Bon ben… Il va bien falloir s’attaquer à la bête. Au risque de me répéter, dans ma chronique de "The Palpable Leprosy Of Pollution" ("PLOP"), j’avais dit que les Anglais d’INFANT ANNIHILATOR ne faisaient clairement pas consensus dans le corps du Metal, leur Deathcore totalement déjanté et tellement dopé aux hormones rendant leur bouzin injouable en live (ce qui leur est principalement reproché d’ailleurs). Disons qu’avec "The Elysian Grandeval Galèriarch" (The EGG), cette impression a été multipliée par dix.

En effet, après le départ en 2013 du chanteur Dan Watson, le recrutement en 2014 de l'inénarrable Dickie "The Goblin King" Allen, et un enregistrement digne de ce nom (c’est à dire en studio et pas par échanges de pistes via Internet comme pour "PLOP"), tous les ingrédients étaient réunis pour produire une engeance encore plus vicieuse, plus cradingue et surtout plus IVÔL que jamais. Au détail près qu’il sera une nouvelle fois autoproduit, ce qui lui vaudra un leak à cinq jours de la sortie, oupsi !

Parlons en premier lieu du nom en lui-même : l’acronyme avait déjà été décidé avant même de trouver sa décomposition. Je m’explique, les petits rigolards avaient décrété que l’album s’appellerait "The EGG". Voilà voilà. Et du coup ils ont réussi à bullshiter un pot-pourri qui pourrait se traduire par un céleste (Elysian) ancien (Grandeval) leader (-arch) d’un groupe de parias (Galère-), les indésirables en question formant un culte religieux obscur. Certes… Au moins cela colle à "l’esthétique" générale renvoyée par les paroles, pur prétexte pour habiller les titres, car absolument vomitives (et c’est bien l’effet escompté). Le sujet a été traité, je ne reviendrai plus dessus : les lire en direct sur votre plateforme de streaming favorite est déconseillé aux âmes les moins bien constituées, vous êtes prévenu·e·s !

Je ne vous cache pas que j’étais impatient de réaliser cette chronique de "The EGG", tout d’abord car il s’agit d’une petite bombe dans l’univers du Deathcore, et surtout pour vous vanter les louanges de Dickie Allen, un monstre absolu dans l’exécution de toute la palette d’expressions vocales qu’offre le genre. Rares sont ceux qui possèdent cette capacité à produire des sonorités inhumaines, bestiales, démoniaques (rayez les mentions inutiles si vous en trouvez) avec une telle décontraction et autodérision. On pensera volontiers à Will Ramos de LORNA SHORE dans ce registre, mais avec une interprétation bien plus solennelle. Car dans cette galette, tout y est, le salade-tomate-oignon-sauce-blanche-avec-la-cannette : du growl bête et méchant, du sewer vocal, du gravel vocal, du snarling d’entrée de jeu sur "Unholy Gravebirth", du goblin vocal (évidemment) sur "Blasphemian" avec son solo de chant diabolique :

"The angelic servants disfigured and maimed beyond all recognition or hope.
Behold these fragile boys…" (*)

Merde on avait dit plus les paroles !

Maintenant que j’ai suffisamment ciré les pompes du moustachu, je me dois de rendre leurs lettres de noblesse à Kitcher et ses gravity blasts à 400 BPM, et à Pickard avec ses sweepings sortis de nulle part (à 400 BPM aussi du coup). Et oui, c’est injouable, parfois difficilement audible, et le mixage y est certainement pour quelque chose ! Contents ? Le reste n’est que breakdowns empilés tel un mille-feuille dégoulinant, doublé d’arrangements de fond ambiant aussi accueillants qu’une morgue.

En toute objectivité, l’album est un pavé dans la mare, long de surcroît (quasiment un tour de pendule, ce qui est assez rare dans le Deathcore), assez hétérogène qualitativement, bien qu’assez homogène sur le fond. La longueur s’explique notamment par "Behold The Kingdom Of the Wretched Undying" et ses DIX-SEPT putain de minutes en quatre actes ! On se croirait sur un album de SUNN O))), l’énergie en plus (ça va on peut déconner !). Et le pire, c’est que ce n’est même pas si longuet que ça si l’on débranche son cerveau et qu’on se convainc qu’il s’agit de morceaux différents. Globalement, tous les titres pourraient s’intervertir, troquer leurs breakdowns par milliers, on y verrait que du feu.

En effet, des titres comme "Baptised. Bastardised. Sodomised." ou "Pelt Of Innocent Flesh" peinent plus à convaincre : le premier pour son absurdité, trop outrancière, et le second car trop similaire au reste mais sur un rythme moins effréné (bon, on est pas sur du mid-tempo non plus), qui conséquemment ne fait pas prendre la sauce.
À côté résident des bangers comme "Soil The Stillborn", funky au possible, avec tous les ingrédients de la recette d’INFANT ANNIHILATOR compressés en quatre minutes délectables.

Pour résumer, c’est rigolo, à ne surtout pas prendre au sérieux. Si vous aimez RINGS OF SATURN mais que vous avez un cerveau fonctionnel qui distingue la différence entre Guitar Pro 5 et un véritable instrument, "The EGG" est fait pour vous !

Note réelle : 3,5/5.

Morceaux préférés : "Soil The Stillborn", "Unholy Gravebirth", "Blasphemian".

Point pochette : glauque mais pas tant que ça, un peu l’effet "plus tu regardes, pire c’est".

Indice de répugnance : 2/5 (5/5 en lisant les lyrics et que vous avez vous-mêmes des enfants).

(*) Et je vous laisserai décrire le cri sur l’inutile "Neonatalimpalionecrophiliation", si vous avez survécu jusqu’à la fin de l’album, ça vaut son pesant de cacahuètes.