Pat veut franchir un nouveau pilier et pour ce faire va changer son équipe tout en gardant un cap similaire. À partir d’une bonne base Hard Blues Funky notre ami ne s’interdit rien et élargit encore son horizon musical pour notre plus grand plaisir. Good-bye McBrain, welcome Aldridge (fraîchement débarqué de BLACK OAK ARKANSAS) et surtout arrivée d'un second guitariste : Pat Thrall (mec de session alors inconnu du grand public). On arrive de fait au line-up le plus célèbre et le plus vendeur de la carrière de notre ami. La formule ne change pas, le groove reste omniprésent et les guitares dominent. "Y en a un peu plus, je vous le laisse ? Oh ben oui !"

D’entrée de jeu, un des tubes de notre ami arrive avec le morceau éponyme. Groove et polyrythmie peuvent-ils cohabiter ? Eh bien oui ! Prenez note Mister Petrucci et autres ! Pour le solo, une idée assez proche de Trower au début avec Pat, et un bon déluge de notes avec Thrall. Bref ça groove, ça tricote avec talent et franchement même un cul de jatte voudrait danser la gigue dessus ! Groove encore avec "Go All Night" ! On pense un peu au Disco de l’époque (et c’est un compliment niveau rythmique). Comme d’hab, la basse abat un boulot de dingue (c’est une constante sur les disques de Pat TRAVERS).

On a des titres plus Hard Rock bluesy avec "Killer's Instinct" qui rappelle ce little old band from Texas dans le riff et l’attaque de Pat. Un titre intense et teigneux ! "Evie" aussi ramone sec dans un esprit plus LED ZEP. Un gros boulot d’Aldridge, et que dire des deux guitares en mode harmonisé, ou se lâchant l’une après l’autre. Du bel ouvrage ! Niveau paroles, c’est sûr que si nous traduisions Pat, nous aurions quelques soucis… avec la jeune mineure du titre (mais à ce compte-là, on mettrait au pilori ou en taule tous les bluesmen et une bonne partie du Rock toutes époques confondues !). À noter que ce titre n’est pas de lui, mais… de George Young et Harry Vanda ! Malcolm jouant carrément la rythmique sur la version originelle, et George Wright des EASYBEATS la chantant !

"I Tried To Believe" nous montre l’apport de Thrall et cet apport est grand (la guitare bien sûr mais aussi la complémentarité avec les chœurs) ! Titre dense avec orgue et guitare acoustique. Il navigue entre moments à la BECK (période "Wired") et RUSH ! En parlant de RUSH, Pat était souvent sur la même affiche que ses glorieux compatriotes. Un grand titre, tout en finesse.
Grand écart avec l’instrumental "Hammered" où l'on touche au début du… Speed Metal ! Rien que ça ! Philthy des mighty MOTÖRHEAD a dû écouter ce titre, Lars aussi ! En bon recyclage Aldridge lui-même se resservira de tout ça avec Gary Moore sur "Dallas Warhead". Au niveau guitare on pense à Johnny Winter/Rick Derringer (époque "Johnny WINTER And Live"). On a un autre titre instrumental qui ce coup-ci rappelle… QUEEN avec "Prelude " dans la construction et le son de guitare !

Pour finir un album, jusque-là impeccable, un nouvel horizon s’ouvre avec "One For Me, One For You" qui avec son synthé fait vraiment balade assez sirupeuse. Au milieu, le titre tombe dans un pseudo Reggae qui hélas donnera des idées à notre ami lorsque sur "Crash And Burn" il fera une reprise de Bob Marley ! Pas la meilleure façon de finir, mais bon c’est la fin alors c’est moins grave !
La pochette n’est pas des plus fameuses ! Pas horrible mais contrairement aux autres albums (surtout la précédente, ma préférée), il est peu de dire qu’elle a mal vieilli (surtout le verso, kitsch ou sexiste à vous de voir) ! Mais bon on comprend l’idée ! Après avoir autant donné sur l’album, les mecs se reposent en se dorant au soleil (d’autant que le disque fut enregistré à Miami durant l’été 78).

Morceaux préférés : "Heat In The Street", "Hammered", "I Tried To believe", "Killer's Instinct" et "Go All Night".