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BLACK METAL  |  STUDIO

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2022 2 Blackbraid I
2023 1 Blackbraid II
 

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BLACKBRAID - Blackbraid Ii (2023)
Par DARK BEAGLE le 6 Septembre 2023          Consultée 1254 fois

Comme son nom l’indique très bien, "Blackbraid II" est le second opus de BLACKBRAID, le one-man band de Sgah’Gahsowáh. Sorti un an après son grand frère, il semble se glisser parfaitement dans ses pas, comme si la plupart des titres avaient été composés durant la même session d’écriture. La pochette est une nouvelle fois plutôt réussie, avec un style graphique qui rappelle les origines amérindiennes de l’artiste. Tous les ingrédients semblent donc en place pour passer un bon moment. Sauf qu’il y a une couille dans le potage et, si vous me permettez d’aller plus loin, celle-ci est du genre plutôt velu.

Il est difficile de critiquer frontalement la musique. Nous avons toujours à faire à un Black Metal de consonance très européenne, qui puise dans les dictats des Grand Anciens du genre avec beaucoup de délicatesse pour dérouler sur de longs morceaux qui se tiennent bien. Le chant est sauvage, il prend des intonations Death par moments, quand la musique se fait plus lente, plus lourde. Les interludes Folk sont toujours présents, bien que courts. Ils se fondent dans la masse et Sgah’Gahsowáh a l’intelligence de réutiliser certains de ces plans, certaines de ces mélodies à la sauce électrique pour un bon résultat, qui sont là pour rappeler ses origines.

On notera toutefois que le disque s’éternise un peu et que la reprise de BATHORY, "A Fine Day To Die" devient clairement de trop après plusieurs pièces frôlant ou dépassant les sept minutes, quand elles ne tutoient pas le quart d’heure ! Il y a certes de la générosité derrière tout cela, c’est indéniable. "A Song Of Death On Winds Of Dawn" est un véritable plaisir à écouter, parce que c’est maîtrisé et que l’artiste derrière a bien réfléchi à sa composition. Il n’y a pas de place pour l’improvisation, cela suit une partition qui prend son temps pour évoluer, tortueuse, avec quelques références Heavy Metal parsemées çà et là.

En fait, très vite l’album prend une tournure plus épique, qui tord le cou aux inspirations du début, quand "The Spirit Returns" tentait de ramener le Folk au Black Metal ou l’inverse, sur un peu plus de quatre minutes qui jouent sur l’intensité et la rage la plus primale. Sgah’Gahsowáh est un bon compositeur, il sait comment faire durer le propos sans devenir indigent, mais il souffre d’une certaine suffisance malgré tout. Parce que grosso modo, il n’apporte rien de neuf à l’ensemble alors que toute la com qui l’entoure joue sur son état de Natif.

Nous le voyons donc en photos promotionnelles couvert de peintures de guerre, colliers de perles de bois. On s’attend à le découvrir avec le plastron tissé d’os de petites bêtes, protection bien futile face aux fusils de l’Homme Blanc. Et que dire des pochettes, donc, qui jouent sur l’imagerie amérindienne avec insistance ? Ajoutez à cela des paroles proches de la nature qui reprennent peu ou prou les croyances passées de son peuple et vous obtenez au final un sacré coup de tomahawk dans l’eau.

BLACKBRAID ressemble à une promesse non tenue. Vu les coups pendables qu’ont fait les Européens aux Natifs en arrivant, c’est amplement mérité pourrait-on dire. Ce groupe, ou plutôt ce one-man band est une terrible source de frustration parce que l’on attend quelque chose qui ne vient jamais de façon frontale, claire. Je parle évidemment des origines de Sgah’Gahsowáh, qui ne transpirent presque jamais dans l’interprétation des morceaux. Cela ressemble en définitive à du Black Metal lambda, comme la Norvège, voire la Suède, en ont produit par wagons entiers. Les interventions Folk, via les instrumentaux ou durant de courts passages dans le corps de la musique ne suffisent pas à donner des « couleurs locales » à l’ensemble.

Il n’y a pas ce sentiment d’être face à un disque hanté par ceux qui ont versé leur sang pour leurs droits, de ceux qui ont refusé de courber l’échine. Il n’y a même pas les spectres de ceux qui ont accepté les couvertures que les Hollandais leur ont donné, infestées de vermines, qui leur a refilé de nombreuses maladies qu’ils ne connaissaient pas et qui les auront décimé comme la grippe espagnole a failli balayer l’Europe après la Grande Guerre. Non, les seuls revenants ici sont ceux qui ont accepté l’eau de feu et qui sont devenus serviles. La haine, ici, fait partie d’un décorum que l’on attend du Black, mais elle ne suinte pas dans les intentions.

Sgah’Gahsowáh a de l’or en barre entre les mains, mais il ne fait en final que jouir de ses origines pour mettre en avant une musique qui ne leur rend pas hommage en définitive. Là où nous sommes entièrement en droit d’attendre de l’inédit, du mystique, voire du transcendantal (et pourquoi pas ?), nous sommes face à du commun. Bien sûr, je conçois que l’on puisse m’accuser d’en attendre trop de la part d’un musicien qui joue peut-être avec sincérité. Mais dans ce cas, je répondrai que j’ai été trompé par un plan marketing qui me faisait une promesse. Qui n’aura pas été tenue.

L’émoi connu lors de l’écoute du "Shamanic Rites" de SEPTIC FLESH (j’insiste sur le nom du groupe en deux mots) n’est donc pas revenu ici. Certains groupes ont donc déjà tenté d’allier leurs origines ethniques avec les canons du Metal, comme les Grecs de SF à l’époque de leur grandeur par touches pas si discrètes que cela ou tout simplement comme SEPULTURA. "Roots" pouvait parfois être bruitiste et mal ficelé, mais il avait le mérite d’aller au bout de la démarche et de faire coïncider deux mondes. BLACKBRAID ne fait malheureusement qu’effleurer cette idée et commence lentement mais sûrement à ressembler à un pétard mouillé.

Note réelle : 2,5/5 parce que c'est bien fait, mais que l'ensemble manque cruellement d'audace.

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   (2 chroniques)



- Sgah’gahsowáh (presque tout)
- Neil Schneider (batterie)


1. Autumnal Heart Ablaze
2. The Spirit Returns
3. The Wolf That Guides The Hunters Hand
4. Spells Of Moon And Earth
5. Moss Covered Bones On The Altar Of The Moon
6. A Song Of Daeth On Winds Of Dawn
7. Celestial Passage
8. Twilight Hymn Of Ancient Blood
9. Sadness And The Passage Of Time And Memory
10. A Fine Day To Die



             



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