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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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2023 Rökflöte
 

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1984 Under Wraps
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- Style : Camel, Emerson, Lake & Palmer, Genesis, King Crimson, Pink Floyd, Rush, Yes

JETHRO TULL - Rökflöte (2023)
Par DARK BEAGLE le 15 Août 2023          Consultée 1543 fois

Il est étonnant de voir JETHRO TULL revenir aussi vite aux affaires, moins d’un an et demi après un "Zealot Gene" très imparfait bien que loin d'être inintéressant, mais qui marquait le retour de la légende sur le devant de la scène. Pourtant, "RökFlöte" est là, avec sa pochette simple, reprenant la silhouette du flûtiste qui fait la grue façon le Saint. Cela ne trahit pas une ambition démesurée mais le titre laisse présager un disque où la flûte si chère à Ian Anderson va se tailler la part du lion. Il ne faut pas de longues écoutes pour se rendre compte que c’est le cas, mais avec toutefois quelques petits détails qui ont leur importance.

L’aspect graphique étant évoqué, passons à la thématique de l’album. Comme Anderson l’a évoqué, l’idée à la base était de créer un concept autour des civilisations nordiques et comment elles ont réagi à l’arrivée du christianisme, comme une extension à "The Zealot Gene" pour ce point précis. Nous sortons donc du cliché mythologique de base où Thor est un agent du Ragnarök, en conflit avec son demi-frère Loki et où l’intervention des Avengers ne sert pas à grand-chose au final (Marvel, Chapitre 76, verset 15). Non, Anderson va s’intéresser aux peuples avant toute chose et avait imaginé "RökFlöte" comme un opus instrumental.

Là encore, une écoute succincte permet de se rendre compte que ce n’est absolument pas le cas, puisque le père Ian pousse la chansonnette sur chaque morceau. Il s’avère qu’Anderson est passionné par le sujet et que son attrait pour la narration d’histoire prenait absolument corps au milieu de ce concept puisque la majeure partie de l’histoire des Nordiques reposait sur une tradition orale portée par les scaldes. Alors forcément, gommer l’un des attraits de JETHRO TULL parmi les plus pertinents quant à ce que le groupe développe ici aurait été pour le moins incongru.

"RökFlöte" va montrer une certaine évolution par rapport à son grand frère. La guitare électrique se veut bien plus présente, Anderson va profiter pleinement du talent de Joe Parrish-James pour développer sa musique. Évidemment, la flûte est très présente. Elle ouvre tous les morceaux, elle en termine la plupart, elle s’invite en leurs cœurs, elle s’installe confortablement et crée une espèce de cocon douillet pour l’auditeur. Nous remarquons toutefois qu’elle est parfois pensée comme des riffs, avec des mélodies qui peuvent facilement être reprises ou adaptées à la guitare ("Wolf Unchained", "The Navigators"). Le tout prend des couleurs plus Hard Rock, l’instrumental se veut donc parfois plus agressif, plus dur.

Ian Anderson, quant à lui, ne pousse pas trop sa voix, il semble y aller à l’économie. Il n’a plus le panache de ses jeunes années, cela nous le savons depuis un sacré bout de temps, alors il s’adapte, il se la joue tranquille. Il n’est pas difficile de l’imaginer dans un pub, près de la cheminée, en train de raconter des histoires à qui veut bien l’écouter et surtout, lui offrir une petite bière pour se rafraîchir le gosier. Cela manque évidemment de folie et d’extravagance, c’est trop sage forcément, mais peut-on réellement reprocher à un homme de soixante seize ans de ne plus reproduire ce qu’il faisait vocalement à vingt-cinq ans ?

Alors oui, vocalement, cela manque de souffle, mais Ian Anderson reste un très bon conteur et il nous balade malgré tout au milieu des fjords ou en pleine mer, en compagnie de gars rudes qui nous paraissent tout de suite plus sympathiques. Mais le maître d’œuvre va s’écarter du micro sur certaines parties de "Voluspo" et de "Ithavoll" – respectivement les morceaux d’introduction et de clôture de "RökFlöte" – pour le confier à Unnur Birna Björnsdóttir, une jeune femme d’origine islandaise comme son nom l’indique, afin d’apporter une ambiance plus shamanique. Elle possède une voix dure, les mots deviennent rocailleux dans sa bouche et elle dégage un charisme fou qui donne envie de se plonger plus en avant dans cet album, dans l’espoir de la croiser à nouveau.

Si Florian Opahle ne semble plus faire partie de l’équipée, son absence ne se remarque pas : Ian Anderson a tout composé et l’ensemble porte sa marque. Musicalement, nous sommes sur du très bon JETHRO TULL, mais pas forcément du grand JT car le tout sonne de façon un peu convenue. Ce n’est pas avec ce genre de riffs et de mélodies qu’Anderson va nous surprendre, il en a déjà pondu de nombreux dans le même genre et l’effet de surprise n’est pas des plus affriolants ici. En revanche, on peut se délecter de véritables pièces où le Hard Rock est bien présent, avec ce qu’il faut de mordant pour maintenir notre intérêt.

Mais les passages Folk sont toujours présents également, menés par la flûte, mais ouverts à des joutes avec d’autres instruments. L’un des exemples les plus probants reste "The Feathered Consort", pièce assez délicate qui propose un très joli solo partagé. De fait, de courtes ballades ponctuent l’album, à l’image de "The Perfect One" qui apporte son lot de douceur et où le style vocal de Ian Anderson fait merveille, tout en délicatesse, ne cherchant pas la démonstration qui serait ici absurde.

En revanche, je le soupçonne fortement d’avoir imité le loup en introduction et en conclusion de "Wolf Unchained" et là, je dois bien avouer que c’est extrêmement pataud. S’il s’agit d’un enregistrement capté dans la nature, la pauvre bête fait de la peine. S’il s’agit d’Anderson, quelqu’un devrait peut-être lui dire d’arrêter ses conneries tant malheureusement le loup ne paraît pas crédible un instant. Il y avait certainement mieux à faire, surtout qu’il s’agit d’un des morceaux parmi ceux qui dépotent le plus et ça casse un peu l’intensité dont pouvait se targuer le titre.

Globalement, "RökFlöte" est plutôt satisfaisant. Le disque se tient, il est logique dans sa construction, il n’est pas désagréable à écouter même si les nostalgiques trouveront à redire quant aux capacités vocales de Ian Anderson. Si JETHRO TULL n’effectue pas un comeback de fou furieux, il a le mérite de rester stable dans ce qu’il propose et de ne pas se complaire dans une médiocrité attendue au nom de la nostalgie évoquée un peu plus haut. Et, hasard du calendrier, cet album sort quasiment en même temps que le dernier YES, ce qui n’arrange pas les affaires de Steve Howe…

Note réelle : 3,5/5.

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   DARK BEAGLE

 
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- Ian Anderson (chant, flûte)
- Joe Parrish-james (guitare, mandoline)
- David Goodier (basse)
- Scott Hammond (batterie)
- John O'hara (claviers)
- Unnur Birna Björnsdóttir (chant - invitée)


1. Volupso
2. Ginnungagap
3. Allfather
4. The Feathered Consort
5. Hammer On Hammer
6. Wolf Unchained
7. The Perfect One
8. Trickster (and The Mistletoe)
9. Cornucopia
10. The Navigators
11. Guardian's Watch
12. Ithavoll



             



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