Ce n’est rien de dire que le "Blackbraid I", que je me permettrai de désigner ici par son numéro, a largement divisé au sein de la rédaction, entre grosse déception pour Isaacruder, sentiment nuancé mais positif chez Dark Beagle, et plus clairement enthousiaste auprès de votre humble serviteur. Trahi par une hype ayant propulsé Sgah’Gahsowáh et ses comparses de scène de l’anonymat le plus total au Temple du Hellfest en moins d’un an, les avis sur l’œuvre divergeaient sensiblement.

Pourtant, ce Black hautement accessible possède à mon sens un sacré cachet, tant de par ses arabesques mélodiques que cette promesse d’une fusion entre courroux glacial et Folk Amérindien. Un an à peine après ce premier essai, notre "Native-American" favori nous revient déjà avec ce second volume et retente sa chance auprès de notre équipe de chroniqueurs facétieux mais exigeants. A mon sens, l’essai est transformé et confirme les belles prédispositions de BLACKBRAID à produire une musique de qualité, incorporant des instruments traditionnels à une recette finalement plutôt convenue (MGLA, UADA pour ne pas les citer).

Si l’opus précédent pouvait laisser sur sa faim, tant par sa durée restreinte (35 minutes, mais surtout seulement quatre véritables titres) que par le manque d’assimilation réelle des influences du bonhomme (les chansons étant Folk OU Black, mais rarement métissées), l’objectif est ici atteint, et les différentes parties se répondent, se complètent, s’assemblent, formant un tout cohérent et fort agréable à l’écoute. Bien évidemment, ces touches traditionnelles apportent une profonde singularité, si ce n’est la seule.

Pour le reste, comme évoqué, on demeure en terrain balisé. Si le Black Mélodique de Sgah’Gahsowáh ne sort pas à proprement parler des sentiers battus et surprend finalement assez peu dès lors qu’il est dénué de ses touches ethniques, il n’en reste pas moins diablement bien exécuté : les lignes des guitares sont inspirées pour ne pas dire classieuses, et vont chercher des harmonies simples, mais bougrement efficaces, portées par une production au-delà de tout soupçon. Si l’on met tous ces éléments bout-à-bout, incluant une dimension Heavy assez marquée, on est en présence d’un disque qui peut se montrer réellement enivrant et sait ménager ses moments de calme et de tempête avec justesse, malgré une durée légèrement excessive sur les bords (1h06).

Je pressens néanmoins une décision toute aussi partagée de la part de la rédaction sur ce volet (j’entends d’avance Storm grommeler quelques jurons depuis le fond de la classe), tant il creuse plus franchement le sillon grossièrement tracé à la hâte avec "I", une poignée de mois seulement auparavant.

Note réelle : 3,5/5.