Oulala, qu’elle est vilaine…. À la remise des prix de décembre, il se pourrait bien que JESUS PIECE récupère une petite breloque remise par Ricky Gervais en personne. Malheureusement, à l’instar des Razzie Awards, ce sera sans doute celle de la pire pochette. Et ce, quand bien même la compétition s’annonce féroce, tant nous avons subi cette année nombre d’immondices d’un autre temps (je me réveille encore en sursaut la nuit, tremblant de sueur, avec la vision du dernier CROWN THE EMPIRE). Celle-ci figurera cependant dans mon palmarès personnel de fin d’année, le logo pourrissime pouvant faire office de facteur aggravant. Alors vous êtes sans doute en train de vous dire : "keskon s’en branle de ta pochette, mon Kol, NIME c’est de la Zic et du Metôl, ranafout’ de tes élucubrations sur les artworks, d’autant qu’on strime, nous, mec. Putain, rendez-nous Pinpin et Possopo et sortez ce guignol !".
Et vous aurez sans aucun doute raison, mais comme je tiens la plume, je raconte bien ce que je veux.

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Ouais, bon… À un Jeff ou un Fenryl près, quoi…

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Bref, le premier contact avec la bestiole s’avère peu engageant, c’est un fait. Le loupé est d’autant plus dommageable qu’il ne reflète aucunement ni le style ni la qualité du contenu de la galette. Comme quoi, persévérer dans la vie peut s’avérer source de bien des satisfactions. Car "…So Unknown", second LP de son géniteur, constitue au final une agréable découverte, dans un style Metallic Hardcore qui, de plus, me séduit particulièrement ces derniers temps, quand bien même il serait réducteur de le restreindre à cette qualification.

Fondé en 2015 à Philadelphie par le frontman Aaron Heard, les gratteux David Updike et John DiStefano, le bassiste Anthony Marinaro et l’excellent cogneur Luis Aponte, le line-up du combo n’a pas évolué depuis, un signe souvent gage de qualité et de consistance. Trainer ensemble dans les bas-fonds, rien de tel pour vous souder une équipe. Si l’énergie du rendu relève indubitablement de la scène Hardcore - de même que l’intention vocale -, la musique s’avère en revanche bien plus métallique, piochant allègrement du côté du Deathcore. L’ensemble, compact comme un pilier droit de rugby, s’avère d’une forte intensité, bien plus violent que nombre de disques qui gonflent les muscles devant la première adolescente emo qui passe.

En dix pistes et un peu moins de trente minutes, JESUS PIECE éparpille façon puzzle, car il possède une arme absolue : le Groove. Ses compositions transpirent les influences Funk, de celles qui font remuer tout ce qui passe, la nuque comme le popotin. Et la combinaison du Hardcore avec la (Foxa)fônk, depuis RAGE AGAINST THE MACHINE, ben on sait que ça cartonne. Alors attention, n’allez pas me faire dire ce que je n’ai pas écrit : "…So Unknown" n’a RIEN à voir avec Morello et sa clique, en revanche, on retrouve dans l’écriture cette fusion des styles, dans une déclinaison bien plus mordante et sans concession.

Même si aucun des membres ne démérite de quelque façon que ce soit, le grand monsieur de la galette, c’est incontestablement Luis Aponte, ZE révélassionne. Autant à l’aise sur des motifs Punk que sur des rythmes plus chaloupés, le bonhomme mène à la baguette (c’est le cas de le dire) son gang, autant que son public. El Patròn ! Ça faisait longtemps que je n’avais pas découvert un nouveau batteur, frappant avec autant d’à-propos. Rien que pour cela, l’écoute est remboursée cash.

Pour le reste, ma foi, JESUS PIECE officie malgré tout dans un registre très (trop ?) classique, à base des riffs rapeux, de guitares labellisées Metalcore hachées au couteau comme le tartare de chez Paul Chêne, de Breakdowns certes lourds mais souvent téléphonés en PCV, d’un hurleur plutôt versatile, qui envoie à l’occasion des Growls bien Death dans l’esprit sur un phrasé plutôt -core. Rien de mauvais, mais rien de transcendant non plus, surtout sur la première partie du skeud (chose étonnante tant nous sommes habitués à l’inverse, les maisons de disques nous appâtant avec les premiers titres avant de combler le fond de cuve avec des bouche-trous). Pour tout vous dire, on s’y emmerde un peu sur les bords, l’impression de déjà-entendu prenant légèrement l’ascendant sur ce Groove, au demeurant fort sympathique.

Heureusement, il se passe un petit quelque-chose de plus notable sur la "face B" ! Hallelujah, comme disait ma grand-mère ! Les ambiances se font plus prégnantes. La formation oxygène justement à dessein son brasier pour mieux l’enflammer, variant également les motifs de guitare, renforçant des sonorités plus recherchées qu’un simple accord plaqué à la va-vite. On y retrouverait presque quelques petites atmosphères à la INCENDIARY, powered by Will Putney, en un peu plus brutal, avouons-le. De ce fait, la recette en redevient bien plus digeste et - j’oserais presque - par certains aspects, catchy. "Silver Lining", pour ne citer que cette piste, fait étalage d’une belle maîtrise, qui à aucun moment n’aseptise l’agression, ADN de JESUS PIECE. Comme quoi, il est possible de taper fort et d’avoir un petit palpitant qui bat sous des pectoraux d’acier.

Car on ne ressort pas indemne de "Gates Of Horn", autre highlight de l’opus, de sa batterie de déglingo, de l’intensité qu’Aaron Heard colle dans chaque mot qu’il vous éructe à la face, postillons inclus. C’est bien là la principale qualité du groupe, auquel il ne manque qu’un brin d’accroche mélodique et peut-être également de simplification de ses structures, pour plus encore accentuer son impact. Ces défauts sont assez similaires à ceux des premiers essais de KNOCKED LOSE. À vouloir en coller trop, en trop peu de temps, on perd en lisibilité et surtout en efficacité. Les Américains devront sans doute peaufiner un chouïa leur formule pour espérer taper la note supérieure auprès de votre humble serviteur, ce qui n’enlève en rien aux mérites de "…So Unknown". L’album constituera à n’en point douter un joyeux défouloir à qui voudra s’en donner la peine.

N’empêche…. Quel artwork immonde…