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David Lee ROTH - A Little Ain't Enough (1991)
Par DARK BEAGLE le 27 Juillet 2023          Consultée 1204 fois

La carrière solo de David Lee Roth prend une drôle de tournure quand Billy Sheehan puis Steve Vai s’en vont. Le premier va former MR. BIG en compagnie de Paul Gilbert, Eric Martin et du regretté Pat Torpey tandis que le second va faire les beaux jours de WHITESNAKE et surtout renouer avec sa carrière solo ("Passion And Warfare" reste un disque absolument génial, même pour un non guitariste). Ainsi amputé de deux forces vives, le chanteur va à la fois parer au plus pressé en recrutant Matt Bissonette, frère de Gregg, à la basse et prendre son temps pour s’entourer d’une fine équipe. Seulement, il va peut-être avoir les yeux plus gros que le ventre et les rangs vont se retrouver considérablement engraissés.

Son coup de génie, c’est de faire appel à Jason Becker qui est alors un guitariste en devenir. À tout juste vingt ans, il est élu comme étant le meilleur nouveau guitariste par Guitar Magazine. Les comparaisons avec Malmsteen ne plairont pas à se dernier, qui fera tout pour éviter de rencontrer Becker alors que le jeune homme le souhaitait vraiment. Après, des détails nourrissent la légende noire du Suédois et vu son caractère bien trempé et entier, il est fort à parier que la plupart sont vrais. Cependant, Jason se retrouvera très peu impliqué dans l’écriture de "A Little Ain’t Enough" ce qui est très certainement la première erreur magistrale de DLR concernant cet opus.

En effet, plutôt que de ne compter que sur Becker, Mr Showman va l’utiliser principalement pour les parties lead, la guitare rythmique étant tenue par Steve Hunter, un vieux briscard qui a beaucoup joué avec Alice Cooper et qui a fait le mercenaire sur les tournées de divers groupes et artistes (Lou Reed, Peter Gabriel, MEAT LOAF…) tout en menant une carrière solo honorable. Il va également grandement contribuer à la composition de ce disque (cinq morceaux sur onze). Seulement voilà, il ne va pas s’approprier le style David Lee Roth, ni même VAN HALEN, il va plutôt se tourner au niveau de l'inspiration vers quelques dinosaures comme LED ZEPPELIN ou AEROSMITH.

Si l’on ajoute à cela que DLR va également faire appel à quelques compositeurs extérieurs (Robbie Nevil, un chanteur Pop assez insignifiant, qui n’a pas vraiment fait carrière), dont un certain Craig Goldy qui va faire de "Lady Luck" un morceau de DIO dans le style, mais chanté par Roth. Cherchez l’erreur. Les frères Bissonette et Brett Tuggle (claviers) ne parviennent pas non plus à réellement capter ce qui avait fait que les deux premiers essais du blondinet chanteur avaient été marquants, chacun à leur façon. Il manque clairement l’ingéniosité, le grain de folie de Steve Vai, qui manque cruellement à l’appel.

Cela n’empêche en rien le disque de bénéficier d’une grosse production. Il faut dire que c’est Bob Rock qui est derrière les manettes, le même Bob qui avait fait les beaux jours de The CULT et de MÖTLEY CRÜE, mais qui façonnera un nouveau son pour METALLICA la même année. Alors oui, il s’est clairement plus donné avec une formation qu’avec l’autre, mais il parvient toutefois à faire ressortir une certaine forme de puissance. Il convient de préciser qu’ici, les claviers sont bien plus en retrait par rapport à "Skyscraper" et que DLR opère un retour vers quelque chose de plus roots, plus Rock’N’Roll, à défaut d’être réellement inspiré.

Bien entendu, nous n’allons pas cracher sur le morceau d’ouverture, où l’on reconnaît la gouaille du chanteur, entre arrogance et envie de déconnade, ponctué par un très bon solo et il est difficile de faire la fine bouche devant "Tell The Truth" qui est une espèce de Rock Bluesy sur lequel Roth fait un effort particulier pour bien chanter (ce mec est plus instinctif qu’autre chose et il compense certains déficits avec un charisme hors norme, encore à cette époque. Laissez passer un peu de temps, il est à ce moment à la frontière du Hasbeenland). Cela n’empêche pas l’album, sans être poussif, de manquer de personnalité. Et c’est là que l’on revient à Jason Becker.

Durant l’enregistrement de "A Little Ain’t Enough", le jeune guitariste a commencé à connaître des difficultés au niveau de son jeu. Il ne parvenait pas à évoluer avec sa dextérité habituelle, ce qui l’incita à consulter un médecin au plus vite. La mauvaise nouvelle va tomber tel un couperet : Jason souffre de sclérose latérale amyotrophique, que l’on connaît également sous les noms de maladie de Charcot dans nos contrées, ou maladie de Lou Gehrig aux USA. Le jeune homme ne va pas se laisser abattre pour autant et il va tout donner pour enregistrer l’album tout en composant deux titres. Malheureusement, son état ne lui permettra pas de tourner pour promouvoir ce disque…

Et quand on écoute "It’s Showtime!" et "Drop In The Bucket", nous pouvons nous poser de nombreuses questions, dont la plus évidente est « pourquoi diable DLR n’a pas laissé plus de latitude au jeune guitariste pour qu’il puisse se donner pleinement dans l’écriture ? » Ces deux morceaux, placés en fin de disque, en sont les meilleurs. Là, nous retrouvons une ingéniosité d’écriture, ce côté larger than life qui caractérise beaucoup Roth ou encore une façon d’utiliser la guitare qui n’est pas sans rappeler certains travaux d’Eddie Van Halen ou de Steve Vai. Ces deux titres contiennent l’essence même de ce que l’on attend de David Lee Roth. Et si le chemin pour y parvenir n’est pas dégueulasse, il est bien trop long.

Quand on se penche sur la carrière de DLR, période VH comprise (ok, je viens de me relire, on dirait un texte médical avec ces abréviations), nous remarquons que de nombreux LP n’excèdent pas les 35 minutes, qui sont amplement suffisantes pour que le chanteur nous en mette plein les oreilles. "Skyscraper" se perdait déjà un peu dans la durée, étiolant son efficacité avec des morceaux qui avaient tout de fillers. "A Little Ain’t Enough" souffre donc également du syndrome des années 90, celui de la standardisation du CD et de l’avènement des albums qui duraient entre une heure et 75 minutes, ce qui est souvent trop, bien trop long. Et c’est ce qui arrive là, l’efficacité du disque s’étiole à mesure que le temps passe, jusqu’aux deux bourrasques finales qui auraient mérité de se trouver en ouverture.

David Lee Roth peut bien prêter ses traits au diable et se gausser sur la jaquette de l’album, "A Little Ain’t Enough" marque clairement le pas et va marquer le début du déclin du chanteur quand, ironie cruelle du calendrier, VAN HALEN allait atteindre des sommets avec "F.U.C.K.". Il est également le symbole d’une union ratée et qui aurait pu porter de forts jolis fruits. Il représente aussi les capacités de Jason Becker de sortir du moule dans lequel nous l’avions trop facilement placé, lui qui nous balance des compos Hard Rock à la fois léchées et folles qui prouvent qu’il avait compris à 100% ce que l’on attendait de lui ici. Otez vingt bonnes minutes, mettez plus de fougue et d’envie dans les compos et l’histoire aurait pu être complètement différente. Malheureusement, il reste ce disque, qui ne remplit pas toutes ses promesses. Le début de la fin pour DLR en solo.

Note réelle : 2,5/5.

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   DARK BEAGLE

 
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- David Lee Roth (chant)
- Jason Becker (guitare)
- Steve Hunter (guitare)
- Matt Bissonette (basse)
- Greg Bissonette (batterie)
- Brett Tuggle (claviers)


1. A Lil' Ain't Enough
2. Shoot It
3. Lady Luck
4. Hammerhead Shark
5. Tell The Truth
6. Baby's On Fire
7. 40 Below
8. Sensible Shoes
9. Last Call
10. The Dogtown Shuffle
11. It's Showtime !
12. Drop In The Bucket



             



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