes sur un EP pour la déconnade, mais là les américains sont on ne peut plus premier degré dans l’exécution des chants et comptines traditionnel(le)s en leur rendant un vibrant hommage. Tout de même, évitez de passer ça au réveillon en présence de Mamie pour réchauffer les coeurs, car même si elle a survécu au COVID après avoir été reléguée à camper dans la cuisine, elle va juste taper un infarctus. Et paf, un héritage de la part de Satan Claus !

L’album est entamé par "Flurries", une composition maison du guitariste Brubaker, douce introduction qui annonce nonchalamment la couleur, avant d’entrer dans le dur et de faire débouler (de neige) des titres tombés dans le domaine public avec une énergie et un humour bienveillant et totalement débridé, du fameux "Vive Le Vent" ("Jingle Bells") à "Rodolphe, Le Petit Renne Au Nez Rouge" ("Rudolf The Red Nosed Reindeer", seul titre réellement chanté), tout y passe.

Les titres dansants (la palme d’or à "Sleigh Ride" avec son break jazzy du plus bon goût) sont contrebalancés avec des éléments plus calmes voire solennels, à l’instar de "O Come, O Come, Emmanuel", "God Rest Ye Merry Gentlemen" ou encore "Carol Of The Bells", magistraux dans leur réinterprétation. Car ici on parle bien d’interprétations ou de réarrangements plutôt que de reprises débiles vous l’aurez compris.

Dans l’ensemble, les fûts de Greiner tiennent fermement l’album en haleine avec ses blasts totalement déconnectés de la réalité qui vous feront forcément sourire dans les choix des placements. Le reste est assuré par ledit Brubaker accompagné de Rambler nous gratifiant de riffs et de soli soutenus sans trop en faire dans un savant dosage entre rigolardise et technicité.

Un des seuls titres à se faire un peu malmener (pour son bien, aucun farfadet ou sucre d’orge n’a été blessé lors de l’enregistrement) est la "Danse de la Fée-Dragée", ou "Casse-Noisette" ("Dance Of The Sugar Plum Fairy") de Tchaikovsky, très et même un peut-être trop Metalisée. Mais vu la constance de l’ensemble, cela est bien vite pardonné.

C’est un véritable tour de force de non seulement proposer, mais surtout réussir un tel album. A se repasser sans modération (pas comme le chocolat ou les fruits de mer) même en été, en cas de coup de blues, etc.

Et ils ont eu le bon goût d’éviter "All I Want For Christmas Is You", donc… Oh wait.

Merry Christmas Motherfuckers !

Note réelle : on va pas mettre 5 non plus, ce serait quand même chié, c’est un site sérieux ici tout de même !

Titres préférés : "Carol Of The Bells", "God Rest Ye Merry Gentlemen", "Rudolf The Red Nosed Reindeer".

Point pochette : Ah… l’ambiance carte postale sous un épais manteau cotonneux, quelle belle perspective - Attendez mais c’est pas une luge par terre là !