Il y a longtemps dans une galaxie lointaine, dans un monde étrange où les gens prenaient le temps, des guitaristes émergèrent non pas sur Instagram ou un quelconque réseau social de merde mais sur scène ou les kms, la fatigue et les concerts non-stop aiguisèrent au maximum les pistoleros qui s’évertuaient à suivre ce rythme d’enfer !
Pat TRAVERS est de ceux-là ! Parti de son Canada local notre ami arrive à Londres ou déterminé il va tout faire pour se faire un nom et exister ! C’est que dans les 70's la concurrence est rude ! En plus pas moyen de se cacher sous une tonne d’effets (l’offre est plus que maigrichonne et les prix immenses) et pas de bandes cache-misère ou d’autres subterfuges ! Bref faut jouer et faut jouer bien !

Bien sûr si vous lisez cette chronique en 2023 vous savez que TRAVERS a eu dans son groupe deux immenses batteurs : Mc Brain futur Vierge de Fer et Tommy Aldridge futur Serpent Blanc.
Ici c’est le premier et un constat s’impose d’emblée : à l’instar de Dave Holland passant de TRAPEZE à JUDAS, Mc Brain a quand même laissé pas mal de groove en chemin en passant de TRAVERS à Steve Harris et Cie (ce qui ne veut pas dire que je n’aime pas MAIDEN bien au contraire !).

Dès le premier titre "Makin' Magic" on lance les chevaux : guitare gorgée de feeling et de groove, batterie inventive et puis comment ne pas parler de l’impressionnant Mars Cowling le bassiste qui derrière bâtit un mur de groove et de puissance ! Son Hard Rock trempé dans le Blues fait que notre ami sort assez vite son bottleneck pour nous régaler ! "You Don’t Love Me", un peu dans l’esprit Johnny WINTER. Dédiée à son petit frère, la ballade "Stevie", titre inamovible de ses setlists, est pleine de feeling sans jamais tomber dans le gnangnan ! D’ailleurs on parlait de TRAPEZE plus haut dans cette chronique ; ici le chant est à la fin, partagé avec Glenn Hughes !

Cette bonne vieille scie bluesy qu’est "Statesboro Blues" est bien dynamitée avec l’intervention de Robertson direct from THIN LIZZY ! D’ailleurs la musique de TRAVERS a bien des liens avec le gang de Lynott ! Vous vous rappelez d’EXTREME qui remerciait Travers pour avoir gardé le Funk alive dans le livret de "Pornograffitti"… et bien c’est le moment d’écouter "Need Love". Groovy, bourré de petites interventions fines et intelligentes notre ami fait mouche ! On pense aussi à ses contemporains de MOTHER’S FINEST… mais ici avec plus de guitare !!

"Hooked On Music" suit le même chemin et continue de creuser le sillon groovy, avec un grand talent ! Écoutez le solo de Pat avec la basse/batterie derrière qui abat un travail monstrueux !
Parenthèse : ici groove est égal à cohésion et espace pour chacun : guitare certes mais aussi basse évidement et batterie ! C’est ce qui m’a souvent dérangé chez Bettencourt et Cie où la batterie est franchement minimale pour satisfaire l’ego de Nuno (au demeurant génial guitariste). Ici ça respire ! Et pour finir un instrumental tout en douceur ! Une idée assez Soul/Fusion même, qui prouve que notre ami n’est pas qu’un bretteur fou et sait calmer les chevaux si nécessaire. Un clavier discret fait son apparition (clavier tenu par Peter Solley).
Un vrai bon album qui sut imposer le nom de TRAVERS au niveau mondial et qui reste des années plus tard un putain de joyau Hard Blues Funky !