KAMPFAR avait de raisonnables ambitions en 1996 (les deux premières compositions sont tirées d’une promotape de 1994), et cet EP aux fausses allures de démo, remet le drakkar au centre du fjord si je puis dire ! Né des alluvions de l’ancien projet de Dolk, les biens nommés MOCK qui auront eu le mérite avant de splitter d’engendrer un EP absolument génialissime répondant au doux nom de "Vinterlandet" (= le pays des merveilles) - une pépite comme on en découvre plus beaucoup tant les ratissages sont pugnaces et les trésors déjà capturés -, qui est une parenthèse de douze petites minutes partagées entre trois titres absolument rageux et survolant d’un vol fier et racé un ciel vengeur. La musique de KAMPFAR fait monter les flots qui à leur tour envahissent les rives par vagues successives.

KAMPFAR avec cet opus éponyme annonce de manière un brin tempétueuse, les futurs embruns glacés de "Mellom Skogkledde Aaser". Trois titres composent le disque et en donnent déjà bien assez sur le style et la signature bien marqués de KAMPFAR : un Viking / Black Metal rageux et moins bucolique qu’il n’y paraît. Les artworks, d’une belle beauté laissent peu présager des éléments furieux qui forment l’ADN du groupe. En faisant le lit d’une rivière, coincée entre les rives d’un WINDIR et d’un EINHERJER, KAMPFAR adopte une posture volontiers plus agressive et guerrière. Les vocalises de Dolk font vœu d’exemplarité en la matière et raisonnablement embarquent les riffs vers le conte d’histoires anciennes pleines de virilité et d’effrois effrénés.

Le title-track est à lui seul une véritable épopée, le grésillement des guitares dissipe la brume et permet au drakkar de se frayer un chemin et de faire valoir les couleurs de la voile comme étendard évocateur des volontés de conquête. Le chant clair ajuste l’ambiance guerrière et harangue les ordres, Dolk en a vraiment dans le coffre et son jeu puissant balaie tous compromis bancals. KAMPFAR ne se cherche pas, son originalité est forte, sa détermination se perçoit tout comme son identité. "Hymne" porte bien son nom, ce titre-phare de la discographie de KAMPFAR se retrouvera de manière finalisée et porté par une production impeccable sur le fameux "Mellom Skogkledde Aaser" dont je vous parlais tout à l’heure. Le crunch des guitares y apparaîtra autrement plus tranchant, portant la vindicte à son apogée sur ce titre possédé par l’esprit de la conquête et de la mort. KAMPFAR prêchera un Black Metal mid-tempo, calé au rythme de la rame et des vents. Enfin "Hjemkomsten" propose une pièce symphonique parée d’un Ambient plus ou moins réussi. Les premiers passages m’ont fait passer, à tort ou à raison au "Cosmojam" de ARCTURUS, même si le parallèle se dissipe rapidement. Cette track n’est pas exempt d’intérêt mais sonne comme une outro d’un EP de trois titres, c’est un peu maigre dira-t-on.

Néanmoins les dix-huit minutes de cet EP hument bon la terre retournée d’un tumulus et sont juste des évocateurs en puissance de la suite passionnante que le groupe produira. Tout amateur de Viking Metal extrême se doit d’écouter WINDIR, THYRFING, les débuts de ENSLAVED ou de ENSIFERUM dans une moindre mesure tout de même, KAMPFAR a pour lui une aura plus sombre et me semble enténébré bien davantage que les autres groupes sus-cités. Et que dire alors des albums suivants : "Mellom Skogkledde Aaser", "Fra Underverdenen", ou bien "Kvass" ? Vous plaisantez j’espère ? Volthord est votre ami.