Au moment où j’écris cette chronique des années après la sortie du disque on vient d’apprendre le décès de Bernie Marsden l’un des deux fondateurs du combo. Cette bafouille lui est donc humblement dédiée.
Deux questions : Coverdale est-il un immonde opportuniste coupable de s’être vendu à toutes les modes et peut-on être un hommage à soi-même ?

Le beau David (après le travail, oui on peut parler de travail, payé par DEEP PURPLE, pour le rendre séduisant) a lancé WHITESNAKE et a pondu des disques référentiels dans le Hard Blues anglais ; mais sa renommée ne traversant pas l’Atlantique, notre homme qui rêve de dollars vire sa cuti, jette tout le monde comme un moisi et finit enfin par claquer le jackpot avec sa version Hard US de haute tenue. La suite est connue. Néanmoins les musiciens, au premier rang duquel les deux guitaristes de l’époque du "Live... In The Heart Of The City", se disant que ce style n’étant plus pratiqué par Coverdale, peuvent le revendiquer et en être les nouveaux dépositaires, eux qui ont tant contribué à le forger.

Voilà l’histoire de COMPANY OF SNAKES (qui auparavant s’est auparavant appelé SNAKES puis après s’appellera M3). Bien sûr entre le nom (franchement inventif, hein !!) et la pochette qui pompe sans vergogne, celle de "Lovehunter", on ne nous ment pas ! On vise bien le fan esseulé du WHITESNAKE pré-permanentes et grattes fluo ! Cet album arrive après un Live juste de covers de WHITESNAKE ("Here They Go Again") et un autre original ("Once Bitten"). Après avoir essayé Jørn Lande de ARK entre autres puis un ancien de BAD COMPANY, Robert Hart, ils ont jeté leur dévolu sur un Suédois assez inconnu nommé Stefan Berggren, et qui bien évidement sonne très proche du Coverdale des 70s. Proche mais pas copie carbone comme Jørn (une des raisons qui a fait qu’il n’est pas resté). Le groupe outre les deux guitaristes historiques de WHITESNAKE compte aussi le fabuleux bassiste et membre historique du groupe Neil Murray. Le batteur lui nous vient de Manfred Mann’s EARTH BAND. Une belle brochette de briscards du Rock Anglais. Il n’est pas fait mention d’un clavier dans le livret mais Don Airey ayant fait partie du début de l’aventure et comme il est remercié dans les crédits, on peut supposer que les quelques nappes entendues sont de son fait.

Tuons le suspense illico : tout sonne comme du WHITESNAKE on ne peut plus classique. Le morceau instrumental acoustique aurait très bien eu sa place sur" Ready An' Willing" et évoque bien l’intro de "Ain’t Gonna Cry No More". "Ride Ride" fait penser à "Outlaw" de "Lovehunter". Il n'y a pas de clavier franchement présent donc on gagne côté guitare et hargne. Certes on fait un bon gros retour vers le passé ; mais Moody et Marsden sont dépositaires d’un style et ont des choses à dire ; il est bon qu’ils puissent s’exprimer de nouveau. WHITESNAKE ce n’est pas que 1987 ou Vandenberg !

Moody est toujours aussi bon au bottleneck ( "Ride Ride" par exemple). "What Love Can Do" fait extrêmement penser à "Here I Go Again", tout comme "Can’t Go Back" ( ici même les paroles sont en mode très très proches) ! Sur "Burst The Bubble", aux paroles très évocatrices ("1984, burst the bubble") on entend bien sûr le Serpent Blanc mais aussi un peu du UFO période post Schenker (avec Chapman donc). Bref du bon Hard anglais, classique mais efficace. "Labour Of Love" ou "All Dressed Up" font parfaitement le job en bons rockers qu’ils sont.

"Kinda Wish You Would" sonne assez Country Rock des années 90. On n’est évidement pas loin du Serpent Blanc mais on ouvre un tantinet le spectre avec ses chœurs très marqués ! "Little Miss Happiness" est très proche de "Black And blue" sur "Ready An' Willing" avec son piano bastringue.

Souci principal du disque : sa longueur ! En effet à vouloir gaver au max le cd, on perd un peu en efficacité ; un tri des meilleurs titres aurait été judicieux. Deux petites fautes de goût, quand même, qui sonnent très années FM 80s avec "Hurricane" et "She". La seconde évoquant franchement au niveau du chant THUNDER (avec ses na na na plutôt chiants !).

On l’aura compris cet album dénué de toute originalité mais qui respire le savoir-faire, fait un appel du pied GIGANTESQUE aux fans de la première période de Serpent Blanc qui depuis 1987 ne reconnaissent plus leur groupe fétiche ! Bernie a également co-produit le disque.

Titres préférés : "Ayresome Park", "Labour Of Love", "Ride, Ride", "Kinda Wish You Would" et "Little Miss Happiness".