Encore arc-bouté sur l’aspect mélodieux des choses, FORLORN continue sur la lancée de son incroyable et prodigieux EP que j’espère vous avez écouté (si tel n’est pas le cas je vous en prie faites-le !). En proposant enfin leur pièce maîtresse long format cachée peut-être dans l’une de ce palais de cristal - le château de Neuschwanstein en Bavière plus exactement - FORLORN à l’image de cette belle pochette cède enfin à ce que l’on ouvre son trésor chéri et que j’en détaille le contenu.
FORLORN a toujours été relégué très injustement derrière d’autres mastodontes qui, j’extrapole peut-être, ont pris toute la place sans en concéder. Je pense notamment à BORKNAGAR, THYRFING ou même AMON AMARTH, et peut-être WINDIR même si je n’ose le dire avec force tant Valfar me semble hors classe.

Sous le probable tutorat de Garm (ULVER) qui s’est occupé de gérer le mastering de cet album, FORLORN agrège deux morceaux issus de son précédent EP, "Ragnarok" et "Ærefull Ferd". Le choix de reprendre ces deux titres est peu intéressant, même si leurs qualités mélodiques et leurs riffs entraînants et acérés font toujours plaisir à entendre. Mais en aucun cas, ils ne doivent vous dispenser d’écouter cet EP "Forlorn" (bis repetita), sur cet énième conseil j’arrête de vous farcir la tête. Mais ne nous arrêtons pas à cela et plongeons enfin dans l’univers de ce "The Crystal Palace".

C’est la douceur et la constance mélodieuse qui frappe aux portes de l’esprit. Cela reste épique - nous marchons toujours ici sur les plaines du Viking Metal - mais les batailles frondeuses, les épées tranchantes, le sang de la victoire semblent reléguer en second plan par notamment un clavier très atmosphérique, parfois un poil pompeux mais surtout planant. Le sentiment nostalgique prédomine et donne de la consistance aux ambiances de FORLORN. Ce phénomène est appuyé par le chant clair de S.Aske (officiant aussi chez les cousins germains de GEHENNA) et l’adjonction de chœurs tout aussi enchanteurs, beaux comme autant de cristaux polis par la nature. Écoutons les refrains profonds et traversants de "Lik Av Falne Menn" ou ceux de "Bærer Av Nordstjernen", sans parler de ceux de "Gate Of Mystic" (mon titre favori de l’album), qui nous entraînent à fermer les yeux pour que l’écran noir de nos pensées forme une foultitude d’images voluptueuses. C’est une habitude chez FORLORN, la délicatesse mélodique resplendit et entraine l’esprit à prendre de la hauteur et à se survoler.

C’est donc un Black/Viking Metal Mélodique qui se loge dans ce "The Crystal Palace" avec toute la beauté d’un WINDIR tempéré et romantique mais tout aussi homérique. Les deux tracks instrumentales ne déméritent pas d’émotions, "The Magellanic Clouds" par ailleurs porte bien son nom. Les nuages de Magellan sont ces deux galaxies voisines de la nôtre qui nous ont livré des images remarquables d’objets célestes tels que des nébuleuses. Cette pièce musicale est une vraie ballade sonore, une promenade céleste où nos neurones baignent avec plaisir dans les dunes du ciel. "Lunar Eclipse" la seconde pièce instrumentale quant à elle est un titre symphonique uniquement porté par le synthé de Alvarin. Il me rappelle quelque peu le titre "Opus A Satana" de EMPEROR présent sur l’EP "Reverence". Il nous emmène là encore si haut dans les cieux tant il fait plaisir à entendre.

FORLORN nous livre un album majestueux, enivrant de bout en bout. Porteur de quelques lacunes dans certains riffs (notamment le pont bizarroïde Indus présent sur le titre éponyme, qui me rappellerait du mauvais DØDHEIMSGARD), l’album est néanmoins une véritable pépite superbement inspirée et foncièrement très bien composée. À découvrir et même plus que cela.