Petite sensation du Heavy Metal Épique de ces quatre dernières années, les Suisses de MEGATON SWORD savent battre le fer tant qu'il est chaud. Car deux ans et quelques semaines après la sortie de "Blood Hails Steel, Steel Hails Fire", bien reçu par la critique, même ici sur NIME malgré les trois étoiles finales, voici que déboulait "Might & Power".

Doté d'une pochette beaucoup plus moche - et pourtant signée Paolo Girardi - mais précédé d'extraits plus prometteurs que ceux de son prédécesseur, ce deuxième opus studio reprend les ingrédients du précédent, mais en mieux. Enfin, "en mieux" signifie plus proche de l'excellent E.P. "Niralet". Car ce dernier était déjà quasi parfait dans le genre. Seules restaient à parfaire la production et le chant de Uzzy Unchained. Les deux points avaient certes été adressés comme ils le méritaient sur "Blood Hails Steel, Steel Hails Fire", mais le chanteur avait perdu en hargne ce qu'il avait gagné en justesse, alors que cette hargne débordait de toutes parts sur "Niralet".

De ce côté-là, "Might & Power" s'apparente à un retour en forme. Ce nouveau longue-durée nous permet de retrouver un Uzzy renforcé dans toutes ses caractéristiques : son agressivité est au top, sa justesse est au rendez-vous et ni l'une, ni l'autre ne viennent affaiblir l'impact de son timbre et de son élocution si particulière sur la musique du groupe. Car sa manière unique de poser les mots et les intonations contribuent ÉNORMÉMENT à l'attrait du Heavy Épique de MEGATON SWORD. En ce sens, l'homme est presque le troisième membre de la section rythmique. "The Raving Light Of Day", dans toute sa diversité musicale, en est le parfait témoin. Un bien beau morceau d'ouverture qui permet à la fois d'apprécier le MEGATON SWORD martial et le MEGATON SWORD plus "tendre", si tant est que cet adjectif puisse lui être attribué.

Autre élément-clef du Metal de MEGATON SWORD à faire son retour : ce riffing intense, ces cavalcades MANOWARiennes qui transforment un "Iron Plains" en véritable tuerie. Serait-ce l'adjonction d'un deuxième guitariste en la personne de Seth Angel qui permet à Chris The Axe de retrouver lui aussi toute sa vigueur ? Toujours est-il que, seul, le bonhomme paraissait avoir perdu une partie de son inspiration sur le premier album. Alors qu'ici, les riffs font de nouveau mouche, avec le son de guitare râpeux qui va bien. "Cowards Remain" en est l'exemple parfait. Conjuguées, toutes les qualités précitées depuis le début de cette chronique permettent à un morceau tel que "Power" d'atteindre le statut non officiel de tube, dans le genre Heavy Épique. De ceux qui donnent envie de hurler avec Uzzy le refrain du morceau :

Tonight, we are born with powers unmatched:
To the power to fight
Add the power of the mind.
We are brimful of steel, only power is real.

Basique, puéril, même, mais quel pied quand tout est conjugué sur le plan musical pour aider l'auditeur à lâcher les chevaux à son tour ! Voilà la bonne recette pour nous replonger dans les sagas anciennes de Niralet, contrée fictive dont MEGATON SWORD nous narre la légende guerrière.

Car elle est omniprésente, cette guerre, du nostalgique "Raikaszi" au puissant "Might", de "Iron Plains" à "Cowards Remain". Et même dans les sentiments du soldat, exprimés dans le mid-tempo "All Wicked Schemes Unite" et dans cette étonnante power-ballade – du moins c'est ce qui s'en rapproche le plus – qu'est "Babe Eternal". Le repos du guerrier vu par MEGATON SWORD est moins punitif et plus romantique que chez MANOWAR, mais il n'est finalement pas aussi ridicule. Le Heavy Épique de 2023 s'affiche plus sensible, plus humain que le Heavy Épique de 1988. Argument suffisant pour permettre aux réfractaires du genre et à son imagerie viriliste d'enfin se laisser embarquer ? Pas sûr, mais s'il y a un bon moyen d'y entrer de nos jours sans passer par la case nibards qui pointent et torses épilés, il s'appelle MEGATON SWORD.