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MEGATON SWORD - Blood Hails Steel - Steel Hails Fire (2020)
Par T-RAY le 6 Janvier 2022          Consultée 1519 fois

Je suis tout à fait déçu de ne pas autant aimer "Blood Hails Steel - Steel Hails Fire" que je n'aimais l'E.P. qui l'a précédé, le formidable "Niralet". Voilà, c'est dit et ceux qui attendaient cette chronique avec impatience en espérant voir la première chronique 6 étoiles de l'histoire de Nightfall in Metal Earth seront certainement encore plus déçus. Car ils sont nombreux à trouver ce premier album de MEGATON SWORD supérieur à l'Extended Play qui l'a précédé en 2019. Or, ce n'est pas mon cas et croyez bien que je le regrette. Car certains des fondamentaux qui m'avaient fait adorer "Niralet" et les cinq tueries de Heavy épique qui le composent sont toujours là, bien présents. À commencer par le riffing autoritaire d'un Chris the Axe toujours aussi judicieusement porté sur la rythmique plutôt que sur le lead.

Comprenant sans doute qu'il était moins compliqué de se faire remarquer par ses riffs que par ses soli - même si celui, très mélodique, de "Verene" et celui, plus agressif, de "In The Black Of Night" fonctionnent bien - le guitariste continue d'apporter le souffle épique nécessaire au Heavy Metal de MEGATON SWORD. Bien appuyées sur une section rythmique en béton toujours composée de Simon the Sorcerer à la basse et de Dan Thundersteel à la batterie, les lignes de guitare simples et puissantes de Chris "la Hache" ne perdent pas de temps à s'imposer puisque dès le morceau-titre, après une introduction mystérieuse tout en notes clean, elles attrapent qui les entend par le colback jusqu'à l'étranglement, ou presque. Le riffing de MEGATON SWORD, c'est Dark Vador écrasant à distance la trachée des subordonnés qui échouent dans leur mission.

Pas compliqués pour deux sous, les riffs de "Verene" se montrent pourtant conquérants. Plus vives, les parties de gratte de "Wastrels" s'imposent sans coup férir malgré leur côté basique. Les lignes de guitare de "In The Black Of Night" jouent le rôle d'un guide nyctalope pour les auditeurs qui se laisseraient égarer trop facilement par un Uzzy Unchained clairement moins à l'aise et moins convaincant ici qu'il ne l'était sur "Niralet". Je reviendrai sur le cas du chanteur à la voix nasillarde, mais il convient avant cela de saluer encore une fois le travail d'un Chris the Axe impérial quoi qu'il fasse, à part peut-être sur le moins convaincant "General Bloodlust", trop plat et paradoxalement difficile à suivre. Car c'est encore une fois le guitariste qui apporte du relief quand les titres en manquent un tantinet.

Un relief que les vocaux d'Uzzy Unchained tendent à aplanir trop souvent, hélas. Lui qui était un maillon fort de la musique de MEGATON SWORD sur "Niralet" est devenu le maillon faible. Ça partait bien, pourtant, avec une interprétation solide du morceau d'ouverture, qui rappelle combien son élocution particulière, son agressivité contenue et sa détermination peuvent compléter à merveille la puissance des riffs de guitare. Mais ensuite, le chanteur s'égare, en perdant une bonne part de son mordant et en perdant tout court son auditoire sur ce "General Bloodlust" confus au possible. Ce morceau, c'est du chant partout mais sans la variété d'intonations nécessaire à toute bonne narration. Or, le style éminemment narratif du Heavy épique de MEGATON SWORD exige une précision extrême de la part de celui qui interprète les textes. Une précision absente de "Verene" jusqu'à "General Bloodlust".

L'on peut comprendre qu'Uzzy ait voulu davantage moduler ses saillies vocales pour ne pas rester en permanence dans la hargne qui les caractérisaient sur l'E.P. précédent. Car toutes les paroles ne nécessitent pas autant de rage qu'il n'en déployait alors. Sauf que c'est le fantôme du vocaliste que l'on entend sur la première moitié de l'album, exception faite du premier morceau. Même le refrain pourtant fédérateur de "Verene" souffre de ce déficit d'implication ! Moins d'allant, moins de conviction, moins d'accroche, bref : une déroute annoncée. Sauf qu'à la faveur d'un "Wastrels" frénétique et guerrier comme l'étaient "Pristine War" et "For Glory" un an plus tôt, le gaillard se ressaisit et retrouve toute la fougue et la morgue qui étaient siennes auparavant. Ses vociférations font plaisir à entendre – surtout sur le refrain musclé à souhait – et ouvrent la voie à une deuxième partie d'album plus conforme au niveau attendu.

Pourtant, MEGATON SWORD y affiche une variété de registre qui, elle, était inattendue. "Crimson River" est ainsi plus proche de la ballade que n'importe quelle autre composition dans la jeune carrière du groupe suisse et s'il ne s'agit pas d'une ballade à proprement parler, cette "rivière cramoisie" coule doucement et aussi subtilement que possible dans les oreilles de qui l'écoute. Sur cette rivière, Uzzy Unchained navigue avec une délicatesse surprenante qui fait son petit effet. Ce qui prouve que le chanteur sait bel et bien faire la différence entre être mou et être tendre. Et il récidive avec presque autant de justesse sur ce final nostalgique et presque triste qu'est "The Giver's Embrace", après un "Songs Of Victory" épique au possible et presque aussi puissant que "Wastrels". Dommage que la cohésion entre musique et vocaux n'ait pas été aussi forte du début à la fin de l'album.

Il reste un dernier reproche à faire à MEGATON SWORD sur "Blood Hails Steel - Steel Hails Fire", au-delà de l'implication en dents de scie d'Uzzy Unchained : c'est le manque de variété des tempi. Ce qui passe sur un E.P. passe moins sur un L.P.. Probablement encore trop accroché à l'idée d'un Heavy Metal épique essentiellement appuyé sur le mid-tempo , alors qu'il parvient à prouver sur l'album qu'il sait accélérer ou franchement ralentir à bon escient, le quartette suisse manque de peu l'occasion d'embarquer son auditoire dans les rebondissements qui ne manquent certainement pas de se produire dans le monde de Niralet, qu'il dépeint dans ses morceaux. Il ressort de l'écoute de cet album une sensation d'uniformité de tempo qui ne reflète pas la réalité de ce dont est capable MEGATON SWORD. Qu'il tire les enseignements de "Wastrels" et de "Crimson River" et son deuxième album studio devrait faire feu de tout bois, surtout si guitares et voix sont de nouveau au même niveau.

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   T-RAY

 
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- Uzzy Unchained (chant)
- Chris The Axe (guitare)
- Simon The Sorcerer (basse)
- Dan Thundersteel (batterie)


1. Blood Hails Steel - Steel Hails Fire
2. Verene
3. In The Black Of Night
4. General Bloodlust
5. Wastrels
6. Crimson River
7. Songs Of Victory
8. The Giver's Embrace



             



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