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2011 Je Suis Autrefois
2023 Promesses
 

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EPHELES - Promesses (2023)
Par STORM le 6 Novembre 2023          Consultée 1870 fois

À un moment donné il m’a paru chuter dans ma vie et je n’ai rien pu faire d’autre que poser genoux à terre. Un jour encore j’ai fui de mon propre pays, de ma propre destinée, j’ai fui en moi avec un détachement que je ne m’explique pas. J’ai cru avoir perdu le sens des choses, le fil et la raison. Je me sentais comme brouillé avec moi-même et embrouillé péniblement par mille marasmes attaquants. Je perdais mon enveloppe et ma peau ne semblait plus pouvoir me protéger des vicissitudes. J’hallucinais sa desquamation comme autant d’ADN et de cellules mortes à jamais abandonnés au sol. Les jours qui s’égrenaient semblaient me larver impitoyablement et de la manière la plus féroce qu’il soit. Je me sentais comme cliniquement mort, j’avais perdu toute trace éparse d’un chemin heureux, d’une destinée sereine et d’une quelconque rêverie. J’errais au hasard via "Les Souillures Du Temps" et ces dernières fondaient dans mon cœur un alliage oppressant d’amertume et de noirceur sournoise. Je voyais gesticuler le monde devant moi et j’étais incapable de le suivre, et je ne le voulais surtout plus. Allais-je pouvoir me relever ?

Je croyais entendre régulièrement des cris de douleur percer l’horizon, je pensais pouvoir les identifier mais ma voix ne portait plus aucun son, mes lèvres semblaient inertes. Étaient-ce donc les miens, ceux de mes cauchemars, ou les cris d’une femme et/ou de son enfant ? En plongeant "Un Dernier Regard" avec moi-même, des souvenirs de scènes archaïques me submergeaient intensément ; au milieu de mes propres funérailles, je me voyais tour à tour nourrisson, innocent à l’existence, dépendant de l’Autre mais aussi adulte, emmuré vivant, enfermé dans mon propre cercueil, heureux comme un diable attendant la pénitence éternelle et un aller sans retour. Je gesticulais alors intensément au milieu de sons glacials, de chœurs d’église, d’élégies et de couches de syncopes mystiques en tentant de me raccrocher une dernière fois à l’existant. "Maman ? Maman, où es-tu ?". (1)

Nous courons à notre perte, la lutte est inégale et nous le savons tous. "Tous les jours vont à la mort : le dernier y arrive" (2). Sur mon lit d’impuissance où j’avais chu et où j’étais incapable de me relever, je percevais la danse de la Mélancolie s’emparer de mon âme et l’étreindre avidement. Je me voyais contempler les frasques de la vie sur mon corps. "Quel Âge A Ce Visage ? ". Devais-je contempler les friches du temps qui s’éveillaient dans mes rides et que je méritais. Mon oméga mélancolique définissait-il ce que fondamentalement j’étais ? Précipitait-il le pourrissement de ma pensée ainsi que ma volonté de n’être plus rien au monde ni même une quelconque trace ? Précisait-il que j’allais enfin disparaître du champ du visible, et de troquer mes apparats vivants en de l’inerte, de l’inamovible ?

Sur ce lit de damné je n’avais réussi à faire qu’un seul geste heureux, celui d’écouter EPHELES. "Promesses" n’était pas qu’un verset fielleux, il était le seul support de mes nuits d’insomnie, de mes réveils de condamné à mort, d’aubes suicidaires et de désastres diurnes imminents. Je voyais en cet album fiévreux toute la déclinaison de mon âme meurtrie et agonisante, et l’expression musicale de mon sanctuaire intime. Les ambiances denses et profondes suggéraient une abondante introspection, un retour sur soi en soi, et la mise en maux de mes propres fragilités. Je ne pouvais me résoudre à arrêter son écoute car j’aurais malheureusement déséquilibré encore davantage le fil suspendu au-dessus des ténèbres dévorantes sur lequel je m’imaginais marcher. Jamais encore un Black Metal Ambient ne m’avait autant condamné. ARÍHT dans une autre mesure m’avait ordonné de faire route vers ma dernière marche, EPHELES marquait donc le pas, le précipitait, sa longue absence collait à la mienne. Peu importe la bise glacée omniprésente de "Promesses", ce chef d’œuvre aura eu le seul mérite de débusquer mes dernières pensées et de faire taire temporairement mes cauchemars en les logeant un peu plus profondément aux abords de ma mémoire sensible.

Mais voilà que déjà des formes monstrueuses semblent envoûter mon lit et se dessinent devant moi. Mais qu’est-ce ? Que va-t-il à nouveau m’arriver, comme si ce n’était pas déjà assez… Suis-je donc maudit à ce point ? Quel sort terrible va encore vouloir s’acharner ?

Journal d'un maudit - Anywhere out of this world - ?/?/ Fin 2023 ?

(1) Paroles tirées de "Quel Âge A Ce Visage ?".
(2) Michel MONTAIGNE : "Les Essais" (livre I).

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- Nephtys (guitare, chants, claviers, programmation)
- Malphas (guitare)


1. Les Souillures Du Temps
2. Verstehen Diese Welt
3. Un Dernier Regard
4. Xivème Siècle
5. Quel Âge A Ce Visage ?
6. Vieillir Avec Toi
7. L'Éternel



             



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