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POST PUNK  |  STUDIO

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1979 Unknown Pleasures
 

1979 Unknown Pleasures
1980 Closer
1981 Still
1988 Substance 1977 - 1980
 

- Style : The Cult, Ulver, Paradise Lost, Anathema, Moonspell, Ministry, Host, Lacrimosa, Killing Joke, Crippled Black Phoenix, Grinderman

JOY DIVISION - Unknown Pleasures (1979)
Par DARK BEAGLE le 21 Octobre 2023          Consultée 936 fois

Les divisions de la joie ont été une horreur de plus perpétrée par les nazis durant la Seconde Guerre Mondiale. Établir un système de prostitution au sein même des camps de concentration avec des jeunes femmes juives avec comme carotte de meilleures conditions d’emprisonnement avait quelque chose de terriblement vicieux. Si survivre a un prix, celui-ci est particulièrement cher payé. Aussi, appeler un groupe ainsi a quelque chose de lapidaire. Soit la provocation est telle qu’elle en devient ridicule, soit il s’agit d’un double sens facile à deviner tant la musique proposée par les Mancuniens respire la dépression la plus profonde.

L’histoire de JOY DIVISION commence sous le nom de STIFF KITTENS puis de WARSAW (en hommage à David Bowie). Sous cette dernière dénomination, le groupe publie une démo cinq titres qui officie dans un Punk assez classique. La formation stabilise son line-up peu après cela et sera constitué de Bernard Sumner (également appelé Bernard Albrecht) à la guitare, Peter Hook à la basse, Stephen Morris à la batterie et bien entendu, de Ian Curtis au chant. Ce dernier deviendra rapidement le point focal du groupe et son suicide en 1980 résumera bien souvent JOY DIVISION à son seul nom, ce qui est un raccourci très maladroit.

Mais avant ce dénouement tragique et malheureusement prévisible (la femme de Curtis aura tout fait pour le faire parler, pour l’aider, en vain...), il y a donc le basculement de WARSAW à JOY DIVISION, au cœur d’une Manchester qui ne respirait pas la prospérité. Ville ouvrière frappée de plein fouet par la politique de Thatcher, l’industrie lourde déclinait et le trafic portuaire était sur le point de disparaître, offrant un vivier contestataire assez conséquent. D’ailleurs les très bons BUZZCOCKS sévissaient dans le coin depuis quelques années et s’étaient fait un nom. En revanche, JOY DIVISION restera à jamais lié à la Factory Records.

Ceux qui ont regardé "24 Hour Party People" connaissent l’histoire. "Unknown Pleasures" sera le premier véritable LP à sortir sur le label mancunien qui mettait en avant les artistes alternatifs de la ville, tout un vivier Post-Punk et de New Wave en devenir. Mais difficile de rêver plus belle carte de visite que ce premier 33 tours de JOY DIVISION à la pochette très épurée mais connue comme le loup blanc dans le domaine de la musique. Il s’agit tout simplement d’un disque charnière dans l’histoire du Rock. Il y aura clairement un avant et un après JOY DIVISION car tout ne se résume pas à "Unknown Pleasures", il faut son complément d’objet direct, "Closer".

Ce qui frappe d’entrée de jeu, c’est le son. Froid, avec une section rythmique mise en avant. La basse attire tout de suite l’oreille. Elle ne sonne pas comme sonne l’instrument habituellement. Peter Hook joue souvent très bas sur le manche, elle parait de fait plus originale que ce qui se faisait habituellement à l’époque. Couplé au minimalisme de Stephen Morris, on obtient une formule assez inédite. La guitare va donc se trouver en retrait, bien qu’elle est très présente tout du long. Parfois elle se contente d’accompagner la mélodie, à d’autres moments elle va prendre les devants, amenant le groupe vers des contrées plus arides. Albrecht va également gérer les claviers qui sont finalement peu envahissants ici. Puis il y a la voix de Ian Curtis.

Ian Curtis est un personnage. Les lumières stroboscopiques lors des concerts de JOY DIVISION mettront en avant son épilepsie, mais nous avons à faire à quelqu’un d’extrêmement cultivé, amoureux de littérature et de musique. Il souffrira également de dépression, ce qui n’est pas difficile à deviner quand on se frotte à ses paroles, souvent très noires. Avec WARSAW, il ne faisait pas vraiment preuve d’une grande originalité derrière le micro, il se contentait d’être Punk et de faire ce qu’il fallait faire. Avec JOY DIVISION, son chant allait devenir plus grave, pour ne pas dire sépulcral. Cela allait devenir monnaie courante, mais il allait populariser cette approche devenue une évidence aujourd’hui pour de nombreux combos, dans de nombreux domaines.

Cependant, "Unknown Pleasures" ne devait pas être ce qu’il est. Le résultat découle de choix de productions de Martin Hannett, qui, comme l’indique l’épitaphe sur sa tombe, aura contribué à créer le son de Manchester. Il va baisser le son de la guitare, il va rendre le chant audible, ce qui tranche avec les versions live parfois complètement inaudibles tant le groupe était déchaîné et Punk sur scène. Si certains musiciens peinent à cacher leur déception au début (Hook, dont la basse se taille pourtant la part du lion), tous finiront par admettre que cela a été utile, que cela a façonné JOY DIVISION aussi sûrement que Ian Curtis était un des vecteurs parmi les plus importants de la formation.

La musique de JOY DIVISION n’est peut-être pas la plus violente qui soit dans la démonstration la plus brute de cet art. Mais elle dévoile des moments où l’emphase devient lourde, pesante, difficilement supportable. "Day Of The Lords" est un très bel exemple. Alors que Ian Curtis donne de la voix, les instruments s’emballent derrière lui et viennent écraser l’auditeur. Le groupe s’extrait donc de son carcan Punk pour évoluer vers un Post Punk qui ouvre de nombreuses portes, celles de la New Wave, bien entendu, mais également ceux de la Cold Wave (quand on écoute "Candidate", on se dit que Tilo Wolff de LACRIMOSA ne fut pas insensible aux charmes des Britanniques au début de sa carrière, voire encore récemment).

Beaucoup de choses se passent sur cet album et si en général "She’s Lost Control" est sur toutes les bouches, cela n’a rien d’anodin. Ce morceau est peut-être bien celui qui résume le mieux ce qu’est alors JOY DIVISION. Elle en porte l’essence, avec cette dualité entre un chant tenace et désespéré et cette musique pas forcément plus légère, mais plus dépouillée. Il y a quelque chose de fédérateur derrière tout cela. Cette basse qui est bien aiguë, presque agaçante, cette guitare bien noisy qui intervient dans le plus grand désordre, ce chant qui remplit l’espace, sombre, presque psalmodique dans son approche. C’est marquant, cela s’imprime dans les esprits.

"Shadow Play" devrait en revanche nettement plus parler aux Metalleux. Il s’agit du morceau, avec "Interzone", où la guitare est la reine du bal, ses assauts sont modernes pour l’époque et offrent quelque chose d’assez nouveau dans l’idée et qui se voudra également assez fédérateur, et qui n’a pas du échapper à un certain Billy Duffy de The CULT. D’ailleurs les deux formations partageront un sens du pathos très développé, qui seront de véritables marques de fabrique. À noter toutefois que le chant sur "Interzone" est assuré par Hook, qui se veut vraiment enjoué à côté de Curtis. Ce dernier nous achèvera sur "I Remember Nothing", qui vient clore les débats sur près de six minutes, six minutes qui nous livrent à l’angoisse la plus totale.

JOY DIVISION n’est pas Metal, entendons-nous bien là-dessus, mais son Post Punk pose tellement de bases qui seront reprises plus tard dans le Metal, que ce soit à travers des versants Gothique ou plus Industriel, son ombre plane, indubitablement. D’où l’aspect totalement charnière de ce disque, qui aura su bouleverser les codes du genre pour aller plus loin et ouvrir de nombreuses portes qu’ils n’auront pas eu le temps d’explorer, empêchés par le décès de Curtis avant la sortie de "Closer", qui est le complément indispensable de cet "Unknown Pleasures". JOY DIVISION allait flinguer le Punk à sa manière, brisant les frontières pour apporter une ère de ténèbres avec lui, qui saura toucher énormément de monde, même du côté d’Halifax. Un disque essentiel. Pour tout ce qui se passera après 1979/1980.

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   DARK BEAGLE

 
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- Ian Curtis (chant)
- Bernard Aldrecht (guitare, claviers)
- Peter Hook (basse, chant)
- Stephen Morris (batterie)


1. Disorder
2. Day Of The Lords
3. Candidate
4. Insight
5. New Dawn Fades
6. She's Lost Control
7. Shadow Play
8. Wilderness
9. Interzone
10. I Remember Nothing



             



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